La réflexion est en cours au sein du Parti de présenter ou non un candidat lors de l’élection présidentielle de 2018. Lors de sa 15ème conférence nationale tenue en mars 2017, les militants ont presque enjoint aux membres de la Direction nationale du parti d’engager le processus de désignation du choix du candidat pour les présidentielles de 2018. Rien d’anormal sauf que les Abeilles, ont une mauvaise expérience en la matière.
Depuis les élections présidentielles de 2002, période qui marqua la fin des deux mandats consécutifs du parti ADEMA-PASJ, ce dernier a vécu de mauvaises expériences au moment du choix du candidat à soutenir lors d’élections présidentielles à tel point qu’à la veille de chaque élection présidentielle au Mali, les regards se tournent vers ce parti et tout le monde se pose la question : va-t-il sortir indemne de l’épreuve ?
Si au sein du parti, certains appellent cela de la « démocratie à l’interne » traduisant la maturité politique de ses cadres, d’autres trouvent que cette « démocratie » présente trop de risques pour le parti. Pour preuve, à la veille de chaque élection présidentielle, la Ruche se met en ébullition et certaines Abeilles finissent par quitter la « maison » faute de consensus. S’il n’y a pas de départ, il y a toujours divisions internes qui finissent par pourrir la vie en famille comme on dit.
Les présidentielles de 2018 pointent à l’horizon et la Ruche, comme d’habitude se met déjà en ébullition. La marmite politique bouillonne. L’enjeu, c’est le choix du candidat ou de la candidate du parti. Ou du moins, quelle option politique prendre.
L’ADEMA-PASJ fait partie de la coalition des partis politiques appartenant à la majorité présidentielle. C’est dire, qui soutien les actions du président de la République. Pour cela, le parti a été récompensé pour son allégeance. Depuis l’élection d’Ibrahim Boubacar Kéita à la présidence de la République, l’ADEMA est représentée à tous les gouvernements formés. Cette représentation s’est même renforcée dans le dernier gouvernement avec deux portefeuilles pour le parti. C’est au même moment que la discussion est fortement engagée au sein de la Ruche autour de l’option politique pour les présidentielles de 2018. Dans une certaine mesure, cette option est facile : il s’agit tout simplement de soutenir la candidature du président IBK pour un second et dernier mandat. Mais, dans la Ruche, des voix s’élèvent pour critiquer cette option avançant l’objectif premier d’un parti politique : la conquête et l’exercice du pouvoir. Donc, a priori, rien n’empêche l’ADEMA de présenter un candidat contre IBK au premier tour de l’élection présidentielle de 2018. Le jeu d’alliance peut se jouer en cas de second tour.
Mais, si la stratégie du président « IBK », c’est de se porter candidat pour un second mandat et de le gagner dès le premier tour pour éviter les surprises désagréables, l’option de l’ADEMA de se porter candidat peut être mal comprise. Car, la victoire au premier tour, oblige à un rassemblement des partisans du camp présidentiel. D’où le grand dilemme.
L’autre question est la suivante : l’ADEMA-PASJ a-t-il aujourd’hui les moyens de sa politique ? A ce sujet, les avis sont partagés et reposent généralement sur l’analyse des intérêts en jeu. C’est clair que le président IBK pourra toujours compter sur des partisans au sein de la Ruche prêts à se sacrifier pour sa cause. Ils claqueront la porte du parti s’il le faut. La question se pose alors de savoir si le parti Adema acceptera de nouvelles scissions qui le fragiliseront davantage en vue des perspectives politiques. Cette probabilité existe et doit occuper le cœur des responsables de la Ruche, obligés de peser le pour et le contre de chaque option que le parti devra prendre en vue des élections de 2018. Et ne pas oublier (surtout) la position des militants à la base qui, depuis la « retraite politique » du Professeur Alpha Oumar Konaré semblent de plus en plus désemparés face aux choix politiques des nouveaux dirigeants du parti.
Certains analystes parlent déjà du spectre de la division qui plane sur la Ruche. Il appartient toutefois à l’ADEMA-PASJ de démontrer qu’il est un grand parti capable de relever des défis comme celui de l’option politique à prendre en vue des élections présidentielles de 2018.
Tièmoko Traoré