Le réseau des jeunes patriotes du nord pour la paix et le développement du Mali s’est manifesté par une déclaration tonitruante, lors de la Conférence d’entente nationale tenue du 27 Mars au 02 Avril dernier. Prévue par l’article 2 de l’Accord pour la paix et la réconciliation au Mali issu du processus d’Alger, la CEN était une tribune pour vider les différends entre Maliens et apporter sa pierre à la nouvelle architecture institutionnelle du Mali. Faut-il rappeler que c’est à la suite d’un coup d’Etat maléfique orchestré pour bouleverser la hiérarchie militaire et la chaine de commandement que la partie nord du Mali a été envahi par le groupe armé MNLA et certains groupes djihadistes.
Malgré le retour à l’ordre constitutionnel, il a fallu l’intervention française in-extrémis pour sauver l’invasion totale du pays. Et depuis, le Mali continue de vivre une crise multidimensionnelle avec comme conséquence l’effritement de la République. Et dont une partie de la solution devrait résider dans la tenue d’une Conférence d’entente avec des recettes idoines et durables à la répétition des conflits et au quiproquo au sujet de l’appellation ‘Azawad’. A l’instar des autres composantes et partie-prenantes de cette conférence, le RJPDM, dans une déclaration véhiculée et transmis à la Commission de paix et au secrétariat général de la CEN, propose ses solutions après une analyse approfondie de la crise.
Organisation pacifique et faitière, apolitique composée de l’ensemble des jeunes du Nord Mali, le RJPDM a été créé en 2012, dans la foulée de l’occupation du septentrion par les groupes armés et djihadistes. Son but est de rassembler l’ensemble des jeunes des différentes communautés pour pérenniser la cohésion sociale, l’unité nationale, la paix durable et le développement au nord.
En réitérant son penchant pour une République un et invisible, riche de sa diversité culturelle et ethnique, l’entité associative a profité de sa présence à la CEN pour rendre grâce au président de la République et à son gouvernement pour les sacrifices et les efforts déployés pour obtenir l’Accord de paix signé en mai 2015 et dont la mise en œuvre constitue un défi à relever pour l’ensemble du peuple malien au regard de la situation sécuritaire.
Les jeunes patriotes signalent cependant que le domaine de la paix et de la sécurité au Mali est une affaire gérée par une couche qui ignore le fondement réel de la crise. C’est ainsi qu’en saluant la mise en place de l’opération G5 pour renforcer les dispositifs sécuritaire au sahel, ils regrettent profondément l’absence de l’Algérie, un pays voisin doté d’une position incomparable au plan géopolitique.
Face à la situation sécuritaire du Mali marquée par des attaques, des assassinats, des enlèvements et des attentats criminels, la coordination nationale du RJPDM propose entre autres l’ouverture d’un dialogue avec les leaders de mouvements non-signataires de l’Accord - notamment Iyad Agaly et Amadou Koufa - l’indemnisation de toutes les victimes (civiles et militaires) des crises du nord depuis 1990, puis l’implication de plus de jeunes et de femmes dans le processus des DDR pour une insertion de ces deux couches dans la vie socioéconomique et professionnelle.
Se disant convaincu que la résolution de la crise ne peut être que militaire – il invite le gouvernement à doter les FAMAs de moyens conséquents tout en soutenant moralement leurs familleq, à dégager les critères d’implication des combattants dans la gestion du MOC et d’engager des campagnes de sensibilisation pour la paix et la sécurité dans les localités du nord.
Le RJPDM exhorte par ailleurs à une implication des leaders communautaires, des jeunes et des femmes dans la gestion du développement et de la sécurité locale en vue de réinstaurer la confiance entre le gouvernement et les leaders des différents mouvements.
A sujet de la problématique cruciale de l’Azawad, les jeunes patriotiques l’entendent comme entité géographique que les populations des zones concernées peuvent utiliser dans le cadre de leur développement communautaire mais pas à des fins de partition du pays.
La situation du Macina n’est pas en reste. En se fondant sur les faits depuis 2013 avec le début de l’Opération Serval jusqu’à la scission du front de libération du Macina en deux clans (l’un rattaché à amadou Koufa et l’autre est resté sur le terrain), les animateurs du RJPDM en déduisent que la situation sécuritaire de la région de Mopti n’est ni ethnique ni religieuse.
Les Famas dans leurs stratégies de lutte contre le terrorisme ont adopté un plan de sécurité qui consistait à travailler avec de jeunes armés qui circulent à moto pour identifier les terroristes et leurs éventuels complices. Une tâche noble malheureusement transformée en créneau criminel contre des populations nomades injustement pris pour des terroristes, estime les leaders de l’association des jeunes patriotes, en dénonçant au passage des actes d’extorsion de bétail. C’est ce qui explique, à leurs yeux, la création de cellules d’autodéfense par des jeunes peulh et défendre leurs biens. De quoi installer une atmosphère de méfiance entre les populations et les Famas.
Face à cette situation préoccupante, le RJPDM milite pour une accélération du processus d’installation des autorités intérimaires dans les localités concernées et d’organiser des élections locales et régionales dans les plus brefs délais afin d’éviter une autre crise politico institutionnelle avant 2018.
Et de proposer par la même occasion la mise en place d’un conseil national de chefferies traditionnelles du Mali (CENACTRA-Mali) dans le cadre de la cohésion sociale ainsi qu’une participation des leaders communautaires qui leur permettent de jouer pleinement leur rôle dans la gestion des crises et conflits. La déclaration suggère aussi de faire preuve de retenue en vue de mieux faire partager les résolutions et les recommandations issues de la Conférence d’entente nationale au nom de la nécessaire sauvegarder la paix, de l’unité nationale et de la cohésion sociale.