C’est ce mardi 18 avril 2017 que le Ministre des Sports, Housseyni Amion Guindo, a rencontré une délégation du comité exécutif dissout de la Femafoot, composée de deux présidents de ligues ainsi que d’un président de club. Au menu des échanges: la démission du président de la Fémafoot, Boubacar Baba Diarra, rien de moins !
Il faut dire que les échanges, sans préliminaires, n’ont guère pris de temps. D’entrée, le ministre des Sports, auréolé et se sentant réconforté par sa reconduction, a immédiatement mis le marché entre les mains de ses interlocuteurs : Boubacar Baba Diarra démissionne de la présidence de la Femafoot, il se fait remplacer par son premier vice-président et aussitôt est annulée la décision N°2017-0011-MS-SG du 8 mars 2017, portant dissolution de l’organe directeur de la Fédération malienne de football. En clair, pour annuler la décision qui a valu sa suspension au Mali par la Fifa, le Ministre Guindo exige au préalable que le président de la Femafoot démissionne. Plusieurs autres propositions ont assorti cette mise en demeure du ministre des Sports. Mais on retient essentiellement cette énormité : d’après ce que le ministre des Sports a dit à ses interlocuteurs, c’est le président de la République, IBK lui-même, qui aurait déclaré ne plus pouvoir travailler avec le président de la Femafoot !
Après l’argument d’autorité digne de la scolastique, assurant qu’il faut accepter la décision de dissolution puisqu’elle relève de l’autorité de l’Etat, c’est maintenant le recours à l’autorité présidentielle. En effet, toutes les méthodes ont été employées sans pour autant produire leurs effets. On est passé par la création d’un comité provisoire, qui ne parvient toujours pas à fonctionner encore moins avoir d’emprise sur les événements, jusque y compris des méthodes de voyous comme le faux et l’usage de faux.
En bloquant l’accès des médias d’Etat, pour rendre aphone toute éventuelle contradiction, ce sont les comptes bancaires qui ont été bloqués après l’expulsion des locaux de la Fédération, toutes méthodes employées sans aucun support juridique bien entendu ! Maintenant, c’est officiellement le président de la République qui entrerait dans la danse, du moins comme l’a assuré donc ce mardi son ministre des Sports aux représentants de la Fémafoot.
Ceci est d’autant plus étonnant que justement, le président de la Fémafoot n’est pas un collaborateur du chef de l’Etat, car n’appartenant pas au Cabinet encore moins au Secrétariat général de la Présidence de la République. Comment donc le Président IBK peut-il dire, comme le rapporte son ministre, qu’il ne veut plus travailler avec quelqu’un qui, dans l’exercice de ses activités, ne relève même pas de l’administration de l’Etat ? Aussi se dit-il, le Ministre, fort de l’appui de l’ensemble du gouvernement. Seulement voilà : aucune raison n’est avancée par le Ministre Guindo pour justifier cette supposée attitude du président de la République qui s’offusque à l’endroit d’un simple citoyen, engagé dans des activités associatives.
Encore des menaces d’emprisonnement de Baba
Mais le Ministre Guindo est allé plus loin, en assurant à ses interlocuteurs de la Fémafoot, que si le Président Diarra ne démissionnait pas, l’Etat a toujours la ressource de trouver des moyens de le mettre en prison. Le plus grave, c’est que Housséyni Amion Guindo est allé jusqu’à dire que l’Etat a la possibilité et les moyens de fabriquer une affaire pour engager des poursuites pouvant conduire le président de la Fémafoot en prison. A ce niveau de l’Etat, la chose est plus grave car pour justifier une décision inique et non fondée en droit, l’Etat du Mali serait apparemment prêt à tous les excès pour la satisfaction d’un seul individu. En se servant de la machine de l’Etat, on sort donc du cadre de la loi et du simple domaine sportif rien que pour les desiderata d’un individu, même et justement parce que membre de la majorité.
Mieux, le Ministre Guindo a affiché devant ses interlocuteurs de la Fémafoot sa détermination contre le recours pour excès de pouvoir, introduit auprès de la section administrative de la Cour suprême par le Comité exécutif contre sa dissolution. A ce propos, le Ministre Guindo a déclaré que si d’aventure, la Cour suprême annulait sa décision, il prendrait le lendemain une décision similaire portant à nouveau dissolution du Comité exécutif.
Toute chose qui démontre une certaine inculture juridique du ministre des Sports qui de toute évidence ignore le simple principe de la non remise en cause des décisions de la Cour suprême encore moins celui de l’autorité de la chose jugée.
En plus de cette menace, le Ministre Guindo avait démarché dix (10) membres du bureau du président Boubacar Baba pour solliciter leur démission afin de casser le bureau. Malheureusement, là aussi, le Ministre n’a pas eu gain de cause.
Il faut certainement passer sous silence d’autres propositions saugrenues, comme celle consistant, une fois acquise la démission du président de la Fémafoot, la désignation de son fumeux Comité provisoire pour organiser les futures élections fédérales. Le Comité exécutif de la Fémafoot s’est naturellement réuni pour entendre ses représentants. Au-delà du comique tragique de la situation, puisque c’est l’avenir de la jeunesse qui est obéré, l’unanimité a été faite de rejeter en bloc cette démarche de la tutelle, en mal de solution et bien évidemment d’arrêter désormais ce genre de contact informel avec le Ministre.