Le Maroc s’est félicité samedi de la résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara, adoptée la veille à l’unanimité, visant à rester vigilant quant au retrait du front polisario d’une zone contestée. Cette résolution prolonge également jusqu’au 30 avril 2018 le mandat de la mission de maintien de la paix de l’ONU sur place (Minurso).
Le Maroc se félicite de la résolution du Conseil de Sécurité. Aujourd’hui, il y a une dynamique “, a déclaré samedi à la presse le ministre marocain des Affaires étrangères, Nasser Bourita.
La résolution appuie une initiative de M. Guterres, qui devra présenter un rapport dans les 30 jours, pour relancer des pourparlers de paix. Elle prolonge également jusqu’au 30 avril 2018 le mandat de la Mission de maintien de la paix de l’ONU sur place (Minurso) qui supervise le cessez-le-feu de 1991 entre le Maroc et le front polisario.
La résolution appelle le Maroc et le front polisario, soutenu par l’Algérie, à montrer une volonté politique et travailler dans une atmosphère propice au dialogue afin de reprendre les négociations.
Ancienne colonie espagnole, le Sahara rentré dans le giron national depuis la Grande Marche Verte de 1975. Date à laquelle des centaines de milliers de citoyens marocains, hommes , femmes, jeunes et vieux, récupèrent les provinces du Sud de leur pays. Un cessez-le-feu supervisé par la Minurso est intervenu en 1991. Les indépendantistes du Front Polisario réclament un référendum d’autodétermination alors que Rabat propose comme solution de ” compromis ” une autonomie sous sa souveraineté.
L’initiative d’autonomie proposée par le Maroc se retrouve une nouvelle fois confortée, a estimé M. Bourita, soulignant que la résolution rappellait la dimension régionale du conflit.
”Le Conseil de sécurité et le patron de l’ONU ont à plusieurs reprises appelé les pays voisins, notamment l’Algérie (qui soutient le front polisario), à faire des efforts”, a-t-il poursuivi.
Le ministre est revenu sur le retrait, survenu vendredi dernier, du polisario de la zone contestée de Guerguerat, un no man’s land de quelques kilomètres carrés à la frontière avec la Mauritanie qui avait causé des tensions entre le Maroc et le polisario ces derniers mois.
Disant vouloir lutter ” contre la contrebande “, le Maroc avait entamé mi-août 2016 au sud de cette zone la construction d’une route goudronnée. Après le début des travaux, l’ONU s’était alarmée des risques de dérapage et le polisario avait commencé à multiplier les incursions dans la zone.
Fin février, le Maroc avait annoncé son retrait de cette zone, contrairement au polisario, qui avait refusé de la quitter malgré un appel lancé par le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres.
”Le Polisario a été contraint de se déjuger et de sortir la tête baissée de Guerguerat, sous la pression du Conseil de sécurité, et pour éviter une condamnation très ferme”, a renchéri le Ministre marocain.
‘ ‘Cela conforte le Maroc sur sa position concernant le statut de la zone tampon, qui doit être libre de toute présence militaire, avec un trafic routier non perturbé et un cessez-le-feu respecté”, a-t-il souligné.
”Le Maroc continuera à observer la situation de très près sur le terrain”, a prévenu le ministre. ”Le retrait du Polisario doit être complet, sans condition et permanent”.
Le royaume a contribué à créer une atmosphère de sérénité, a ajouté M. Bourita, soulignant l’implication personnelle de Sa Majesté le Roi Mohammed VI dans ce dossier.
‘’La France espère que l’adoption à l’unanimité de cette résolution permettra de tourner résolument vers l’avenir pour nourrir la dynamique politique engagée au bénéfice de tous dans la région, a plaidé de son côté l’Ambassadeur François Delattre.
Ce conseil surveillera de près ce que font les parties, a averti l’Ambassadrice adjointe des États-Unis, Michele Sison.
Plusieurs Ambassadeurs ont demandé à toutes les parties de s’engager sérieusement dans ce nouvel effort pour relancer les négociations. Le conflit empoisonne les relations entre l’Algérie et le Maroc dont les frontières sont fermées depuis 1994.
Les États-Unis avaient fait circuler lundi ce projet de résolution auprès des autres membres du Conseil de sécurité, après des consultations avec la France, la Russie et le Royaume-Uni.
Guterres avait envoyé plus tôt en avril un rapport au Conseil de sécurité pour promouvoir une “nouvelle dynamique” et des négociations afin de parvenir à une “solution politique mutuellement acceptable qui inclut une résolution de la dispute sur le statut final du Sahara”.
Un obstacle avait été levé avec la démission début mars de l’émissaire spécial de l’ONU pour le Sahara, Christopher Ross, après huit ans d’efforts. Ses prises de positions étaient en faite souvent ambigues. L’ex-président allemand Horst Kohler pourrait le remplacer.
En mars, M. Guterres s’est entretenu par téléphone avec le roi du Maroc Mohammed VI et a rencontré le chef du polisario Brahim Ghali, au siège de l’ONU à New York.
L’ONU avait ouvert en 2007 des négociations entre le Maroc et le polisario dont la dernière session s’est tenue en 2012. A l’époque, seul le Maroc avait déposé sur la table une proposition de règlement de la crise. Cette proposition, jugée sérieuse et crédible par la communauté internationale n’a jusque-là pas eu d’échos favorable de la part des autres parties concernées: front polisario et Algérie. Aujourd’hui, encore la communauté internationale réclame des efforts aux parties dans le sens des négociations. Côté marocain, peut-on noter, cela n’avait jamais fait défaut. Le blocage est situé au niveau du front polisario qui ne pourrait rien faire, ni décider sans les avis de ses maitres basés en Algérie.