PARIS, Le ministre de l'Intérieur Manuel Valls a déclaré dimanche sur BFMTV qu'une "poignée" de "Français ou résidents en France" se trouvaient actuellement au Mali au côté des jihadistes, alors qu'ils sont "plusieurs dizaines" en Syrie.
"Il y a une poignée sans doute aujourd'hui de Français ou de résidents en France qui se trouvent au Mali. On ne peut pas parler de filière", a déclaré le ministre.
"Mais nous le savons, il y a des réseaux, des groupes, il peut y avoir des filières quand il s'agit d'acheminer des apprentis jihadistes, hier en Afghanistan ou au Pakistan, aujourd'hui ils sont plusieurs dizaines en Syrie, mais aussi pour une poignée d'entre eux en Somalie, au Yémen ou au Sahel. Ca reste évidemment préoccupant", a-t-il ajouté.
Pour la Syrie en particulier, "certains d'entre eux peuvent être amenés à rejoindre des groupes proches d'Al-Qaïda. (...) Si la guerre continue ainsi, si une solution n'est pas trouvée pour la Syrie, si Bachar (Al-Assad, le dictateur syrien) ne part pas, alors les groupes terroristes vont davantage prospérer" dans ce pays, a dit M. Valls.
Revenant sur l'opération militaire française au Mali, déclenchée le 11 janvier, il a estimé que "s'il n'y avait pas eu cette intervention, c'est le Mali qui serait aujourd'hui un Etat terroriste, aux portes du Maghreb".
"Cet ennemi intérieur", les extrémistes qui ont occupé la moitié du Mali jusqu'à récemment, "nous le combattons aussi" en France, a-t-il dit.
"Cette question du terrorisme est incontestablement un des défis, pas seulement pour la France mais pour l'Europe, les pays d'Afrique et du Maghreb. N'oublions jamais que les premières victimes du terrorisme aujourd'hui dans le monde, ce sont d'abord les musulmans", a dit M. Valls.
Pour lui, il faut "mieux combattre la menace qui est toujours présente (...), évidemment au Mali par exemple, mais aussi un terrorisme qui est né dans notre pays, qui est né dans nos quartiers".
"Ce n'est pas un organisation centralisée, ce n'est pas un groupe terroriste unique, mais nous savons que les processus de radicalisation, par la prison, par internet, par des contacts, par des déplacements à l'étranger, représentent une réelle menace".
Il y a un an, Mohamed "Merah a tué des soldats français parce qu'ils étaient soldats, il a tué des juifs parce qu'ils étaient juifs. Il y a un antisémitisme qui est né dans ces quartiers populaires. C'est un processus conduisant de jeunes délinquants, de jeunes trafiquants à un islam radical", a affirmé le ministre. Il a dénoncé un antisémitisme "très vivant", qui "veut se
nourrir du conflit au Proche-Orient, qui s'appuie sur une haine à l'égard de la France, de nos valeurs".
"Il y a aujourd'hui une crise d'identité que vivent un certain nombre de ces jeunes, qui peut les conduire au pire", a ajouté le ministre. Mais "la réponse ne peut pas être uniquement policière", a-t-il nuancé, "ça doit être une réponse de toute la société".