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Honorable Aichata Cissé Haidara dite Chatto : « On n’aura jamais la paix tant qu’on va continuer à croire que le nord du Mali va s’appeler Azawad » « Tuer dans l’œuf les tensions intercommunautaires pour éviter le pire… »
Publié le mardi 11 avril 2017  |  L’enquêteur
Cérémonie
© aBamako.com par mouhamar
Cérémonie d`ouverture de la première édition du Festi` Bazin
Bamako, le 04 Septembre 2014 au Palais des sports. Madame le ministre de la culture, Ndiaye Ramatoulaye Diallo a présidé ce jeudi, la cérémonie d` ouverture de la première édition du festival de Bazin (FESTI`BAZIN) qui se tient du 04 au 06 Septembre 2014.Photo: Haidara Aissata CISSE dit Chato, député du parlement malien.
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La Conférence d’Entente Nationale a permis aux Maliens de se pencher sur plusieurs questions cruciales. Mais celles sur lesquelles insiste la députée élue à Bourem, Aichata Cissé Haidara dite Chatto, membre de la Commission défense de l’Assemblée Nationale du Mali, sont celles relatives aux tensions intercommunautaires, le problème lié à l’appellation « Azawad » et la nécessité de négocier avec les islamistes maliens comme Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa qui sévissent dans le nord et le centre du Mali avec des ramifications dans certains pays de l’espace communautaire du G5 Sahel. Quant à la principale question dite de l’appellation Azawad, l’Honorable Chatto est sans ambages : « on n’aura jamais la paix tant qu’on va continuer à croire que le nord du Mali va s’appeler Azawad »

L’Enquêteur : A l’issue des travaux de groupe, quelle appréciation avez-vous faite des rapports de synthèse présentés par les différents panels ?

Honorable Aichata Cissé Haidara : Je pense que ces rapports ont pris largement en compte les préoccupations des populations maliennes. Je précise ‘populations maliennes’, parce que les gens aiment bien souvent dire ‘’populations du nord’’ ou ‘problème du nord’. Le problème du Mali est un problème général. Ce n’est pas un problème des nordistes. On est dans les débats, il y a certainement de petites choses qui vont certainement être modifiées, mais moi, je pense que le plus important et que les gens ont retenu, est qu’aujourd’hui, on a intérêt à être ensemble pour l’ennemi du Mali qu’est le problème de développement. Or, on ne peut pas aller au développement si on n’est pas d’accord entre nous.

Tuer dans l’œuf les tensions intercommunautaires pour éviter le pire…

Ce qui m’a impressionné aussi, c’est que les gens ont tenu compte des problèmes intercommunautaires qui sont en train de surgir en dehors de Kidal. Vous avez suivi que dans les rapports, on a souvent parlé de Kidal. Mais, moi, j’ai demandé la parole pour rectifier en disant que c’est un problème général au Mali, qu’il faut régler pour résoudre définitivement la crise. Parce que c’est plus dangereux pour nous d’avoir des problèmes entre nous que d’avoir des problèmes avec les rebelles et l’Etat. Quand ce sont les populations entre elles, c’est encore plus dangereux. Donc, il faut vraiment et rapidement tuer ces problèmes dans l’œuf pour qu’on ne connaisse pas les problèmes communautaires parce qu’ils peuvent en engendrer d’autres.

Difficile consensus autour de l’appellation « Azawad »

Il y a le problème de l’appellation « Azawad », qui est un vrai problème qui a été posé et dont tous les groupes ont parlé. Mais tous les rapports de groupe sont convenus que quand même l’appellation « Azawad » ne peut pas être utilisée, ne peut pas avoir une connotation politique ou administrative, mais ça peut avoir une connotation géographique. C’est-à-dire que sur le plan géographique, c’est une cuvette qui existe mais on ne peut pas l’ignorer. Mais prendre ça pour l’utiliser politiquement ou l’utiliser dans des termes séparatistes et en considération de tout ce que cela a créé comme problèmes, tout le monde est d’accord que cette appellation ne doit pas se faire.

Egalement, tout le monde s’accorde pour dire que les armes prolifèrent partout au Mali et qu’il faut rapidement faire taire les armes. Et pour faire taire les armes, il faut le désarmement. Il faut donc aller immédiatement aller au désarmement.

« On n’aura jamais la paix tant qu’on va continuer à croire que le nord du Mali va s’appeler Azawad »

La question de l’appellation « Azawad », comme pour ceux d’entre vous qui étaient dans la salle, a été tranchée par la Conférence d’Entente Nationale. Je pense qu’on n’aura jamais la paix tant qu’on va continuer croire que le nord du Mali va s’appeler « Azawad » ! Ça c’est clair. Il y a effectivement eu quelqu’un dans la salle qui a dit que tant que ‘leur Azawad’ n’aurait pas un statut, le Mali ne connaîtrait pas la paix…Mais, je précise que c’est une MI-NO-RI-TE. Nous sommes en démocratie et, en démocratie, c’est la loi (voix) de la majorité qui compte. Toutes les commissions, je dis bien, toutes les commissions ont dit que l’appellation ne peut être utilisée que géographiquement.

Je ne vois donc pas comment 1% ou 2% des Maliens peuvent en décider autrement. Aussi, la question du mot Azawad a été définitivement tranchée et pendant les débats tout le monde s’est accordé pour dire que le mot Azawad doit être banni, qu’il ne peut être utilisé que géographiquement. Ça a été une surprise pour nous d’ailleurs, d’autant que cette déclaration a été aussi celle de la commission « Paix » où j’étais, et qui était dirigée par la CMA. Et cette commission est allée dans le même sens que ce que je viens de dire.

Un clin d’œil aux islamistes maliens…

Dans le rapport du groupe « Unité », il y en a qui ont parlé de discussions et de négociations avec les groupes, entre griffes, ‘’terroristes’’ comme Amadou Koufa et autres. Puisque ce sont des Maliens qui se sont trompés, il faut les ramener à la raison. Je trouve qu’il y a des conclusions très importantes et il a été question de la mise en œuvre de l’accord pour la paix, qui consiste à ce que l’administration rejoigne rapidement les régions du nord dans leur exclusivité et que le drapeau du Mali flotte partout. Idem pour les services sociaux de base que tout le monde réclame partout au nord du pays. Tout le monde a parlé librement et je pense que c’est un début de solutions aux problèmes du Mali.

Propos recueillis par Aly Enéba Guindo
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