Le mandat de la Commission vérité, justice et réconciliation (CVJR) et ses actions sur le terrain étaient au centre d’un débat hier à l’émission bimensuelle de la Maison de la presse “Le débat forum des médias” qui recevait Ousmane Oumarou Sidibé, président de la CVJR.
Le débat était animé par trois directeurs de journaux : Alexis Kalambry “Les Echos”, Abdramane Kéita “Le Témoin” et Chahana Takiou “22-Septembre”. Il a tourné autour du mandat de la CVJR et les actions qu’elle mène au quotidien.
Peut-on concilier justice et réconciliation ? a interrogé d’entrée de jeu Alexis Kalambry. Et le président du CVJR de répondre par l’affirmative avouant que la réconciliation est le résultat de la justice. S’agissant du contexte précis de la CVJR, il a affirmé qu’elle fait une justice réparatrice. Il est allé un peu plus loin en disant que la vérité pour sa structure, “c’est de dire ce qui s’est passé de 1960 à nos jours, bref dire la vérité sur les différentes crises que le Mali a connu”.
Mais contrairement à ce que bon nombre de personnes pensent, a expliqué Ousmane Oumarou Sidibé, c’est que sa structure ne juge pas les auteurs coupables. “C’est à la justice malienne de rechercher individuellement les auteurs et de les juger”, a laissé entendre le patron du CVJR.
Les enquêtes sont faites, selon M. Sidibé, pour situer les responsabilités “et les victimes seront réparées pour ceux qui le désirent”.
Déjà de janvier à nos jours la CVJR a reçu plus de 3000 dépositions de victimes et 400 dossiers déposés au niveau de la justice. Cependant, le président de la CVJR a précisé qu’il n’y aura pas de scénario à la sud-africaine où les auteurs qui viennent avouer leurs crimes sont amnistiés. “Il y a la Cour pénale internationale qui s’est déjà occupée d’un cas. Mais malheureusement, il y a plusieurs types de victimes (les tortures, les menaces de mort, les séquestrations, et celles qui ont subi des pillages de leurs biens)”.
Ousmane Oumarou Sidibé a affirmé que la CVJR fera une proposition pour les réparations mais à des taux non définis. Le chef de CVJR a affirmé l’indépendance totale de la Commission et la volonté politique de mener à bien les missions confiées.
Sur les 25 commissaires de la CVJR on y trouve un représentant de l’opposition et un représentant du pouvoir. La structure collabore avec les ONG partenaires comme la GIZ, la Coopération suisse, ONU-Femmes, la Minusma mais ils n’interférent en aucun cas dans son travail.
Aux termes de l’entretien, le président de la CVJR a affirmé qu’à la fin de leurs enquêtes, un rapport avec une proposition de réparation avec une liste de toutes les victimes sera soumis aux autorités. “Et c’est à eux de prendre les mesures qui s’imposent”.