Il est passé maître dans l’art de nous en mettre plein la vue. J’aime écouter les propos de mon cousin, quand il rentre de ses visites autant nombreuses qu’infructueuses et se prête au micro de la télévision nationale pour nous baratiner sur les supposées retombées de ses pérégrinations.
Revenu d’Arabie Saoudite, il nous a encore bourré le mou (et je ne vais pas faire la moue) de projets que le souverain saoudien aurait consenti de financer. Dans sa besace, une multitude de projets dont la matérialisation dépasserait le temps du mandat à lui confié par le peuple. Bien sûr, l’Etat est une continuité. Seulement, l’exercice mille fois répété semble désormais éprouvé, et paraît aux des Maliens comme de la poudre aux yeux.
Vous vous souvenez des milliers de milliards que mon cousin avait promis lors de son retour d’une de ses pérégrinations ; des projets de construction d’immeubles à usage commercial à l’emplacement des camps A et B. Avec lui, mon cousin adoré, on prendrait des vessies pour des lanternes.
Mais quoi qu’il fasse, je n’arrive pas à désaimer mon cousin. Savez-vous pourquoi ? Parce que je l’ai toujours jugé incapable… S’il excelle dans un domaine particulier, c’est peut-être dans la maîtrise de la langue de Molière. Ce qui est très insignifiant pour nous assurer l’honneur et le bonheur promis, jurés, mais toujours trichés !
Et, quelque part, l’attachement de mon cousin à la langue française est symptomatique de sa volonté de se réclamer de la culture française, dont il croit être un des dépositaires. Mon cousin est un Français à la peau basanée. Rien de ce qu’il fait ne tient de notre culture. Il a un potentiel d’excentricité sans commune mesure.
Pendant que certains de ses prédécesseurs se mettaient à même le sol pour communier avec leurs compatriotes dans les villages, mon cousin adoré préfère emporter avec lui son fauteuil présidentiel (et sa petite glacière médicale), comme pour prendre de la hauteur vis-à-vis de ses compatriotes. À croire qu’il les regarde de haut !