Depuis un an, l’actualité des Maliens de l’extérieur connait un regain d’intérêt. Pas seulement pour les mauvaises conditions de voyage et de vie sur les terres d’accueil, mais aussi pour l’émergence fulgurante d’organisations qui ont mis à terre le leadership du Haut conseil des Maliens de l’extérieur (HCME). Depuis, le président du HCME, Habib Sylla, est dans tous ses états et tente vainement de réduire toute concurrence. Au nombre des justificatifs avancés, la reconnaissance d’utilité publique accordée au HCME par l’Etat.
La loi n°04-038 du 5 août 2004 relative aux associations nous édifie clairement. Elle précise en son article 16 : “Les associations déclarées, lorsqu’elles poursuivent un but d’intérêt général, peuvent être reconnues d’utilité publique par décret pris en conseil des ministres, après avis de la Cour suprême”.
La réalité est qu’en moins de deux ans d’existence, le Conseil supérieur de la diaspora malienne (CSDM) a prouvé toute son utilité. Elle a activement participé à la prise en charge des Maliens victimes de maltraitances dans des pays comme l’Algérie, la France, la Mauritanie, etc. Mais pas seulement, c’est le CSDM qui a réussi à plusieurs reprises à alerter l’opinion sur certains arrangements présumés ou avérés – même des plus secrets – entre l’Etat malien et les pays d’accueil. Des accords pour le moins compromettants pour l’honneur et le bonheur de nos expatriés.
L’Etat a dû parfois reculer devant la réticence clairement affichée de la diaspora comme ce fut le cas au consulat du Mali à Paris. C’est dire aussi que l’utilité du CSDM n’est nullement en cause. Seulement, elle n’a même pas encore 3 ans de vie même si de nos jours, il a véritablement pu imposer sa présence dans la vie sociopolitique de notre pays.
Ajoutons que les dispositions de la même loi stipulent que “la reconnaissance d’utilité publique ne pourra intervenir qu’après une période probatoire d’au moins cinq ans de fonctionnement”. Sans oublier qu’il faut en faire la demande. Mise à part, la proximité publiquement affichée entre Abdourhamane Sylla, ministre des Maliens de l’extérieur, et Habib Sylla, président du Haut conseil des Maliens de l’extérieur, l’on peut dire que le CSDM est loin d’essuyer la sanction du temps encore moins de l’inaction.
Il est donc temps pour le président du HCME de trouver des explications – s’il y en a – à sa légitimité exclusive au lieu de nous servir des arguments qui, franchement ne volent pas haut. A moins de croire que toutes les structures reconnues d’utilité publique au Mali peuvent annuler l’existence de toutes les autres ayant les mêmes domaines d’intervention. Quelle que soit la tentation, l’ego ne peut pas remplacer l’esprit et la lettre de nos textes législatifs.
Le fait est que la diaspora malienne est reconnue par l’ensemble des Maliens comme étant d’une importance capitale dans la vie de notre nation. De ce fait, toutes les organisations qui la représentent sont importantes, les plus petites comme les plus grandes comme le CSDM. Mais ce qu’il y a de mieux à espérer est que le président du HCME joue enfin la carte de l’unité.
Si le fait de s’octroyer seul la légitimité de représentation des Maliens de l’extérieur peut être considéré comme une mauvaise compréhension de la Conférence nationale, la négation des autres associations se présente encore comme une mauvaise compréhension de la récente Conférence d’entente nationale, qui prône l’unité et la paix des cœurs pour un Mali qui gagne.