L’Essor - Macky Sall et Dioncounda Traoré ont discuté de la sécurité, de la stabilité et de la coopération sous régionale. Après Nouakchott, le président de la République par intérim, Dioncounda Traoré, était lundi à Dakar, la capitale sénégalaise. Le chef de l’Etat a été accueilli à l’aéroport international Léopold Sédar Senghor, par son homologue sénégalais, Macky Sall, les membres de son gouvernement, le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niasse, et le corps diplomatique. La forte colonie malienne du Sénégal a réservé un accueil chaleureux au président Traoré qui a pris ses quartiers à l’hôtel King Fahd palace (ex-Méridien). Macky Sall et Dioncounda Traoré auront ensuite un long tête-à-tête au palais présidentiel.
Mardi, Dioncounda Traoré a reçu la visite du président de l’Assemblée nationale sénégalaise, Moustapha Niasse, et du président d’honneur de l’Union pour la république et la démocratie (URD), Soumaïla Cissé. Celui-ci était venu exprimer au chef de l’Etat son soutien à la démarche en cours pour sortir notre pays de la crise.
Au terme de la visite, Dioncounda Traoré et Macky Sall ont animé, en début de soirée, une conférence de presse à l’aéroport de Dakar. Le chef de l’Etat a situé sa visite dans le cadre d’une concertation mutuelle.
Sur la situation sécuritaire dans la sous-région et, en particulier, la crise que traverse notre pays, les deux chefs d’Etat ont réaffirmé leur volonté de combattre le terrorisme et toutes les autres menaces à la stabilité des pays. Le Sénégal, rappelons-le, a envoyé, dans le cadre de la Mission internationale de soutien au Mali (Misma), un contingent de 100 hommes.
Les deux chefs d’Etat ont discuté de la marche de l’Organisation pour la mise en valeur du fleuve Sénégal (OMVS) dans la perspective du prochain sommet de l’organisation, les 25 et 26 mars.
Macky Sall a exprimé la solidarité du peuple sénégalais avec le Mali. Le Sénégal et le Mali sont deux peuples unis par l’histoire et la géographie et ont en commun la même devise. « Nous devons aider le Mali et aider mon frère le président Dioncounda Traoré pour son courage. Il fait le sacrifice pour sortir son pays de la crise en renonçant à toutes ses ambitions politiques », a souligné le président sénégalais qui a remercié la France et tous les pays qui ont manifesté leur solidarité en aidant notre pays contre les bandes armées.
Le Mali est en train de récupérer son intégrité territoriale mais il reste la phase de sécurisation et d’organisation des élections à laquelle le Sénégal participera aussi longtemps qu’il le faudra pour que notre pays retrouve la voie de la légalité constitutionnelle et du développement, a promis Macky Sall.
Répondant aux questions des confrères, Dioncounda Traoré a démenti les exactions de militaires contre des populations minoritaires. « Le Mali est un pays de tolérance et de solidarité. Nous sommes engagés dans la voie de la réconciliation à travers la commission dialogue et réconciliation qui vient d’être créée. Il n’y a donc pas d’exaction ou de représailles contre une communauté. Ceux qui le feront vont en répondre devant les juridictions compétentes maliennes ou internationales », a-t-il averti.
Actualité oblige, aussi bien à Nouakchott qu’à Dakar, le président de la République a commenté l’interpellation du directeur de publication du journal « Le Républicain », Boukary Daou. « Le Mali est en état d’urgence qui impose des restrictions et exige aussi une prise de conscience de tous les Maliens. Nul, aujourd’hui, n’a le droit de démobiliser nos troupes au front. Il (Ndlr : le journaliste) sera entendu. Dès que nous saurons qu’il n’y a rien derrière, il sera libéré. Sinon il sera mis à la disposition de la justice », a indiqué le chef de l’Etat questionné par un confrère.
Sur le sujet du retrait des troupes françaises, le président Traoré a expliqué qu’il s’effectuera en fonction de l’évolution de la situation sur le terrain. « La France a toujours dit qu’elle n’est pas venue pour rester au Mali. Ce n’est pas donc un langage nouveau. Mais comprenez que cela se fera dans la mesure du possible », a précisé le chef de l’Etat.
Dioncounda Traoré a précisé que le Mali et ses alliés ne livrent pas une guerre contre les Touaregs et que ceux-ci bénéficient d’une « discrimination positive ». Les Touaregs, relève-t-il à ce propos, sont intégrés dans l’armée et dans l’administration malienne. Des députés touaregs siègent également à l’Assemblée nationale. Sur les 19 députés des régions du Nord que sont Gao, Tombouctou et Kidal, 11 sont des Touaregs, a souligné le chef de l’Etat en assurant que les zones du nord sont prises en compte, pour ne pas dire qu’elles ont la priorité dans les programmes de développement initiés. « Ne vous faites pas l’écho de gens qui ne veulent pas que cette guerre finisse », a demandé le président Traoré aux confrères venus nombreux à l’aéroport de Dakar pour la circonstance.