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Les atteintes à la liberté de la presse se multiplient au Mali
Publié le samedi 16 mars 2013  |  AFP


© aBamako.com par A S
Journée presse morte au Mali
Bamako, le 12 mars 2013. Kiosques vides, silence radio aux niveaux des radios et télévisions privées.


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BAMAKO - Les journalistes maliens dénoncent la multiplication des arrestations arbitraires et des tentatives d'intimidation
dont ils sont victimes depuis le coup d'Etat de l'an dernier, après
l'interpellation récente du directeur du quotidien Le Républicain sur fond de
guerre.
"Depuis le coup d'Etat du 22 mars, on a l'impression qu'on essaye par tous
les moyens de détruire le métier de journaliste", assure à l'AFP Neimatou
Coulibaly, du quotidien Le Combat. "Il y a des intimidations, des arrestations
arbitraires, des agressions. On a peur d'être agressé en ville".
Le 22 mars 2012, des putschistes menés par le capitaine Amadou Haya Sanogo
renversaient le régime d'Amadou Toumani Touré, jugé incapable de lutter contre
la rébellion touareg et des groupes islamistes dans le nord du pays. Mais le
putsch a en réalité précipité la chute de la région aux mains de ces groupes.
Sous la pression internationale, la junte avait transféré dès le 6 avril le
pouvoir à un régime de transition présidé par Dioncounda Traoré.
Depuis le coup d'Etat, Neimatou Coulibaly est persuadée que les
journalistes "sont sur écoute". Ces derniers mois, sa rédaction a reçu des
appels téléphoniques anonymes "pour nous interdire de diffuser des articles
sur la police, mais nous n'avons pas cédé", assure-t-elle.
Le dernier épisode qui soulève la colère des journalistes à Bamako date du
6 mars: ce jour-là, le directeur de publication du Républicain est arrêté en
raison de la publication d'une lettre ouverte de soldats contre le capitaine
Sanogo.
Son arrestation a provoqué une opération "presse morte", levée jeudi après
le transfèrement à la police de Boukary Daou, jusqu'alors détenu par les
services de renseignement.
Pour Gilles Yabi, directeur Afrique de l'Ouest de l'ONG International
Crisis Group, cette arrestation "est la preuve que l'influence" de Sanogo
"existe toujours". "On est dans un contexte où le président Dioncounda Traoré,
certes renforcé par l'intervention militaire française, cherche toujours à
ménager le capitaine Sanogo", a-t-i affirmé vendredi à RFI.

"Il faut faire très attention"

Le Républicain a réagi en jugeant que "la liberté de la presse a du plomb
dans l'aile" depuis le 22 mars, énumérant une demi-douzaine de journalistes
arrêtés ces derniers mois.
"C'est devenu un peu plus dangereux de faire notre travail", confirme Makan
Koné, président de la Maison de la presse, fédération d'associations de presse
du Mali. "Il faut faire très attention et c'est vrai que certains confrères
sont obligés de s'auto-censurer", dit-il.
Si la situation empire, M. Koné estime que le Mali "n'a jamais été un pays
de liberté d'expression" et rappelle qu'en 2007, quatre directeurs de
publication et un journaliste avaient été arrêtés à la suite d'un article sur
la "maîtresse du président" Touré.
En 2012, avant le putsch, le Mali était pourtant classé au 25e rang mondial
en matière de liberté de la presse par Reporters Sans Frontières: sa situation
était jugée "plutôt bonne". En un an, le pays a dégringolé de 74 places.
Depuis le coup d'état, l'ONG Committee to Protect Journalists a dénombré un
total "édifiant de 62 violations de la presse à travers le Mali", des
"attaques, menaces, tentatives dassassinat, arrestations arbitraires" qui sont
le fait "des mouvements séparatistes et islamistes comme des forces de
sécurité gouvernementales".
Il y a aussi la guerre, difficile à couvrir, et son lot de rumeurs. "Nous
sommes très vigilants sur les informations que nous recevons, celles par
exemple qui portent sur les prétendues exactions de l'armée malienne qui
nécessitent un gros travail de recoupement", dit Sambi Touré, directeur du
quotidien Infomatin.
Mais, pour Souleymane Drabo, directeur de publication du journal
gouvernemental l'Essor, l'intervention militaire franco-africaine entamée le
11 janvier contre les islamistes armés, a un peu amélioré la situation:
"Avant, on ne pouvait pas trop critiquer les putschistes, mais maintenant ils
ne sont plus les seuls à avoir les armes".

sj/stb/de

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