Le désamour entre un homme adulé et accueilli il y a si peu comme un messie et qui aujourd’hui est voué aux gémonies et aux sarcasmes, voire à la haine et au mépris qu’aucun responsable de son rang n’a jamais connus. Ces mots sont d’une tribune publiée par un homme, pas n’importe qui, mais un ancien ministre Me Abdoulaye Gaba Tapo, qui fait le constat d’un échec sans appel du mandat présidentiel en cours et qui aurait peu de chance d’être renouvelé. Pire il court le risque d’être écourté par les effets de l’énorme déception de tout un peuple qui, dans sa grande majorité a cru en un homme dont on pensait qu’il allait nous sortir vite de cet inextricable pétrin.
« Exit les lampions de la CEN, qui dans deux ou trois jours, retournera aux oubliettes comme le non-événement qu’elle fut, une grande messe dans un champ de ruines. Dur retour donc à notre cruelle réalité, un pays qui se meurt en proie au doute et aux plus grandes peurs et frayeurs de sa difficile existence ».
C’est le coup de menton de l’ancien ministre de la justice, Garde des Sceaux, homme politique averti doublé d’écrivain, Me Abdoulaye Garba Tapo. C’est tout juste la réaction d’un citoyen malien déçu, qui avait placé très haut l’espoir et qui découvre qu’il a manqué cette attente commune des Maliens, après un vote ‘’plébiscite’’ pour hisser le label IBK. Erreur sur la marchandise ou retard de la livraison ? C’est une « Enorme déception », selon Me Abdoulaye Garba Tapo, jadis professeur de droit civil à l’ENA, ancien ministre de la justice, Garde des Sceaux, qui s’est exprimé en publiant une tribune dans le bi-hebdo ‘’L’AUBE’’ n°882 du jeudi 6 avril 2017.
La tribune fait le constat de l’échec sans appel d’un mandat présidentiel commencé le 4 Septembre 2013, qui a peu de chance d’être renouvelé et qui, faut il le craindre, court le risque d’être écourté par un élan de révolte du peuple malien, lit-on entre les lignes.
La CEN (conférence d’Entente nationale) arrivée comme UN TRAIN EN RETARD, n’a pas amené l’objet du voyage, à savoir la charte, qui est finalement annoncée pour plus tard encore.
Selon certains commentateurs, cette fausse note était prévisible, car le TRAIN affrété par le Président de la République ne pouvait contenir une CHARTE DU MALI dont certaines régions ne connaissent pas le train, mais le bateau ou d’autres moyens de transport (à dos de chameau ou d’âne). Cette allusion faite au train n’était donc ni approprié ni un discours rassembleur du point de vue des Maliens de Sikasso, Gao, Tombouctou, Kidal etc.
Faute d’exhiber la charte prévue et attendue, la Conférence d’entente nationale a été pas plus qu’un rendez-vous manqué. On retient qu’il n’en ressort pas une prescription efficace contre la mal gouvernance, le terrorisme islamiste, l’inégalité raciste, qu’on peut citer parmi les causes profondes de la crise du nord du Mali et des pays du Sahel en général, le Mali étant sans doute le ventre mou. Il n’en ressort aucun remède aux maux dont souffre notre pays, avec sa pauvreté rampante ; le panier de la ménagère n’a jamais été aussi désespérément vide ou très peu garnis.
L’insécurité bouleversante, qui était presque circonscrite à la partie septentrionale en 2013, trouve aujourd’hui en le centre du pays aussi, un terreau fertile. Depuis la visite apocalyptique du Premier ministre Moussa Mara à Kidal, le 17 mai 2014 et le cessez-le-feu du 23 mai, entre le Mali et les groupes armés irrédentistes contrôlant Kidal, l’incertitude n’a jamais été aussi présente et aussi pesante chez les Maliens. Elle n’est pas au seul niveau individuel, mais plane sur l’existence de notre pays le MALI, dans ses dimensions historiques multiséculaires, culturelle, cultuelle, multiraciale. C’est autrement dit une menace qui frappe notre pays dans son intégrité physique, géographique.
Me Abdoulaye Garba Tapo nous décrit dans sa tribune, la « triste réalité », schématisée par « la Grosse fatigue », qui est le titre d’un film français de 1994 réalisé par le comique Michel Blanc, explique le Professeur. Il le compare par transposition à la situation actuelle vécue par les Maliens face au président élu et en cours de mandat. Ainsi écrit Me Abdoulaye Garba Tapo : « Cette grosse fatigue vous ramènera à une triste réalité, ce désamour entre un homme adulé et accueilli il y a si peu comme un messie et qui aujourd’hui est voué aux gémonies et aux sarcasmes, voire à la haine et au mépris qu’aucun responsable de son rang n’a jamais connus. Grosse Fatigue, est le titre d’un film français de 1994 réalisé par le comique Michel Blanc.
C’est l’histoire d’un acteur pour qui la célébrité allait se transformer en cauchemar tout à coup sans qu’il puisse comprendre les raisons du brusque désamour et désaffection de ses admirateurs. A chaque apparition, à la place des demandes d’autographes et des applaudissements de circonstance, il reçoit des gifles et coups de griffes et insultes de toutes sortes ».
Selon lui, « ce phénomène se traduit par une sorte de ras-le-bol épidermique qu’il arrive à tout un ensemble de personnes d’éprouver, une colère et une hostilité viscérales contre une personne sans parfois qu’on en sache les raisons profondes, sauf que dans notre cas, on peut penser à l’énorme déception de tout un peuple qui, dans sa grande majorité, y compris votre serviteur, ont cru en un homme dont on pensait qu’il allait nous sortir vite de cet inextricable pétrin. Souvent, nous disons cruellement d’une personne que nous en avons assez, nous ne voulons même plus la voir.
Et ce sentiment est tellement contagieux ». L’auteur de la tribune trouve la situation assez débordante au point de prier tout un chacun « de retenir sa colère et de se livrer à des prières pour que, durant le peu de temps qui reste de ce mandat, notre homme puisse se ressaisir et retrouver toutes les vertus dont nous l’avons paré ». Notez bien parure de vertus par opposition à qualité inhérente.