28 avril 2017 – De retour d'une mission effectuée au Mali la semaine dernière, le Directeur des opérations du Bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) des Nations Unies, John Ging, a attiré l'attention vendredi sur l'urgence complexe à laquelle est confrontée le pays ainsi que sur la détérioration de la situation humanitaire.
Les besoins humanitaires et de développement sont de plus en plus importants à travers le Mali. Les zones dans le nord, et de plus en plus au centre du pays, touchées par le conflit et la violence sont celles qui connaissent une plus grande vulnérabilité.
Pour OCHA, les violences croissantes qu'engendre le conflit sont les principales causes de la crise humanitaire qui frappe le pays. Les personnes n'ont plus accès aux services de base, y compris l'eau, la santé et l'éducation, ce qui entraîne une intensification des besoins.
150.000 enfants déscolarisés dans le centre et le nord du pays
Depuis février, plus de 10.000 personnes ont été déplacées, reflétant la détérioration de la sécurité au centre du Mali. Les groupes radicaux menacent les enseignants et les communautés. 507 écoles ont été fermées dans le centre et le nord du pays, déscolarisant 150.000 enfants, soit une hausse de 70% d'établissements scolaires fermées par rapport à l'année dernière.
« Près de deux ans après la signature d'un accord de paix, le Mali est de nouveau à un tournant crucial avec des implications dévastatrices pour ses habitants et la région », a déclaré M. Ging dans un communiqué de presse. « En tant que communauté internationale, nous devons intensifier notre engagement ».
Cette année, près d'un Malien sur cinq a besoin d'une assistance humanitaire et 3,8 millions d'individus devraient se retrouver en situation d'insécurité alimentaire au cours de la prochaine période de pluies car la violence a réduit l'accès à la terre. Les taux de malnutrition sont à la hausse en raison de la diminution de l'accès à la nourriture et le pays a désormais dépassé le seuil d'alerte pour la malnutrition aiguë.
« Le problème le plus alarmant est le sort des femmes maliennes »
Lors de sa mission de trois jours, M. Ging, qui était accompagné de plusieurs représentants de bailleurs de fonds, s'est rendu à Mopti. Dans cette ville du centre du pays, la délégation a rencontré le gouverneur et a visité une unité de nutrition pour les enfants gravement malnutris, une école primaire et un centre de santé communautaire.
Au cours de sa visite, la délégation a pu voir de ses propres yeux la vie de plus en plus isolée des personnes vivant dans le centre du pays. « Le problème le plus alarmant est le sort des femmes maliennes », a déclaré M. Ging. « Neuf femmes sur dix âgées de 15 à 49 ans ont été victimes de l'horreur des mutilations génitales féminines. Nous devons faire beaucoup plus pour protéger les filles innocentes de cette brutalité ».
« La résilience des communautés elles-mêmes est remarquable », a commenté M. Ging. « À Mopti, nous avons visité une école qui a été construite et payée, à moitié par la communauté locale et à moitié par la communauté internationale, pour 300 enfants. C'est un véritable partenariat, mais la communauté internationale doit continuer à remplir son rôle », a rappelé le Directeur des opérations d'OCHA.
La réponse aux défis du Mali doit être globale et pas seulement sécuritaire
Lors de ses réunions avec des responsables, y compris le Premier ministre Abdoulaye Idrissa Maiga, M. Ging a souligné qu'une réponse globale, et pas seulement sécuritaire, était nécessaire pour s'attaquer aux défis croissants du Mali. Le Directeur des opérations d'OCHA a encouragé les autorités maliennes à s'engager plus étroitement avec les communautés touchées et à œuvrer au rétablissement des services de base.
M. Ging a demandé à la communauté internationale d'accroître de manière urgente le financement de l'action humanitaire, notant que le déclin constant du financement pour soutenir les communautés vulnérables coûte des vies et des souffrances humanitaires inutiles et incommensurables. Alors que le plan d'intervention humanitaire pour 2017 d'un montant de 293 millions de dollars n'est financé qu'à hauteur de 11,6%, le Directeur des opérations d'OCHA a plaidé pour une plus grande visibilité sur l'urgence complexe à laquelle fait face le Mali à ce moment critique.