Si l’intervention militaire française, en janvier dernier, a permis de soustraire le Mali des griffes des groupes terroristes et d’opérer une décantation sécuritaire dans la région de l’Azawad, il reste qu’au plan politique, le pays est encore confronté à un avenir incertain.
Cette incertitude est accentuée par le peu d’empressement manifesté par le pouvoir intérimaire actuellement en place à Bamako à fixer une deadline à la période de transition et à initier un dialogue avec les représentants des populations du Nord. Pourtant, tout le monde s’accorde à dire que ce n’est que par le bais d’élections démocratiques, et donc par l’installation d’un pouvoir légitime, que peut être trouvée une solution à la crise que vit le Mali depuis plus d’une année.C’est, probablement, dans l’optique de rappeler ces «petites» évidences au président Dioncounda Traoré ainsi qu’à son Premier ministre
Diango Cissoko que le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a exhorté hier le Mali, depuis Ouagadougou où il était en visite, à organiser comme prévu une élection présidentielle en juillet. «Il faut que les élections se tiennent dans le mois de juillet, du moins les élections présidentielles», a-t-il déclaré à l’issue d’un entretien avec le président burkinabé, Blaise Compaoré, médiateur régional dans la crise malienne. Pas question donc, pour Dioncounda Traoré et Diango Cissoko de chercher à maintenir le statu quo afin éventuellement de se rester au pouvoir, ainsi d’ailleurs que certains acteurs politiques à Bamako le soupçonnent de vouloir faire.
Les Touareg mécontents
La France qui commence à compter ses morts dans les montagnes ingrates des Ifoghas ne semble également pas avoir apprécié le fait que le président Traoré n’ait pas initié de dialogue avec les populations du Nord. Le constat a d’ailleurs contraint aussi Jean-Yves Le Drian, a rappeler à l’ordre les autorités maliennes et à leur demander d’installer la Commission dialogue et réconciliation officiellement créée cette semaine. «Il faut parallèlement que la réconciliation et le dialogue aient lieu (…). C’est de la responsabilité et de l’initiative du gouvernement malien. L’initiative a été prise mercredi avec la création d’une Commission dialogue et réconciliation (CDR), il faut maintenant qu’elle se mette en place», a insisté le responsable français. Selon lui, «c’est dans ce cadre-là que la réconciliation et l’unité du Mali devront se mettre en œuvre».
S’il apparaît évident, à travers la déclaration de M. Le Drian, que la France cherche à se désengager le plus tôt possible du Sahel afin bien évidemment d’en sortir la tête haute, de nombreux spécialistes de la région pensent néanmoins que ce serait une erreur de sa part de partir avant que le Mali n’ait trouvé des solutions durables à ses problèmes politiques. Déjà sceptiques concernant la capacité de Bamako à organiser des élections générales au mois de juillet prochain comme l’exige Paris, ces mêmes spécialistes se montrent également convaincus qu’un règlement de la crise doit passer nécessairement par la recherche par Bamako d’un compromis politique avec notamment la communauté touareg, qui s’estime marginalisée depuis des décennies par l’Etat malien.
Du point de vue des leaders du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), les choses n’évoluent pas pour le moment dans la bonne direction. Cela surtout, disent-ils, depuis que la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) a décidé de considérer le désarmement des Touareg comme un préalable à leur participation à un quelconque processus de négociation. Bref, le problème malien reste encore entier. Donc gare aux fausses solutions !