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Moussa MARA : FRONT SOCIAL « Prévenir vaut mieux que guérir »
Publié le mercredi 12 avril 2017  |  rpmedia
Urbanisme:
© aBamako.com par mouhamar
Urbanisme: Moussa Mara rencontre la population de Daoudabougou
Bamako, le 30 décembre 2013 au centre d`Etat Civil. Moussa Mara, Ministre de l’Urbanisme et de la Politique de la ville a rencontré la population de Daoudabougou, Commune V du district de Bamako, pour s`enquérir de leurs problèmes quotidiens.
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Rarement dans l’histoire de notre pays, les conflits sociaux ont été aussi durs et aussi nombreux.Depuis le début de l’année ce sont ainsi trois grèves illimitées qui ont été déclenchées dans des domaines cruciaux pour tout le pays : la justice, l’enseignement supérieur et surtout la santé. Si les conséquences des deux premières peuvent être gérées, personne ne pourra ressusciter ceux qui perdent la vie du fait de l’insuffisance de soins liée à l’absence de médecins dans nos structures de santé publique. L’arrêt de travail du personnel de santé, sans perspective de reprise, est un véritable coup de poignard dans le cœur de notre tissu social, au dépend encore une fois de ceux qui sont les plus démunis.
La situation sociale très tendue fragilise évidement l’administration et nos Institutions publiques, au moment où nous les souhaitons forts et crédibles.
Elle nous éloigne de l’unité et de la mobilisation de toutes les forces vives pour accompagner l’Etat sur le sentier de la résolution de nos problèmes de sécurité et de réconciliation.
Il nous faut en sortir urgemment mais également poser des actes et adopter des attitudes qui nous en éloigneraient à l’avenir. On le sait tous, mieux vaut toujours prévenir les crises que d’avoir à les gérer ! Cela est particulièrement vrai en matière de santé mais cela demeure tout à fait pertinent dans tous les autres domaines liés à l’activité humaine et à la société.
Il est urgent de résorber les tensions actuelles et de sortir des grèves en cours. Pour ce faire, comme le demandent l’opposition politique et une bonne frange de la société civile joignant leurs voix à celui du Gouvernement, il est important que les syndicats consentent à suspendre leurs mouvements et à instaurer une trêve d’au moins deux semaines pour engager des discussions afin de sortir de l’impasse. Ils peuvent faire cet effort. Deux semaines offrent l’occasion de discuter de manière approfondie et d’adopter des résolutions pertinentes sans être suffisamment long pour entraîner un enlisement tant redouté par les syndicats. C’est ce qui explique qu’ils n’ont pas encore accédé à la demande de ceux qui demandent une trêve de trois mois.
La suspension de la grève ouvre la possibilité de discussions avec l’objectif d’obtenir un accord avant le terme fixé.

Compte tenu de la défiance entre les parties (autorités et syndicats) mais également des tentatives infructueuses engagées dans le cadre des mécanismes classiques de négociation, il est souhaitable d’impliquer une Institution de la République aux côtés du Gouvernement. Les négociations peuvent être mises en œuvre sous l’égide du Conseil économique, social et culturel (CESC), aidé par certains acteurs représentatifs du corps social comme les leaders religieux mais également les acteurs politiques (représentants de la majorité, de l’opposition et des non-alignés). Il est impératif que les discussions consacrent la forte implication de tous les Ministres concernés sous la coordination du Premier ministre pour qu’en une semaine il y ait des accords avec tous les syndicats. Le contexte du changement de Gouvernement est favorable à cette nouvelle impulsion à donner au dialogue social.
Les termes des négociations et des ententes conclues doivent être élargis aux centrales syndicales qui sont à impliquer dans le processus et en être les garants au niveau des partenaires sociaux.

Cela ouvrira la perspective d’identifier les sources de tensions potentielles en provenance d’autres secteurs et de les déminer pour instaurer une paix sociale en ces moments sensibles pour le pays. Il est souhaitable que les autorités profitent de cette occasion pour conclure un pacte sur la période restante du mandat du chef de l’Etat et qui se traduira par une promesse de paix sociale en contrepartie d’engagements de l’Etat. Ce pacte sera conclu entre les partis signataires (États et syndicats).

Il sera cautionné par tous les autres acteurs (CESC, société civile, acteurs politiques) qui garantiraient ainsi la mise en œuvre des engagements qu’il contient. Ce pacte doit faire l’objet de la plus grande vulgarisation afin que le peuple en connaisse le contenu, ce qui accroîtra ses chances de mise en œuvre. Car c’est souvent de la mise en œuvre insuffisante des engagements que germent les conflits sociaux.

L’accord conclu doit être suivi mensuellement avec une communication vers le grand public pour mettre en évidence l’exécution de chacun des points convenus. Cela doit être le cas sur l’ensemble de sa période d’application, jusqu’à la fin du mandat du Président de la République actuel. Cela permettra aux autorités de pacifier le front social et de mobiliser les énergies pour la conduite du processus de paix.

Le prochain mandat présidentiel offrira l’occasion de poursuivre le dialogue dans le cadre du sillon ainsi tracé. Le Gouvernement pourra engager des négociations, selon le même format pour obtenir avec les partenaires sociaux un accord sur la durée du mandat (5 ans) afin de maintenir la paix sociale permettant de poursuivre les autres chantiers en ayant une stabilité sociale indispensable à leur succès.

Les conventions éventuellement conclues sont à publier, à vulgariser et faire l’objet de suivi trimestriel impliquant l’ensemble des acteurs concernés (partis signataires et témoins) et dont les résultats sont également à publier. Dans ce domaine, la transparence rétablira progressivement la confiance avec les partenaires sociaux. Cette confiance facilitera les échanges et discussions, au moment de tensions inévitables, pour établir les compromis nécessaires à la continuité du dispositif. Le Mali se doit de s’engager dans cette voie de dialogue social permanent sur fond d’estime et de confiance entre les partenaires sociaux.

Le gouvernement doit s’organiser pour qu’à l’interne, chaque Ministre ait un cahier des charges spécifiques avec des résultats à atteindre en matière d’application des termes des accords avec des partenaires sociaux. Le respect des engagements vis-à-vis des partenaires sociaux doit figurer en bonne place des objectifs de performance des départements ministériels. Ces objectifs sont à évaluer périodiquement et des suites doivent leur être données. Cela crédibilisera l’action gouvernementale aux yeux des syndicats. Le Gouvernement doit communiquer sur son action quotidienne de respect de ses engagements envers les syndicats.

Le partenariat avec les centrales syndicales prendra ainsi une nouvelle dimension inscrite dans l’anticipation permanente des tensions et dans leur traitement rigoureux pour éviter toutes les sources de conflits. On tendra ainsi vers un dispositif de collaboration avec les partenaires sur le moyen et le long termes, fondé sur des prévisions et faisant l’objet d’ajustements en fonction des résultats économiques et financiers de l’Etat. Par exemple, les performances dans la maîtrise des dépenses peuvent permettre d’améliorer les rémunérations des agents. Il peut être établit que les ajustements annuels des rémunérations tiennent compte aussi de l’augmentation de certaines recettes. Les partenaires conviendraient de discuter de cela chaque année avec l’institutionnalisation d’une période spécifique de négociations pour ajuster les termes des accords en vue de l’année suivante. En dehors de ces périodes de négociation, on limitera les revendications à défaut d’y renoncer totalement.

On se rapprocherait ainsi du modèle du dialogue social allemand, considéré comme l’un des meilleurs au monde, où on n’attend surtout pas les préavis de grève et les tensions pour engager des négociations, celles-ci sont institutionnalisées et des discussions sont régulièrement engagées pour ce faire. Il faut accompagner ce dispositif par des mesures d’accompagnement, l’Etat doit encourager le renforcement des syndicats, leur concentration autour de deux ou trois centrales et ne s’inscrira jamais dans la démarche de la division des partenaires sociaux.

Plus les syndicats sont forts, mieux ils engageront un partenariat crédible avec les pouvoirs publics et abandonneront des attitudes extrémistes qui sont généralement la manifestation d’une certaine faiblesse ! Les autorités pourront encourager ces démarches de dialogue social permanent dans le secteur privé qui est faiblement syndiqué dans notre pays afin d’y instaurer un équilibre et un partenariat stable entre les entreprises et leurs salariés. Cela ouvrira la porte à un assouplissement progressif des règles du travail et à un allègement de l’arsenal législatif au profit d’ententes sectorielles, de branches voire inter- entreprises, plus souples et donc plus efficaces pour la compétitivité et l’économique. L’ère des conflits et des bras de fer pour faire avancer les droits des travailleurs est à jeter aux oubliettes maliennes. Celui du dialogue constructif et permanent, entre partenaires crédibles et respectueux de leurs engagements est à mettre au gout du jour.
Moussa MARA
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