Pour lutter efficacement contre l’insécurité dans le centre du pays, la hiérarchie militaire a interdit au mois de février dernier la circulation des motos dans certaines zones de la région de Mopti et de Ségou. Mais, selon le dernier rapport du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA), pour les organisations humanitaires qui œuvrent au centre du pays, précisément dans les cercles de Macina, Niono et Tenenkou, cette décision perturbe l’accès des populations aux services sociaux de base. Dans les zones concernées, les partenaires humanitaires sur le terrain rapportent notamment une baisse de fréquentation des centres de santé et des écoles secondaires.
Dans la région de Ségou, les cercles de Macina, Niono et certaines communes du nord du cercle de Ségou sont visés depuis le mois de février par des interdictions complètes de circulation, en tout cas des engins à deux roues. Le cercle de Tenenkou dans la région de Mopti est aussi visé par une interdiction similaire.
Dans les zones concernées, les humanitaires sur le terrain rapportent notamment une baisse de fréquentation des centres de santé et des écoles secondaires. Ils constatent aussi que les stratégies avancées en santé, qui sont essentiellement conduites à motos, sont interrompues. Ces stratégies, prévues par la politique nationale, permettent de livrer des soins essentiels aux enfants et aux femmes enceintes ou allaitantes dans les villages situés à plus de 5 km des centres de santé.
Par exemple, les 20 centres de santé communautaires de Macina ont enregistré une baisse de 50% des admissions d’enfants malnutris aigus sévères (MAS) de janvier à février 2017. Les admissions à l’unité de réhabilitation nutritionnelle intensive (URENI) de Macina ont aussi enregistré une baisse significative.
Les communes et cercles et touchés comptent une population d’environ un million de personnes, dont près de la moitié habitent à plus de 5 km d’un centre de santé. Dans ces zones essentiellement rurales, les moyens de subsistance sont en majeure partie liés aux activités agro-pastorales et les motos constituent l’un des principaux moyens de transports des ménages.
Dans ce contexte, certains partenaires rapportent également un ralentissement des activités économiques, y compris des baisses de fréquentation de foires commerciales hebdomadaires et une baisse de disponibilité de certains aliments.
L’impact sur les opérations des organisations humanitaires est également important puisque des dizaines d’agent d’ONG locales et internationales ne peuvent plus mener les activités régulières et essentielles d’appui communautaire, que ce soit dans le secteur de la nutrition, de la santé, du développement agricole, ou pour identifier les bénéficiaires de l’aide d’urgence suite aux déplacements de population engendrés par les affrontements intercommunautaires à Macina mi-février.
Les interdictions partielles de nuit ont un impact plus limité sur les populations
En plus des interdictions totales de circulation des engins à deux roues, d’autres mesures sont en vigueur pour interdire partiellement la circulation de différents types de véhicules à moteur à deux ou trois roues. Ainsi, dans la majorité des cercles de Mopti, la restriction ne s’applique que le soir et la nuit, ce qui permet aux populations de vaquer à leurs activités régulières le jour. L’application de cette interdiction partielle à tous les territoires concernés pourrait ainsi contribuer à limiter les effets sur l’accès des populations aux services sociaux de base et sur les moyens d’existence des ménages. Un dialogue est d’ailleurs en cours entre la communauté humanitaire et les autorités compétentes afin d’explorer les possibilités d’une telle harmonisation.
Les interdictions de circulation des différents types de véhicules ont été instituées par diverses autorités dans le cadre des opérations de l’État pour la sécurisation du territoire, en vue de faire face à la flambée d’attaques perpétrées dans le centre du pays par des individus armés non identifiés qui se déplacent à motos.