L'élection présidentielle en France représente un grand enjeu pour l'Afrique, particulièrement le Mali où l'armée française est présente depuis 2013. Ce premier tour, qui a été suivi avec intérêt par de nombreux Maliens, suscite de nombreuses réactions. Selon certains observateurs, les résultats du deuxième tour de ces élections pourraient changer les orientations dans les relations géopolitiques et géostratégiques entre la France et le Mali.
Les Français étaient appelés aux urnes hier pour élire leur futur président de la République. Ce premier tour, remporté par Emmanuel Macron et Marine Lepen, a été très suivi dans les ex colonies françaises. L'enjeu politique suscite de nombreuses réactions. Pour de nombreux analystes, les résultats de cette élection pourraient changer la donne dans les relations géopolitiques entre la France et Mali. Ils précisent toutefois, que la politique des deux candidats au deuxième tour, Emmanuel Macron et Marine Lepen, est différente à plusieurs égards.
Pr Ismaël Sory Maïga est universitaire maliens, président de l'Institut Supérieur de Développement du Mali :
« Si Macron et le pseudo-centre-gauche gagnaient, la politique de statu quo resterait : c'est la politique qui consiste à défendre les intérêts de la France au Nord du Mali. Tant qu'il y aura les otages au Nord du Mali, le Mali n'aura pas la liberté d'avoir le Nord, puisse que la France l'a clairement écrit qu'elle ne viendrait pas faire la guerre au Nord du Mali contre ses intérêts. Le Mali n'a pas d'intérêts particuliers à cela non plus. La seule politique qui est en vérité en faveur de la reconstitution du Mali est celle qui n'est pas en faveur des Maliens et un peu partout dans le monde : c'est la politique de Marine Lepen. Elle dit que l'armée française n'a rien à faire dans le Nord du Mali et que par conséquence les Maliens n'ont qu'à régler leur problème entre eux et que la France ne peut avoir des relations qu'avec des Etats. Et donc selon elle, la crise du Nord est une crise interne dans laquelle la France n'a pas à s’immiscer au delà des accords internationaux. Concrètement, nous avons un seul parti qui serait à notre faveur et qui n'est pas forcément le parti souhaitable du point de vue des droits humains.
La France est engagée à combattre le terrorisme dès les bases des pays. Je ne crois pas que cette politique va fondamentalement changer. Il faudrait que l'Afrique ait totalement conscience des vrais enjeux. Du point de vue géopolitique nous avons des pays qui sont très faibles et qui parlent individuellement à la France. Et la France est plus forte que les pays africains individuellement, alors mis ensemble la France est un petit pays qui ne peut rien aujourd'hui. Mais nos Etats n'ont pas compris cela, nos chefs d'Etats n'ont pas compris cela, et ils continuent de tisser des relations individuelles. Dans l'élection française l'Afrique est un enjeu, et c'est peut être le plus gros enjeu ».
Les élections présidentielles en France vont-elles avoir un impact sur son intervention à l’étranger dans la lutte contre le terrorisme ? La question suscite des réactions également à travers le monde. Parmi les réactions internationales, celle du chef du Pentagon, qui a souhaité ce dimanche que la France continue ses opérations au Sahel contre les réseaux extrémistes au Sahel.
Le secrétaire américain à la Défense, Jim Mattis, lors d'un point presse a indiqué que les Français « ont toujours prouvé qu'ils étaient là quand il fallait faire face aux réseaux extrémistes ».
« Je n'ai pas de doute », a-t-il déclaré, que les Français continueront de prendre les meilleures décisions pour leur propre intérêt et que les terroristes n'auront pas à se réjouir de ces décisions après l'élection présidentielle en France.
Les Etats-Unis soutiennent l'opération Barkhane dans les cinq pays du Sahel, Mali, Mauritanie, Tchad, Niger et Burkina Faso. Les Etats-Unis ont notamment apporté du ravitaillement aérien pour les avions français et échangent du renseignement avec les Français.
Au cours de son déplacement à Djibouti, Jim Mattis, a aussi salué des militaires de la base française voisine. Le secrétaire américain à la Défense est donc le premier membre de l'administration Trump à se rendre en Afrique.