Les défis qui attendent le nouveau Premier ministre

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Publié le mercredi 12 avril 2017 | Le Canard Déchaîné

© aBamako.com par A S
Passation de pouvoirs entre le PM sortant Modibo Keita et le PM entrant, Abdoulaye Idrissa Maïga
Bamako, le 10 janvier 2017. La passation de pouvoirs entre le Premier ministre sortant, Modibo Keitaet le Premier ministre entrant, Abdoulaye Idrissa Maïga a eu lieu ce lundi à la Primature

Samedi 8 avril, dernier, Abdoulaye Idrissa Maïga a succédé à Modibo Keïta. C’est le quatrième Premier ministre du président IBK, après Oumar Tatam Ly (septembre 2013-mars 2014), Moussa Mara (avril 2014-janvier 2015) et Modibo Keïta. Il a été successivement ministre de l’Environnement et de l’Assainissement, ministre de l’Administration territoriale, ministre de la Défense et des Anciens combattants. Dès dimanche dernier, il a commencé des visites de courtoisie et consultations, en vue de la formation du gouvernement. C’est dans ce cadre qu’il a rencontré les partis politiques de la majorité présidentielle et de l’opposition. Sa nomination intervient dans un contexte de crise sociale, marquée par une série de grèves, dont celle de la santé qui dure depuis un mois. Ce qui, selon certains observateurs, a poussé le Premier ministre, Modibo Kéita, à la démission. Autre mouvement de colère : les syndicats des déguerpis accusent les autorités et la Chambre de commerce et d’industrie du Mali (CCIM) de ne pas tenir leur engagement pour le recasement des déguerpis. Ils prévoient d’organiser une assemblée générale pour voir comment pousser les autorités à satisfaire leurs doléances. Les défis sécuritaires, aussi, sont énormes. Dans son discours, devant le conseil de sécurité des Nations unies, le nouveau secrétaire général adjoint aux opérations de maintien de la paix, Jean-Pierre Lacroix, a indiqué : « Sur le front sécuritaire, la situation demeure préoccupante. Les attaques des groupes terroristes continuent et sont de plus en plus sophistiquées…Comme vous le savez, une nouvelle alliance, regroupant les groupes terroristes les plus actifs au Mali s’est créée sous la bannière d’Al Qaeda et la direction d’Iyad ag Ghali (chef d’AnsarEdine). Le groupe Daesh, quant à lui, fait lentement son apparition dans la bande Sahélienne. Cette convergence de menaces est particulièrement préoccupante dans un contexte où souvent, la présence de l’Etat est faible ou parfois inexistante et où la mise en œuvre de l’Accord de paix doit encore se traduire en des résultats tangibles sur le terrain. De plus, le centre du pays demeure le théâtre de vives tensions intercommunautaires. » Signalons que des hommes armés ont attaqué samedi dernier, les positions du Congrès pour la justice dans l’Azawad (CJA), à Gargando, au nord-ouest du Mali. Cinq personnes ont trouvé la mort, dont quatre combattants du CJA. C’est donc dire qu’en termes de défis, le Premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maiga, a du pain sur la planche.
Abdoulaye Idrissa Maiga est ingénieur d’Elevage, diplômé de l’Institut Polytechnique des sciences appliquées de Katibougou (IPR). Il est né le 11 mars 1958 à Gao. Il est désigné, en 1982, chef de l’antenne pastorale du ministère de l’Elevage et de la Pêche, après sa sortie de l’IPR de Katibougou.
En 1998, il est nommé directeur général du projet « Elevage Mali Nord-Est Gao. En 1999, il est coordinateur des projets d’élevage de la région de Mopti puis chef département « Etude et suivi des milieux » à l’Agence pour le bassin du fleuve Niger (ABFN) de 2003 à 2008. Abdoulaye Idrissa Maiga a ensuite occupé le poste de conseiller technique au ministère de l’Elevage et de la Pêche. Il a, ensuite, travaillé comme consultant auprès d’organismes internationaux.
Sur le plan associatif, il a été rapporteur de la Coordination régionale des organisations et associations démocratiques de Gao entre 1991 et 1992 et Secrétaire général adjoint de l’Association malienne des Droits de l’Homme (AMDH) de1990 à 1999. Il est, aussi, le président d’honneur du Centre d’études, de formation et de recherches en développement participatif « Sony Ali Ber ». Dans le domaine politique, Abdoulaye Idrissa Maïga ne connait que le Rassemblement pour le Mali, parti au pouvoir, dont il détient la carte n° 001. Il a été le directeur de campagne d’Ibrahim Boubacar Keïta, lors de la présidentielle 2013. Il est le premier vice-président du RPM. Très discret, affable, cet homme, proche du président de la République, n’est pas considéré comme un baroudeur politique, celui qui mobilise les grandes foules. Il est toutefois crédité d’une grande confiance par son entourage. Il aura la lourde tâche de faire le bon choix, pour la composition du gouvernement, au moment où IBK a plus que besoin d’une majorité de confiance autour de lui. Toutefois, il n’est pas exclu qu’il fasse appel à des technocrates. En effet, selon les medias, le Premier ministre aurait reçu du président IBK l’instruction de former une équipe soudée et plus compétente. Il est détenteur des diplômes de maitrise, DEA et DESS en ingénierie, il est l’auteur d’une trentaine publications techniques. Il a collaboré à la rédaction de l’ouvrage collectif récent « Mali : entre doutes et espoirs » (Editions Tombouctou) sous la direction de l’historien Doulaye Konaté. Abdoulaye Idrissa Maiga est un homme d’une grande courtoisie, qui sait être à l’écoute de ses interlocuteurs, avec patience. Il est, aussi, qualifié d’homme intègre, par certains, qui ajoutent qu’il ne traine pas de casseroles.

B.D.

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