La mise en place du comité de gestion scolaire de la commune rurale de Dio-Gare, dans le cercle de Kati, a tourné au drame.
Que s’est-il passé ?
Après les élections communales et l’installation du bureau communal, les autorités communales ont décidé de la mise en place des comités de gestion scolaire au niveau des 6 villages de Dio, y compris Dio-Gare, chef-lieu de commune. Des correspondances ont été envoyées aux autorités scolaires et traditionnelles des 6 villages et la date d’installation des comités fixée au 15 octobre 2017. Les 6 villages de la commune sont parvenus, sans incident, à mettre en place les comités de gestion, chaque comité comptant 9 membres: 1 représentant des enseignants, 1 représentant des élèves, le directeur de l’école et 6 parents d’élèves. Mais pour installer le comité de gestion de Dio-Gare même, ce fut la croix et la bannière.
Conflit à Dio-Gare
Après plusieurs reports, le conseil communal décidé finalement de mettre le comité en place le mercredi 12 avril 2017. Refus du chef et des conseillers du village de Dio-Gare qui soupçonnent le maire Daouda Kané, issu de l’URD (opposition), de vouloir favoriser des militants de l’opposition aux dépens de ceux du RPM, où militent la plupart des membres du conseil de village.Informé du blocage, Harouna Diarra, sous-préfet central de Kati, suggère aux protagonistes de privilégier le consensus et de désigner un comité de gestion comportant toutes les sensibilités politiques locales. Le maire s’incline mais le conseil de village persiste dans son refus, exigeant que le comité lui revienne.
Le 9 avril, jour prévu pour la mise en place du comité, un incident se produit à l’école fondamentale de Dio-Gare où doit se tenir l’opération: deux gendarmes venus sécuriser les travaux sont blessés par des jeunes à la solde du conseil de village. L’installation du comité de gestion est alors reportée. Comme aucune sanction ne tombe, les jeunes prennent d’assaut les locaux de la mairie deux jours plus tard. Ils saccagent le bureau du maire. « Ils ont tenté d’attenter à ma vie à l’aide d’armes blanches; Dieu merci, j’ai pu m’échapper grâce à l’intervention rapide des gendarmes de Kati que j’ai fait appeler », témoigne le maire Daouda Kané. Dans leur furie, les vandales mettent le feu au bar-restaurant de Moussa Sangaré, un responsable connu de l’URD dans la localité.
17 villageois sous mandat de dépôt
Le 13 avril, le maire et ses conseillers portent plainte au parquet de Kati. Convoqués au bureau du procureur le 20 avril, 17 jeunes villageois sont placés sous mandat de dépôt par un juge d’instruction. Les infractions retenues contre eux sont multiples; on retient entre autres les coups et blessure volontaires, les menaces de mort, les incendies volontaires et l’association de malfaiteurs, faits criminels justiciables de la Cour d’assises. Apprenant cette nouvelle, des femmes du village débarquent dans l’enceinte du tribunal de Kati. Elles exigent la libération immédiate des détenus et menacent, en guise de malédiction envers les magistrats, de se mettre toutes nues en public. Elles en seront empêchées par une forte troupe de gendarmes déployée dans et aux abords de la juridiction. Devant la mairie, une trentaine de gendarmes y montent la garde au regard du climat déletère qui règne à Dio-Gare.
Les affrontements de Dio-Gare deviennent de plus en plus fréquents au Mali à cause de la politisation excessive de l’administration scolaire et sanitaire. Cette dernière est devenue un enjeu électoral car présente sur toute l’étendue du territoire national. Il importe que l’Etat réagisse très vite pour restaurer l’ordre républicain et une certaine neutralité politique dans ces secteurs vitaux de la nation.