ATT junior, de son vrai nom Djeli Moussa Kouyaté, est un jeune comédien et humoriste malien pétri de talent. Nous l’avons rencontré pour vous. Dans cette interview qu’il nous a accordée, il nous parle de sa carrière et de ses projets. Lisez plutôt.
Le Tjikan : Comment est venu le surnom ATT junior ?
Ce surnom est venu d’une très longue histoire. Au départ, je voulais plus le surnom « prince de la comédie ». Je venais faire de l’humour à l’ORTM sur l’émission ‘’éclat de rire’’ et on me disait toujours que je ne suis pas un sortant de l’INA. Un jour, je suis allé à l’ORTM et le réalisateur de l’émission ‘’Eclat de rire’’ Djribril Diabaté m’a dit de venir faire des sketchs pour lui. C’est ainsi que j’ai rempli les formulaires pour la procédure et on est partis faire l’enregistrement dans la cour de l’ORTM. J’ai fait une trentaine de blagues parmi lesquelles, j’imitais l’ancien président Amadou Toumani Touré dit ATT. Et lorsqu’ils passaient ces blagues à la télévision, ils ont sous-titré ATT junior sans même demander mon avis. Et c’est comme ça que le surnom ATT junior est venu. Mais je ne regrette pas d’avoir eu ce surnom.
Quelles sont les études que vous avez faites ?
Je suis titulaire d’une Maîtrise en philosophie à la FLASH. J’ai aussi une licence en Marketing-communication et je suis également diplômé de l’Ecole Nationale d’humour du Canada.
Comment vous est venue la passion de la comédie et de l’humour ?
J’ai aimé la comédie par mon père Mamadou Kouyaté qui était un fonctionnaire international au Burkina-Faso. Mais qui avait de la passion pour la guitare. Il jouait de la guitare quand il causait avec ses amis. Il était très drôle. C’est lui qui était l’animateur principal quand il causait avec ses amis. Il leur faisait des blagues, leur racontait des histoires drôles. Pendant ce temps, moi j’étais toujours à coté en train de faire le thé. J’allais moi aussi raconter les mêmes blagues à mes amis pour les faire rire. Je peux dire aussi que la comédie était déjà dans la famille car feu Sotigui Kouyaté était mon oncle et Dany Kouyaté mon cousin. Mon rêve était de devenir comme eux. Aussi, je regardais d’autres humoristes à la télévision comme Bamba, Adama Dahico de la Côte-d’Ivoire. Et je voulais un jour être comme eux.
Parlez-nous un peu de votre carrière de vos débuts à maintenant
Moi je fais du one man show, c'est-à-dire un seul acteur sur la scène qui fait son show. Je suis lauréat de huit (08) trophées.
Où est-ce que vous faites vos spectacles et pour quel public ?
D’abord, je suis à Yèlèbougou. Je joue chaque dimanche au Café des Arts. Ce sont des blagues de cinq minutes environ. Mais les vrais spectacles que je fais généralement, c’est dans la grande salle du Cinéma Babemba. Je dois même jouer là-bas le 12 mai prochain en one man show. Je joue aussi au Palais de la Culture lors des diners de gala et lors des manifestations culturelles, entre autres. Ma chance est que je suis sollicité par les vieux qui m’écoutent trop tôt le matin à 6h 45mn à travers mon émission « sorobalé » à la radio Mali et sur la Chaine II. J’interprète un apprenti de Sotrama qui raconte les réalités de la vie à Bamako. Les enfants aussi suivent mes sketchs sur la citoyenneté après le journal télévisé de l’ORTM qui sensibilisent les uns et les autres. Ma génération m’apprécie beaucoup parce que je traite des thèmes d’actualité.
Quelles sont vos relations avec les autres artistes comédiens maliens ?
Je m’entends super bien avec eux. Quand on se rencontre, on cause et on échange. Je donne souvent des conseils en tant qu’ainé aux plus jeunes car j’ai acquis un peu d’expérience à cause des festivals auxquels j’ai pris part un peu partout dans le monde.
Parlez-nous de votre expérience à l’étranger
J’ai eu la chance d’aller aux Etats-Unis deux fois pour représenter le Mali, pour faire des spectacles mais uniquement pour la communauté malienne parce que je ne parle pas anglais. J’ai été à Paris aussi et dans presque tous les pays d’Afrique de l’Ouest comme le Sénégal, le Burkina Faso, la Côte-d’Ivoire pour des festivals. Tout dernièrement, j’étais au Parlement du Rire sur Canal +. Et je viens de signer aussi un contrat avec Akissi Delta pour jouer dans son tout nouveau film qui s’intitule « ma grande famille ». J’ai été le seul comédien malien retenu pour jouer dans cette série de 260 épisodes. Je suis aussi en train de me préparer pour d’autres festivals dans d’autres pays comme le Gabon, le Congo Brazzaville, entre autres.
D’une manière globale, que pensez-vous de l’humour et de la comédie au Mali ?
Honnêtement, la comédie est très en retard au Mali. Il y’a des comédiens au Mali qui font beaucoup rire mais notre humour n’a pas d’avenir. Ça se limite au Mali seulement. Il faut que nos humoristes travaillent, se professionnalisent, se perfectionnent. Cela est très important. Aussi, qu’ils le fassent en français pour qu’ils puissent être suivis dans d’autres pays qui veulent partager notre culture. Lors de nos spectacles, il y’a souvent des Européens qui viennent et repartent quelques minutes après parce qu’ils ne comprennent pas ce qui se dit. Et cela me fait mal énormément.
Un dernier mot ?
Je dirai aux humoristes maliens de se former et pour faire rire les gens, on n’a pas besoin de faire des insultes.
Propos recueillis par Fatoumata Fofana