Les locaux de la Banque de Semences de Safo ont abrité du 26 au 27 avril dernier, la 2ème édition de la foire d’exposition des semences paysannes de la commune rurale de Safo. Cette édition qui avait pour thème « semences paysannes: garants de l’indépendance et de l’autonomie des producteurs et productrices en agriculture paysanne agroécologique pour la souveraineté alimentaire » a été marquée par la sensibilisation des paysans et organisations paysannes venus de tout le pays.
La cérémonie de lancement de cette foire a eu lieu le mercredi 26 avril sous la présidence du Sous-préfet de Kalabancoro, Mme Cissé Aminata Diallo. Elle avait à ses côtés, le président de la coopérative ‘’DUNKA FA’’de Safo, Amadou Diarra, le Maire adjoint Dotigui Niaré, le président de l’ONG ‘’CAB DEMESO’’, le Chef secteur d’agriculture de Kati, Mady Coulibaly, expert en agro-économie à la FAO.
Cette foire a pour but de promouvoir l’agro-biodiversité en vue d’une souveraineté alimentaire durable pour les ménages des communes de Safo, Diago, Tienfala et Baya dans le cercle de Kati.
Le représentant de la FAO s’est dit fier de cette rencontre qui lui a permis de voir certaines variétés de semences que les paysans n’ont pas toujours délaissées. Avant d’inviter les organisateurs à pérenniser cette rencontre. Même message de la part du Maire adjoint de Safo selon qui, une telle foire de semences est un signe positif dans la lutte contre l’insécurité alimentaire. « C’est un lieu d’échanges d’expériences dans le domaine de l’agriculture et le maraichage. J’invite les participants à bien profiter de cette rencontre pour se partager leurs expériences. Cela va beaucoup améliorer les choses dans les différents villages et communes », a ajouté Dotigui Niaré.
La cérémonie officielle de lancement de la foire a été suivie par la visite des stands d’exposition des semences des paysans ou organisations paysannes venus des régions de Kayes, Koulikoro, Ségou, Sikasso, Mopti, etc..
Cela a été suivie d’une conférence-débats sur le thème : « protection agroécologie paysanne : mode de protection dynamique saine et efficace contre les nuisibles ». Cette conférence était animée par Dr Amadou K. Coulibaly, Responsable du Laboratoire de Biologie des Arthropodes et de Lutte Intégrée à IPR/IFRA de Katibougou et spécialiste de l’agroécologie.
Sa présentation a porté sur l’historique et la toxicologie des pesticides, la notion d’agro-écologie, ses expériences pratiques à l’IPR/IFRA de Katibougou, la formulation et la préparation des bio-pesticides, l’identification des auxiliaires: prédateurs, parasitoïdes, plantes pièges, phéromones, hormones et pièges chroma tropiques.
Selon le conférencier, à la fin de la 2ème guerre mondiale, les peuples d’Amérique et d’Europe épuisés par le conflit ont fait face à une crise alimentaire sans précédent. Et ont décidé de relancer l’industrie et l’agriculture. C’est ainsi dit-il, qu’est venue l’agriculture industrielle qui repose sur l’augmentation de la productivité à tous les coups et la standardisation des produits agricoles. La suite logique et évidente poursuit-il, fut l’utilisation des pesticides destinés à exterminer les nuisibles et les mauvaises herbes ravageurs des plantes cultivées. Alors que cette pratique n’est pas sans conséquences sur l’environnement et la santé des consommateurs. Car, selon lui, elle entraine l’épuisement et la dégradation des sols.
Mais heureusement se réjouit-il, il y’a une autre stratégie qu’est l’agriculture biologique qui, après une longue période d’éclipse, renait et commence à conquérir la confiance des consommateurs et des producteurs.
Amadou K. Coulibaly a défini l’agroécologie comme étant une intégration d’idées et de méthodes provenant de divers secteurs au lieu d’etre une discipline en soi. Comme sources de ce modèle agricole, il a cité les sciences agronomiques, l’écologie théorique et appliquée, les études de la dynamique des populations, des organismes animaux.
Durant deux heures, le conférencier a sensiblisé les paysans sur les effets des produits chimiques sur la santé et la nécessité pour eux d’aller vers l’agroécologie qui est pratiquée sur la base de certaines expériences des anciennes techniques agricoles. C’est pourquoi, il dira que ce modèle agrocole n’est pas nouveau et ne represente aucun danger pour les consommateurs encore moins pour l’environnement car elle se pratique sans intrants chmiques. Alors que pour lui, l’utilisation des produits chimiques dans les cultures favorisent la propagation de certains insectes ennemis des plantes et détruit ceux qui peuvent prioteger les cultures des envahisseurs.