Samedi, 29 avril, des ressortissants du cercle de Yélimané s’étaient regroupés à Bamako pour dénoncer la montée de l’insécurité, à l’appel de l’association Yélimané Dagakané. Le ton était plutôt guerrier, et la foule pointait un doigt accusateur sur les autorités politiques et administratives du pays. Au même moment, des rassemblements similaires ont eu lieu à Paris et à Yélimané pour la même cause.
A Bamako, la foule qui avait répondu à l’appel de Yélimané Dagakané a occupé un moment la route en brandissant des banderoles et scandant : « on veut la paix !». La raison de la colère des ressortissants de Yélimané est la gestion de l’insécurité grandissante dans la région de Kayes, particulièrement dans le cercle de Yélimané.
Il y a environ deux semaines, deux attaques ont visé les populations civiles dans cette localité d’où sont originaires de nombreux maliens de l’étranger. « Dans un premier temps, un car et un taxi ont été attaqués entre Kayes et Yélimané par des bandits. Ils ont emporté un butin de plus de 40 millions de francs CFA », a expliqué Daman Konté, le président de Yélimané Dagakané.
Le deuxième cas est l’attaque contre une famille de Yélimané où les bandits se sont introduits en pleine nuit pour braquer les gens. Les malfrats ont tiré deux balles sur la jambe gauche du chef de famille qui a tenté de se défendre. Sa femme, atterrée, a escaladé le mur pour aller chercher du secours. Un des voisins venus à la rescousse a été abattu par balle.
C’est pour que plus jamais une telle horreur ne se produise à Yélimané que les rassemblements du samedi ont été organisés simultanément à Paris, Bamako et Yélimané. «C’est parce que le premier cas n’a pas fait réagir les autorités que la seconde attaque a été commise. Nous invitons donc le gouvernement à prendre des mesures. Mais nous n’allons plus nous laisser faire désormais», a déclaré Daman Konté.
Le plus choquant dans ces attaques, selon les ressortissants de Yélimané, c’est que les représentants de l’Etat à Kayes et à Yélimané n’ont pu rien faire après les attaques. Pire, ces représentants locaux de l’Etat sont accusés d’entraver la bonne marche de l’enquête.
En effet, l’inspecteur Papa Mamby, appelé l’Epervier du Mandé, a été dépêché pour des enquêtes et a mis aux arrêts des suspects. Malheureusement, ces suspects n’ont pas été transférés à Bamako comme l’auraient voulu les habitants de la localité. «S’ils libèrent les bandits, on va les tuer ! », a crié un participant au rassemblement.
La colère des ressortissants du cercle est grande contre la machine administrative à laquelle ils ne font plus confiance. « Trop, c’est trop », a lancé Kandia Traoré, la présidente des femmes de Yélimané Dagakané. «Les bandits ne se contentent plus des attaques sur la route. Maintenant, ils regardent dans les villes pour repérer des familles qui ont un peu de moyens et viennent les attaquer dans la nuit », a-t-elle poursuivi.