«Réunir tous les fils de la région de Kidal pour parler de Kidal, de la paix et surtout de la paix entre les frères de la même Région », c’est le sens que le collectif des ressortissants de la Région de Kidal à Bamako donne à une rencontre qui s’est tenue samedi dernier au palais de la Culture Amadou Hampâté Bâ.
La rencontre s’est déroulée en présence de différentes personnalités de la Région, dont le gouverneur Sidi Mohamed Ichrach, le président du Collectif de la coordination des ressortissants de Kidal, Akory Ag Iknane, de la députée élue à Tessalit, Mme Aïcha Belco Maïga.
« Communautés de Kidal unies pour la paix, la réconciliation et l’unité nationales », pouvait-on lire sur des banderoles au cours de cette rencontre qui a enregistré une présence massive des ressortissants de la Région.
Cet exercice dont la pertinence a été saluée plusieurs fois pendant la rencontre, a permis de parler de la situation dans la Région. Qui est totalement « délabré » pour certains, « détruit » pour d’autres, et où à la pénurie d’eau s’ajoutent l’insécurité et la fermeture des écoles. Pour les organisateurs, si rien n’est fait, le scénario dans quelques années serait sans illusion : la disparition de la Région.
La rencontre qui a d’abord permis de décrire la situation de Kidal, a été également riche en débats au cours desquels les ressortissants de ladite région ont proposé des solutions aux problématiques débattues. En plus de la pérennisation de ce type de rencontres qui œuvrent à la paix, les fils de cette partie du pays ont exhorté à l’élaboration d’une feuille de route pour la paix, la cohésion et l’unité nationales.
Pour le président du Collectif des ressortissants de Kidal à Bamako, la paix et le développement de la Région se feront avec la contribution de tous les fils de la Région quelles que soient leurs convictions religieuses, politiques et sociales. Pour lui « nous devons tous nous engager pour donner l’exemple de l’unité nationale et l’amorce de la paix qui sont tous indispensables au développement de Kidal ».
Akory Ag Iknane a exprimé son souhait ardent pour le développement durable de Kidal et la réouverture des écoles, car sans cette réouverture des classes, un avenir meilleur pour la Région n’est pas imaginable. Relevant que l’insécurité grandissante sévit partout au Mali, du nord au sud en passant par le centre, il a assuré de la volonté des ressortissants de la 8è Région de donner l’exemple à toutes les autres parties du pays confrontées à l’insécurité. Pour le gouverneur de la Région de Kidal, Sidi Mohamed Ichrach, le message de paix, de réconciliation et de cohésion nationales ne se fera « sans les cadres » de la Région Kidal qui résident essentiellement à Bamako. Et la présente initiative est d’autant plus importante qu’elle permet de mettre ensemble des énergies et de s’entendre sur un processus qui puisse mener la Région et tout le Mali à la paix.
Le chef de l’exécutif régional en est convaincu : cet exercice doit permettre de faire clairement le distinguo entre deux aspects de la situation. Le premier aspect est relatif à la mise en œuvre de l’Accord de paix au sujet duquel les autorités locales, les cadres de la région, l’administration régionale peuvent être une force de proposition. Mais l’Accord de paix est d’abord et avant tout une affaire entre les signataires : le gouvernement, les groupes signataires et la médiation internationale.
En revanche, si l’action des cadres et de la jeunesse est limitée dans la mise en œuvre de l’Accord, elle est essentielle « dans la réconciliation entre nos communautés ». Cette réconciliation relève essentiellement des ressortissants de la Région, a insisté Sidi Mohamed Ichrach. Qui pense que l’Etat pourrait juste apporter un appui si les communautés décident de se rencontrer. « L’Etat ne pourra pas faire la paix entre les familles de Kidal. Seuls les Kidalois eux-mêmes peuvent faire ce travail », a ajouté le gouverneur de la Région de Kidal.
Pour la députée élue à Téssalit, Aïcha Belco Maïga, qui a loué l’importance de ce genre de rencontres, « Kidal est en train d’être détruite par ses propres enfants.
La situation y est telle que tous les projets l’excluent de leur programme. Le plus grave c’est l’école, où toute une génération est sacrifiée depuis 2012. Il est temps qu’on arrête cette autodestruction, sinon on va clairement assister à notre disparition », a-t-elle mis en garde.
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