Comme dans une mare agitée par le souffle des génies hydriques, où les nénuphars flottent au gré des oscillations, les acteurs de la Conférence d’Entente Nationale à sens unique se sont donnés rendez-vous au Palais de la Culture de Bamako dans une ambiance de grande tombola politique.
Qui dit mieux en matière de joutes oratoires lénifiantes, d’apparats ostentatoires et autres artifices qui viennent pomper un décor haut en couleurs, en odeurs parfumées, offrant un spectacle séduisant où rien ne manque pour amuser la galerie, histoire d’occuper pendant quelques jours les esprits et de détourner les citoyens de la crise économique. Est-ce les prémices d’une supercherie politique superfétatoire à travers laquelle on allume les lampions du cirque des « sauveurs » de la Nation menacée par le complot des boycotteurs invétérés qui refusent de s’engouffrer dans une aventure jugée apocalyptique ?
Ou encore un défi pour ceux qui pensent que le dialogue n’est pas synonyme d’un jeu de ping-pong entre des adversaires, qui, à défaut de se livrer un duel sans arbitre ont aussi le choix de prendre le chemin de deux droites parallèles dont on dit qu’elles ne se rencontrent jamais …même dans un Tsunami !
L’Opposition démocratique peut s’opposer donc tant qu’elle en a les moyens et les forces. Alors que la Majorité est libre de décider du sort des maliens qu’ils soient d’accord ou non d’accord. Car le temps où le peuple doit décider n’est pas encore arrivé. La démocratie étant ce qu’elle est dans notre pays, elle fournira toujours un processus inachevé. Une conférence nationale sans les pôles en contradiction, sans les protagonistes en conflit remontant à l’aube des « désaccords » d’Alger donnerait-il les résultats inclusifs reflétant la diversité des opinions représentatives de la scène nationale ?
Peu importera, au final, ce que ces différentes espèces politiques d’un même habillage posera sur une balance inclinée en signe de victoire interne remportée par les héros du grand cirque unis pour infliger une leçon à des adversaires absents du champ de bataille. S’en délecteront-ils à cœur joie ou, au contraire supporteront-ils les conséquences pour l’avenir politique proche où les incertitudes sur l’alternance politique apaisée sont de mise.
Il est clair que les enjeux de la Conférence d’entente nationale selon le format de première main sont à mille lieux de ceux qui étaient en cours au Palais de la Culture Amadou Hampaté Bah. Le boycott de l’opposition ayant torpillé l’ambiance, la suite des travaux a enchanté peu l’opinion nationale et internationale restée sur sa faim. À qui profite ce forcing et jusqu’où ira-t-il ?
L’image d’un Président ovationné par une salle serait encore plus sympathique quand la partie absente était de la messe à temps. Après plusieurs longs mois de concertations entre les acteurs de la scène nationale sur les préparations d’un rendez-vous décisif pour la paix et la démocratie en mal de maturité, les détails ont fini par l’emporter sur les questions de fonds. L’orgueil et le complexe de céder sa position a eu raison sur l’intérêt général.
La passivité voire la complicité du Président dont l’influence sur sa Majorité pourrait lever le dernier obstacle à la tenue du dialogue inclusif avec l’opposition en acceptant une condition minime, est porteuse de doutes et d’amalgames sur les motivations profondes à mettre « Out » des interlocuteurs de taille. Consacrant ainsi l’inflammation de l’abcès. Un scénario sans surprise concocté par les acteurs en conclave changerait-il quelque chose sur le cours des événements d’une démocratie sous sparadraps ? En tout cas, rien n’est encore sûr.