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Le Reflecteur : Le prétexte de l’adieu au parrain
Publié le vendredi 21 avril 2017  |  Le Reflet
Ouverture
© aBamako.com par Momo
Ouverture de la Conférence d’entente nationale
Bamako, le 27 mars 2017 le président IBK préside la Conférence d’entente nationale au palais de la culture
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“Trésors de l’islam en Afrique, de Tombouctou à Zanzibar” est le thème d’une exposition organisée par l’Institut du monde arabe (Ima) et dont le vernissage a eu lieu le jeudi 13 avril 2017. Ainsi, du 14 avril 2017 au 30 juillet 2017, l’Ima met à l’honneur près de 300 œuvres multidisciplinaires pour témoigner de la richesse artistique et culturelle de la pratique de l’islam en Afrique subsaharienne. Ce qui explique officiellement la présence des présidents du Burkina Faso, du Mali et de la Mauritanie autour du président François Hollande en fin de mandat dans quelques semaines.

Selon Koulouba, la présence d’IBK à “cette importante inauguration est jugée particulièrement très importante par de nombreuses grandes personnalités sur place”. Et d’ajouter, “de leurs observations Tombouctou est à Paris ce matin (jeudi 13 avril 2017) pour témoigner de la restauration de ses manuscrits sauvés et restaurés par un Malien qui avait osé braver les jihadistes en un moment difficile”.

Il est logique et normal qu’Ibrahim Boubacar Kéita soit “fier, honoré et ému” de la tenue de cette exposition. Dans sa déclaration, le président de la République a mis “un accent particulier sur l’islam, les manuscrits de Tombouctou, la citée mystérieuse avec ses universités en médecine et en astronomie”.

Et il a rappelé qu’il n’était pas évident de “sauver et de récupérer les manuscrits de Tombouctou à un moment où d’autres esprits jihadistes étaient là pour tout démolir dans la violence”.

Mais, à notre analyse, ce vernissage cache mal un prétexte : l’adieu entre le parrain (François Hollande) et ses hommes de main que sont les dirigeants africains francophones. Visiblement, le président “normal” de la France s’active à consacrer le peu de jours qui lui reste à l’Elysée (le 1er tour de la présidentielle française se tiendra le 23 avril 2017 et il n’est pas candidat à sa succession) pour consolider le principal acquis de son mandat : son héritage africain, son image de sauveur du Mali et du Sahel du joug islamiste.

Selon nos confrères de JA, Hollande veut “convaincre les observateurs qu’il laisse derrière lui un Sahel mieux sécurisé, pour les Africains et par les Africains. Il espère pour cela laisser derrière lui une politique sécuritaire sahélienne en ordre de marche et, surtout, davantage pilotée depuis les capitales ouest-africaines”.

Ainsi, les observateurs pensent qu’il met particulièrement en relief l’Afrique de l’Ouest et le Sahel où, indique Jeune Afrique, “il a étrenné son costume de chef de guerre en 2012 alors que l’armée française débarquait au nord du Mali”.

L’hebdo panafricain rappelle ainsi que ce ballet a commencé le 31 mars dernier avec Mahamadou Issoufou du Niger accompagné pour la circonstance de ses ministres de la Défense et de l’Intérieur

Le 12 avril, c’est le Mauritanien Mohamed Ould Abdelaziz qui était personnellement invité par l’Elysée. Logique puisque Nouakchott abrite la base du G5 Sahel regroupant la Mauritanie, le Mali, le Niger, le Burkina Faso et le Tchad. Une organisation chargée de “gérer la réponse ouest-africaine” aux attaques jihadistes dans la région.

Le lendemain, Hollande semblait très heureux de se montrer publiquement avec ses valets, pardon ses “homologues” du Mali, de la Mauritanie et du Burkina Faso au vernissage de l’expo sur les Trésors de l’islam en Afrique subsaharienne.

D’ailleurs le lendemain, le vendredi 14 avril, le Burkinabè Roch Marc Christian Kaboré est accueilli avec tous les honneurs à l’Elysée. “Il était important d’accroître la réactivité de la Force Barkhane dans le cadre de la lutte contre le terrorisme”, a déclaré à la presse le président Kaboré à son retour au pays le 15 avril 2017. Il dit aussi avoir réaffirmé “notre engagement en tant que G5-Sahel”.

“Un certain nombre de décisions ont été envisagées et elles feront l’objet d’une concertation entre le ministre de la Défense du Burkina et celui de la France et entre les chefs d’état-major pour que, désormais, nous puissions assurer au mieux notre propre sécurité et compter sur le fait que Barkhane puisse en cas d’urgence pouvoir assurer les problèmes de couverture aérienne pour nous permettre de mieux avancer dans ce combat contre le terrorisme qui est un combat de longue haleine”, a précisé Roch Marc Christian Kaboré. Il était sans doute également heureux d’avoir obtenu de l’Agence française de développement (AFD) 52 milliards de F CFA pour financer la modernisation de sa capitale, Ouagadougou.

Le seul absent dans ce ballet de visites présidentielles à Paris est sans doute le Tchadien Idriss Deby Itno en froid avec la France depuis qu’il a rejoint le Rwandais Paul Kagame sur le banc des rebelles à la Françafrique.

La France interdit au Mali ce qu’elle cautionne en Mauritanie

En cette fin de mandat, Hollande semble miser sur le Niger, la Mauritanie et le Mali pour faire entendre raison au Tchadien ou l’isoler tout simplement. Ce qui n’est pas une chose aisée d’autant plus que le Niger et surtout le Mali ont une dette morale et politique à l’égard de N’Djamena dont les troupes ont contribué et contribuent encore à contenir en partie l’invasion terroriste au Sahel.

Président de l’Union africaine, le Guinéen Alpha Condé a été aussi reçu audience 11 avril à l’Elysée par F. Hollande. Les présidents Condé et Kéita sont des amis de très longue date du président français. Mais, si pour le Guinéen il s’agissait d’un au-revoir diplomatique à un ami qui se prépare à plier bagage, pour IBK ce déplacement était l’opportunité de rassurer la France sur une éventuelle ouverture de négociation avec Iyad Ag Ghali comme souhaité par la Conférence d’entente nationale (27 mars-2 avril 2017).

Face à Abdelaziz, Kéita et Kaboré, François Hollande a été très clair : point de négociations aves les terroristes, principalement Iyad contre qui la France a d’ailleurs lancé un mandat d’arrêt international depuis quelques années. Le maintien du dispositif français et l’appui de Barkhane est à ce prix. C’est aussi la condition sine qua non pour que l’Hexagone soutienne la mise œuvre du “grand projet sécuritaire” du G5 Sahel axé sur l’opérationnalisation d’une force d’intervention commune.

Mais, cette opposition de la France à toute négociation entre Iyad et le pouvoir malien traduit la faiblesse d’IBK face à son homologue français voire même dans le G5 Sahel. On interdit à Bamako de négocier à avec un fils du pays et sans qui la paix et la réconciliation semblent être des projets utopiques.

Au même moment, tout le monde ferme les yeux sur le double jeu de la Mauritanie qui est la principale base-arrière des groupes terroristes (Aqmi, Al-Mourabitoune…) qui déstabilisent le Mali.

Sûr de son influence, Mohamed Ould Abdelaziz ne s’en cache même plus. Ainsi, lors de son séjour de la semaine dernière, quand la journaliste de RFI lui demande comment ça se fait qu’il reçoit et garde chez lui des terroristes qui ont posé des actes au Mali sans chercher à les arrêter ?

“Ils sont Mauritaniens, ils sont chez eux et ils se sont repentis”, répond le Mauritanien. Autrement dit, tant que ceux-ci ne mènent pas d’actions subversives contre leur propre pays, ils sont libres de déstabiliser les voisins (notamment le Mali) et revenir se mettre à l’abri dans leur pays.

Et pourtant, c’est le Mali qui est indexé par tous “d’exporter le terrorisme” chez ces voisins. Et un opposant malien avait même cru bon d’être complice d’une telle accusation. Et entre 2010 et 2012, le pays de Mohamed Ould Abdel Aziz n’hésitait pas à accuser le “Mali d’ATT” d’être le “ventre mou” de la lutte anti-terroriste dans le Sahel.

Aujourd’hui, c’est lui qui accueille les terroristes, au vu et au su de tout le monde. Et visiblement avec la bénédiction de la France qui n’est pas pressée de voir la paix revenir au Mali afin de justifier une présence militaire qui assure ses intérêts au nord du Mali voire dans le Sahel, notamment Areva qui pille l’uranium au Niger.

Après avoir écouté cet aveu de complicité avec les réseaux criminels qui bloquent le processus de paix et de réconciliation au Mali, peut-on encore objectivement nourrir l’espoir de voir le G5 Sahel parvenir à stabiliser la bande sahélo-saharienne ?

Un vrai leurre quand la Mauritanie, qui abrite la base du G5 Sahel, devient la base-arrière des terroristes que cette organisation se propose de combattre.

Moussa Bolly
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