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La secrétaire générale de la centrale démocratique des travailleurs du Mali (CDTM) Mme Sidibé Dédéou Ousmane : “Notre objectif est de faire le syndicalisme autrement. Il s’agit de privilégier le dialogue social sur la grève”
Publié le samedi 29 avril 2017  |  Aujourd`hui
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«Nous allons célébrer la fête du travail le 4 mai, en même temps que l’inauguration du siège de Cdtm à l’Hippodrome» En prélude à la fête des travailleurs, célébrée le 1er Mai de chaque année, nous nous sommes entretenus avec la secrétaire générale de la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm), Mme Sidibé Dédéou Ousmane. Selon elle, “l’essence même de la commémoration ou de la célébration réside dans le fait que les travailleurs s’arrêtent pour faire le bilan de leurs combats afin d’évaluer ce qu’ils ont obtenu suite à leurs revendications”. A la Cdtm, il faut préciser que c’est le dialogue social qui est mis en avant plutôt que la grève.

Aujourd’hui : Madame la secrétaire générale, pourquoi la fête du travail célébrée le 1er mai de chaque année ?
Sidibé Dédeou Ousmane : Effectivement, nous célébrons la fête du travail le 1er mai de chaque année parce que c’est la date historique consécutive à la révolte des travailleurs américains à Chicago. C’était le 1er mai 1886. Cette révolte a d’ailleurs permis aux travailleurs, sous la pression des syndicats, d’obtenir la journée du travail de 8 heures. Il faut reconnaitre que cette manifestation ayant été réprimée, donc chaque 1er mai, le monde du travail célèbre cette journée en souvenir des camarades qui ont perdu la vie, en revendiquant leurs droits.
C’est pour vous dire que suite à cette répression violente, le 1er mai est toujours célébré dans le monde entier comme fête internationale des travailleurs. Aujourd’hui, on l’appelle tout simplement la fête du travail.
Est-ce que la façon dont le 1er mai est fêté au Mali correspond réellement à l’esprit de la fête du travail ?
C’est le monde du travail, qui au Mali aussi, célèbré le 1er mai. C’est pour vous dire que c’est toujours dans le cadre de la fête du travail. Mais, il faut préciser que le 1er mai est célébré diversement à travers le monde. L’essence même de la commémoration ou de la célébration réside dans le fait que les travailleurs s’arrêtent pour faire le bilan de leurs combats afin d’évaluer ce qu’ils ont obtenu suite à leurs revendications. C’est aussi une occasion pour informer leur base, mais naturellement cette commémoration se transforme en fête. Parce que, tout simplement, ce sont des rencontres qui se déroulent par-ci par-là. Il y a aussi des pays dans lesquels on ne fête pas le 1er mai. D’autres fêtent le 8 mai et par un défilé comme on faisait au Mali sous le régime communiste.
Je me rappelle qu’en République Démocratique d’Allemagne, c’était vraiment le défilé puisque j’ai vécu dans ce pays pendant une dizaine d’années. C’est un défilé de plus de 6 heures d’horloge. Et c’est surtout les jeunes qui faisaient une démonstration de force parce que la force du travail, c’est aussi la jeunesse.
Au Mali, ce n’est pas forcément que de défilés, il y a également beaucoup de manifestations et d’événements qui se produisent au cours de cette journée du 1er mai.
Que prévoit votre Centrale syndicale pour célébrer la fête du travail de cette année ?
Depuis la création de la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm) nous avons décidé de célébrer le 1er mai autrement, en organisant des conférences-débats sur des thèmes d’actualité. Nous avons tenu beaucoup de conférences sur la protection sociale des travailleurs puisque nous avons aussi beaucoup d’affiliés dans le secteur informel.
Nous avons également organisé des conférences sur l’Assurance maladie obligatoire (Amo) qui est aussi un problème nouveau au Mali, mais, qu’il faut vulgariser davantage pour que les travailleurs comprennent eux-mêmes que ce produit est vraiment dans leurs propres intérêts. Il s’agissait pour nous de faire connaitre ce produit auprès des travailleurs. Je profite de cette opportunité pour remercier les plus hautes autorités et toutes les Caisses de sécurité sociale, notamment l’Institut national de prévoyance sociale (Inps) et la Caisse nationale d’assurance maladie (Canam), qui ont animé ces conférences-débats. Ils nous ont aidés pour que nous puissions faire la promotion de l’Assurance maladie obligatoire (Amo) et faire comprendre aux travailleurs, surtout ceux du secteur informel, les avantages de la protection sociale. Cette expérience est finalement devenue une tradition pour la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm). Cette année, l’actualité brûlante, c’est le dialogue social. Nous avons programmé une conférence-débat sur le cadre du dialogue social au Mali. Il s’agit pour nous d’amener tous les partenaires à pouvoir faire des réflexions et recommandations pour qu’on aille dans un cadre élargi de dialogue social. Cela, afin d’éviter à notre pays ce que nous sommes en train de vivre aujourd’hui sur le front social.
Pour des raisons de calendrier, nous allons célébrer la fête du travail le 4 mai, en même temps que l’inauguration du siège de Cdtm à l’Hippodrome. Indépendamment de ces activités, avec notre consœur la Confédération malienne du travail (Cmt), nous allons organiser un défilé sur l’Avenue du Mali, le 1er mai.
S’agissant de la conférence-débat sur le dialogue social, est-ce que vous avez invité le département du Travail et de la Fonction Publique ?
Bien sûr ! Nous avons d’ailleurs écrit au ministère chargé du dialogue social, notamment le département du Travail et de la Fonction Publique. Nous avons aussi saisi le ministère de la Solidarité et de l’Action Humanitaire parce que nous avons un volet qui porte sur la couverture maladie universelle, qui est aussi nouveau au Mali. Cela afin qu’ils puissent nous désigner des conférenciers. Il y a d’autres personnes ressources comme le Conseil national du patronat du Mali (Cnpm) et les autres centrales syndicales aussi que nous recevrons avec un grand plaisir pour rehausser le niveau de ce débat. Parce que c’est un débat national qui concerne tout le Mali.
Quels sont vos rapports aujourd’hui avec le département du Travail ?
Nous n’avons pas de rapports particuliers avec le ministère du Travail et de la Fonction Publique. Nous avons tout simplement des rapports de syndicats à département. Je dois quand même souligner que le ministre chargé de ce département, Diarra Raky Talla, a une ouverture d’esprit. Sa porte nous est toujours ouverte. Elle nous reçoit tant que nous le souhaitons pour échanger sur nos préoccupations. Nous appelons tous les autres départements à suivre le ministre du Travail et de la Fonction Publique pour qu’il y ait un suivi du protocole d’accord, de procès-verbal, issus de nos négociations avec le gouvernement et le Patronat.
Madame la secrétaire générale, le front social a été agité ces derniers temps. Est-ce que le 1er Mai offre l’occasion à votre Centrale syndicale de se prononcer à ce sujet ?
Absolument ! Mais, en termes d’appels à toutes les parties, à nos camarades travailleurs et également au gouvernement. Il faut reconnaitre que les autorités sont en train de faire preuve de beaucoup de disponibilité. Nous avons été reçus par le nouveau Premier ministre, le ministre du Travail et de la Fonction Publique, et celui de l’Education. Ce ne sont pas que ces secteurs, il y a le secteur de l’Administration générale des collectivités, de la justice où nous avons un syndicat affilié composée de 800 personnes, qui sont à leur troisième préavis de grève. Il faut absolument que tous les départements concernés se mettent avec nous autour de la table pour prévenir. Parce que gouverner aussi, c’est prévoir.
Le gouvernement donne l’impression d’avoir très bien reçu le message des travailleurs pour impulser une nouvelle démarche dans la prise en compte des doléances du monde du travail. Qu’en dites-vous ?
Oui, c’est un fait. Maintenant, nous sommes au niveau des départements concernés par les multitudes grèves, après le Premier ministre. Mais, ils semblent nous dire qu’ils sont ouverts. Il n’y a pas de raison que les travailleurs aussi ne soient pas disponibles pour aller au dialogue. Peut-être qu’au niveau de la Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm), nous avons toujours dit que nous allons faire du syndicalisme autrement. En d’autres termes, nous privilégions le dialogue sur la grève. Ce ne veut pas dire que nous ne pouvons pas aller à la grève. Nous pourrons bel et bien aller à la grève, si la nécessité s’impose. Mais, ce serait la solution ultime.
Un mot sur la Centrale démocratique des travailleurs du Mali ?
La Centrale démocratique des travailleurs du Mali (Cdtm) est la dernière créée en République du Mali. On ne peut pas dire qu’elle est jeune parce qu’elle est composée d’anciens syndicalistes très avertis, très outillés, qui ont fait l’éducation ouvrière. Mais, aussi par des jeunes cadres de toutes parts de l’administration publique, qui sont très motivés et qui savent ceux qu’ils veulent. C’est une Centrale qui a aujourd’hui le visage d’une vraie organisation syndicale au Mali et qui est dévouée à la défense des intérêts matériels et moraux des travailleurs. Il n’y a aucun retraité qui fait partie du Bureau exécutif de la Cdtm. Nous sommes dans beaucoup de régions et nous sommes en train de nous préparer à accueillir de nouveaux camarades. Ils vont bientôt faire leurs adhésions à la Centrale démocratique des travailleurs du Mali.
Quelle est l’ambition de votre Centrale syndicale ?
Notre ambition est de donner un autre visage au syndicalisme au Mali. Il faut que nous soyons des syndicalistes bien outillés pour pouvoir à mener bien notre mission. Si nous ne sommes pas bien formés, bien outillés face aux partenaires, qui sont techniques, cela pose vraiment problème. Le syndicaliste doit savoir ce qu’il revendique parce qu’il aura étudié d’abord tous les paramètres.
Au niveau de la Cdtm, nous voulons innover aussi en développant le secteur de l’emploi. Nous avons beaucoup de jeunes, notamment dans le secteur informel, qui ont besoin d’être soutenus, formés, encouragés afin de créer de l’emploi. Tout le monde ne peut pas être fonctionnaire ou être dans un bureau. Mais, tout le monde peut travailler parce que le Mali regorge de beaucoup de potentialités. Nous comptons développer cet aspect. C’est une ambition de la Cdtm.
Un appel à lancer ?
Je profite de cette occasion pour souhaiter une bonne fête à tous les travailleurs de la Centrale démocratique des travailleurs du Mali, à tous les travailleurs affiliés aux autres centrales et à tous les travailleurs non affiliés. En un mot, bonne fête à tous les travailleurs du Mali, d’Afrique et du monde entier.
Réalisé par A.B. HAÏDARA
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