Le quota de 30 % pour les femmes, conformément à la loi 052 du 18 novembre 2015, n’est pas atteint dans le choix des ministres quand bien même le président de la République s’était engagé le 8 mars à donner aux femmes ce que leur revient dans le gouvernement. C’est l’incompréhension et la colère dans les milieux féminins.
“Plaise au ciel que les forces politiques du Mali laissant de côté une fois, la langue de bois, disant vrai, parlant vrai, agissant en vérité en face d’application correcte diligente de la loi 052. Nous nous efforcerons pour notre part d’en tenir compte dans la mise en place du gouvernement à venir”, assurait le président de la République au Palais de la culture le 8 mars lors de la célébration de la Journée internationale de la femme. Il avait été acclamé longuement. Comme annoncé, le président a remercié son Premier ministre, Modibo Kéita, un mois après.
Nommé Premier ministre le 8 avril dernier, Abdoulaye Idrissa Maïga, a dévoilé la liste de son gouvernement le mardi dernier, mais sans tenir compte de la loi 052 encore moins de la promesse publique du président IBK. Sur les 35 membres que compte son équipe, on compte seulement 8 femmes. Un chiffre qui, selon des femmes leaders, porte atteinte à la loi 052 qui prévoit un quota de 30 % aux femmes dans les postes nominatifs et électifs.
“Quand il a fait cette déclaration le 8 mars, nous l’avions applaudi et nous pensions que l’homme qui était devant nous allait faire ce qu’il a dit. Aujourd’hui on se retrouve dans une autre situation avec un goût un peu amer. C’est lui l’arbitre, il a le dernier mot. Il devait se dire au moment de mise en place du gouvernement qu’il avait promis aux femmes du Mali de façon officielle d’appliquer la loi et d’honorer sa parole donnée. Nous ne sommes pas satisfaites avec ce quota de moins 30 %. On est 28 % avec 8 ministres sur 35 au lieu de 11. C’est décevant”, regrette Mme Doumbia Mama Koité, président de la Plateforme des femmes leaders du Mali.
“Il va falloir que le président de la République donne des explications aux femmes. Nous voulons qu’il nous dise les difficultés qu’il a eues dans la mise en œuvre de cette loi de la République et surtout sa promesse”, exige-t-elle.
La présidente de l’Alliance des patronnes de la presse écrite du Mali, Dado Camara, se dit déçue.
“Le président nous fait croire qu’il nous aime, mais j’en doute fort. Sinon comment peut-il faire adopter une loi pour la parité et n’est pas l’appliquer ? Il nous a déçues. Il devait donner l’exemple en respectant chaque fois les 30 % pour les femmes, mais tel n’a pas été le cas”, s’indigne Dado Camara.
A la Fédération nationale des associations et organisations féminines du Mali (Fénacof-Mali), c’est la même indignation. Pour sa présidente, Dembélé Oulématou Sow, ce gouvernement sans 30% de femmes, s’explique que par un manque de volonté des plus autorités à appliquer la loi 052.
Pour se racheter, la présidente de la Plateforme propose au chef de l’Etat, de nommer suffisamment de femmes dans les institutions et postes de responsabilité dans les départements. De toutes les façons, le régime n’en était pas à sa première fois depuis l’adoption de la loi 052. Le remaniement ministériel du 7 juillet 2016 n’avait pas aussi pris en compte les quotas prévus pour les femmes.