Au Mali, le nouveau premier ministre, Abdoulaye Idrissa Maïga, et son gouvernement ont pris leurs quartiers. Fruit de la crise aiguë dans les secteurs stratégiques de l’éducation et de la santé, ils symbolisent le second souffle que le président malien veut imprimer à son action dans l’optique des élections présidentielles de l’an prochain. C’est notamment ce pourquoi il a misé sur M. Maïga, un fidèle collaborateur. Mais cela se ressent aussi à travers les missions essentielles qu’il vient d’assigner à cette nouvelle équipe gouvernementale. Sauf que pour certains des défis dont il est question, il ne suffit pas de claquer les doigts pour que les résultats escomptés tombent.
2018 en ligne de mire
Ibrahim Boubacar Keïta ne suivra pas l’exemple de François Hollande. Le président malien dont l’élection en 2013 tient beaucoup à la décision d’intervention des troupes françaises au Mali, ne renoncera pas, comme son homologue français sortant, à un second mandat. Tout au contraire, le président malien qui, cependant n’a pas non plus un bilan particulièrement élogieux, ménage sa monture à un an de l’échéance. D’où le remaniement gouvernemental dont l’objectif premier était de faire appel à un de ses loyaux collaborateurs à ses côtés. Avec Abdoulaye Idrissa Maïga à la tête du gouvernement, le président s’assure de ne pas avoir un loup dans la bergerie. Lui et le chef de son gouvernement ayant les mêmes intérêts, ses consignes passeront plus aisément. Justement, en termes de consignes, le chef de l’Etat en a donné quatre de très précises au nouveau gouvernement. Des missions dont la nature rajoute à la volonté du président de s’offrir un second mandat.
L’accord d’Alger, priorité n°1
En effet, il s’agit de missions qui touchent au secteur dans lesquels IBK s’est révélé insuffisant depuis son avènement au pouvoir. En premier a lieu, on le parachèvement de la mise en œuvre de l’accord d’Alger, avec en prime le retour de la paix et l’effectivité de la réconciliation nationale. En quelque sorte, le nouveau gouvernement a la lourde responsabilité d’hériter du contentieux encore fumant né de l’organisation des dernières assises nationales. Au-delà, il est attendu de M. Maïga et de son équipe le miracle de restaurer l’ordre et la paix dans un pays devenu la proie facile aussi bien des criminels crapuleux que des islamistes endurcis. Pas évident comme mission. Pour ce qui est du deuxième point relatif à l’apaisement du climat social, les perspectives s’annoncent plutôt bonnes, vu qu’une solution est déjà trouvée à la grève dans le secteur de la santé. Mais il faudra veiller à ce que les hostilités ne reprennent pas sitôt.
Maliens, vigilance.
Un objectif qui pourrait être atteint, si le gouvernement s’acquitte convenablement de sa troisième mission portant sur la mise en œuvre du programme présidentiel dit d’urgences sociales. Avec cette mission-là, il apparaît clair qu’IBK veut redorer son blason auprès de ses compatriotes. Il est vrai que c’est à la fois inconfortable et risqué de solliciter les voix d’électeurs en proie à un malaise social aiguë. Si cette exigence n’est pas satisfaite, IBK sait bien qu’il n’est exclu qu’on le contraigne à une retraite anticipée. Et c’est pourquoi, il fait dans l’anticipation. Enfin, le président malien souhaite du nouveau gouvernement la rehausse de l’image du poids géostratégique du Mali dans le monde et en Afrique en particulier. Il veut ainsi restaurer la fierté que les Maliens ont jadis éprouvée vis-à-vis de leur pays. Naturellement, là aussi, c’est avec l’espoir qu’il puisse surfer sur cette fierté retrouvée quand il en aura besoin.
Bref, comme on le voit, IBK prépare sa réélection. Ce qui n’a rien de condamnable vu qu’il n’en est qu’à son premier mandat. Par ailleurs, il est louable de sa part d’avoir compris que cette réélection dépendra essentiellement du bilan qu’il défendra devant les Maliens. A ces derniers de faire preuve de vigilance alors.