C’est un jeudi 9 mars 2017 que la grève des agents de la santé a commencé. Depuis trois semaines, les morts se succèdent. Le peuple crie au secours mais son cri est trop court car les organes censés lui venir en aide sont corrompus jusqu’à la moelle : l’UNTM et le CNSC.
"Honte à qui peut chanter pendant que Rome brule, s’il n’a l’âme, et la lyre et les yeux de Néron". Cette maxime d’Alphonse de Lamartine tiré de Nemenis en 21e siècle sied bien aux comportements malsains de deux figures emblématiques de la démocratie malienne. L’UNTM, cette centrale syndicale dirigée autrefois par des hommes de poigne, soucieux du devenir des Maliens est devenue un véritable foutoir sous l’ère Katilé. Et ce n’est pas le Malien lambda qui dira le contraire. Lui qui assiste amèrement à la grève des agents de santé. L’on ne se lassera de le rappeler : l’actuel manager de l’UNTM est loin de jouer son rôle dans la résolution des difficultés qui opposent l’Etat malien aux syndicats de la santé (SNS-AS-PF et Fesysam).
Ce n’est pas nouveau, nous avions dans un passé récent évoqué dans nos lignes que notre puissant secrétaire général de l’UNTM n’a d’yeux que pour ses multiples voyages qu’il entreprend au nom de la centrale syndicale. Et pourtant ce ne sont pas des revendications qui manquent au pays mais les syndicalistes ayant compris que leurs doléances sont loin d’être satisfaites avec l’implication ont sûrement décidé de procéder à la grève sectorielle.
Au Mali, de plus en plus, les grèves générales ont donné place à des grèves sectorielles. Un des anciens syndicalistes explique cet état de fait par l’incompétence du nouveau patron de l’UNTM à mener à terme la lutte syndicale. Yacouba Katilé, puisque c’est de lui qu’il s’agit est, de l’avis de ce vieux l’un des piètres secrétaires généraux que l’UNTM a connus depuis la création de cette centrale syndicale.
Le premier péché de l’UNTM
Lors de la grève de quelques jours que les grévistes ont observés, ils avaient été approchés par l’UNTM pour surseoir à la grève et qu’elle (UNTM) allait entreprendre des démarches pour une sortie de crise. Que nenni ! Après les 5 jours, rien n’est sorti, la centrale n’est pas arrivée à faire une proposition concrète. Nul n’est arrivé à connaitre si elle a rencontré les autorités compétentes et ce qui est sortie de cette rencontre après trois mois de trêve observée par le syndicat de la santé.
Aujourd’hui, l’UNTM est en train de briller par son silence, car au finish elle ne peut rien dire. Sinon, comment le Ségal de la centrale, vu ses rapports avec le président de la République ne peut pas obtenir une issue favorable à cette crise qui n’a que trop durée.
Katilé ne peut pas hausser la voix tout simplement que cela mettra en branle sa relation avec le président de la République. L’actuel patron de l’UNTM a juste oublié que la roue de l’histoire tourne. Début 2015, lors de la 14e session ordinaire de l’UNTM, l’homme tapait sur la table pour dire que "tant qu’il s’agira de défendre les travailleurs, nous serons des diables, chaque fois que l’histoire vivante du Mali nous interpelle, nous serons des diables pour refuser les interférences intolérables dans le syndicalisme à travers la violation fragrante de la liberté et du droit syndical". L’on se demande s’il n’a pas perdu sa langue ou s’il se rappelle encore de ses dires.
Quid de la "société civile" ?
Un autre grand absent dans cette grève des agents de santé est le Conseil national de la société civile. Elle est inféodée aujourd’hui au régime en place, une connivence pour tuer la contestation politique. Insensible aux douleurs des populations, cette société civile n’est pas arrivée à trouver une solution à l’épineuse question des agents de la santé.
La société civile n’a jamais été présente lorsque des augmentations ont été faites. Le cas le plus récent est l’augmentation faite sur les bouteilles de Bramali. S’il s’agit de participer à des séminaires ou ateliers de renforcement de capacité, ou de faire des propositions, elle est championne, car elle sait que ce sont des rencontres de ventre qui sont sanctionnées par des perdiems.
La société civile malienne ignore tout simplement l’apport qu’elle peut apporter dans la résolution d’une crise. C’est évident, la société civile malienne est différente de celle des pays voisins comme la Côte d’Ivoire, le Tchad et le Burkina. Ces dernières ont toutes joué leur rôle dans la résolution des crises nationales.
Bref, le Mali a hérité d’une société civile plutôt galvanisée à avoir des sous que de s’occuper du problème des Maliens. Le CNSC est juste devenu un gagne-pain.