La paix au Mali sera gagnée avec les Maliens ou elle ne se gagnera pas. C’est conscient de ce constat que deux groupes armés, notamment le Mouvement pour le Salut de l’Azawad (MSA) et le Groupe d’autodéfense touareg Imghad et alliés (GATIA) ont lancé, depuis quelques jours, et avec l’appui des FAMA, des patrouilles conjointes pour sécuriser la région de Ménaka, en attendant la mise en place et l’opérationnalité des patrouilles mixtes prévues par l’Accord pour la paix.
Bientôt deux ans, après la signature de l’accord pour la paix et la réconciliation au Mali, l’administration de l’État reste toujours absente dans plusieurs localités du pays, à cause de l’insécurité.
Si la menace sécuritaire est partout une réalité dans notre pays, dans les localités du nord et du centre où l’État se fait toujours désirer, les populations sont les plus exposées. Ainsi, pour pallier ce vide et pour le bonheur de ses populations, la région de Ménaka n’a pas attendu l’arrivée du MOC et des patrouilles mixtes. Pour preuve : depuis quelques jours, des patrouilles conjointes entre des groupes armés locaux et les Forces armées maliennes et de sécurité sont visibles pour rassurer les habitants à vaquer librement à leurs affaires.
L’initiative qui participe de la mission régalienne de l’Etat d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens partout où elles se trouvent est appréciée par les FAMA qui ne s’attendent qu’à ces genres de collaboration. « L’armée malienne est ravie de l’initiative prise par ces groupes et les accompagne sur ce chemin. Notre objectif est d’assurer la sécurité des personnes et de leurs biens », a indiqué le lieutenant Abdourahmane Ag Mbareck.
C’est après une rencontre des populations de Ménaka, tenue fin mars, que des mesures ont été prises pour renforcer la sécurité dans la région, nous indique une source locale.
«Nous avons organisé l’entente parce qu’on était victime de plusieurs maux. Il y a des braquages, des enlèvements de véhicules, des assassinats. Les partenaires font l’objet de cambriolage chaque nuit. Il y a chaque jour des enlèvements sur la route qui nous relie à Ansongo et Gao », a expliqué Lando Koyta, 1er adjoint au maire de Ménaka.
Les initiateurs de ces patrouilles conjointes ne comptent pas s’arrêter en si bon chemin. Ainsi, parmi les mesures figurent, selon nos sources, l’installation d’une sécurité d’urgence opérationnelle jusqu’aux frontières nigériennes et le renforcement de l’entente entre les populations.
Le renforcement de la sécurité permettra aux populations qui font régulièrement l’objet d’attaque de vaquer librement à leurs activités, selon Adim Ag Albacher, un officier du MSA. «Tous les Ménakois sont fatigués. C’est pour cela que nous avons décidé de nous organiser tous ensemble pour rétablir la sécurité chez nous », a-t-il déclaré à Sahelien.com.
Les patrouilles sont menées de jour comme de nuit afin de sécuriser la ville et ses environs. Il est instauré un couvre-feu de 22 h à 6 heures et la circulation des engins ou véhicules à la tombée de la nuit est limitée aux ambulances, aux véhicules militaires et administratifs.
Concernant la circulation dans la ville, tous les véhicules ou engins à deux roues doivent disposer de documents d’identification. « C’est pour faciliter la tâche lors de la recherche de moto ou de véhicule volé. Lorsque le propriétaire d’un engin volé fait une déclaration, il donne son nom et les informations comme le numéro de châssis, le type d’engin, etc. On le communique aux patrouilles et aux check-points sur les routes pour nous faciliter la recherche », affirme Ismaghil Ag Abdorahmane, combattant du MSA.
Pour l’heure, le Mécanisme opérationnel de Coordination (MOC) prévu par l’accord pour la paix et la réconciliation et qui doit prendre en charge les patrouilles mixtes dans les régions du nord n’est pas encore opérationnel à Ménaka.
Il s’agit d’une initiative salutaire nécessaire pour la paix dans notre pays. En tout cas, c’est aux Maliens de faire et même d’imposer la paix dans leur pays.