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Histoire: Pour une ‘’jambe’’
Publié le mercredi 3 mai 2017  |  Le 26 Mars
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Après un long séjour à l’hôpital pour cause d’une gangrène qui avait atteint sa jambe gauche, S.B. ébéniste de son état, en était sortie en juin 2015 avec la jambe amputée.

Comment faire pour subvenir aux besoins de sa famille dont il est l’unique espoir ?

Domicilié à Magnambougou, père de huit enfants, notre ébéniste passait des nuits blanches, réfléchissant à la gestion future de sa vie.

Une jambe, c’est beaucoup pour un homme. Et surtout pour un ébéniste solitaire.

Peut-on être productif avec une seule jambe ? Peut-être bien. Mais, notre ébéniste en voulait deux. Et, à force de réflexion, S.B. a décidé, grâce à ses économies, de s’acheter une prothèse. Ainsi, après acquisition de sa jambe artificielle, S.B. s’était remis au travail.

Hélas, les choses n’allaient plus comme avant, car, notre ébéniste avait du mal à travailler correctement.

Aux dires de certains, il fallait au moins 3 semaines au pauvre homme pour confectionner une simple armoire et toute une semaine pour une tablette.

Triste souvenir de ces temps où S.B. pouvait confectionner 1 armoire par semaine.

La lenteur dans le travail a donc valu à S.B. la perte de la quasi-totalité de ses clients.

La vie devenait de plus en plus dure, notre ébéniste n’arrivait plus, depuis bientôt un an, à payer ses frais de location.

Et le 3 avril dernier, l’impatience du propriétaire de la concession dans laquelle vivent S.B. et sa famille, aura raison de son malheur.

Ce jour-là en effet, le propriétaire de la maison, las d’attendre des frais de location qui ne tombaient plus, vint purement et simplement enlever la jambe artificielle de S.B. et l’enferma dans son magasin.

Malgré l’intervention des voisins, l’implacable propriétaire décida de ne remettre à S.B. “sa jambe” qu’après paiement intégral de ses dus.

Depuis, S.B., n’eut d’autres choix que de rester à la maison.

Fatigué de rester immobile à domicile, S.B., sur instruction de ses colocataires, a décidé d’attaquer le propriétaire de la concession devant la justice. Car, soutenait-il, personne ne peut prendre un organe de son prochain en caution. Une prothèse est-elle un ‘’organe’’.

Le tribunal n’aura pas à statuer sur l’affaire.

Et pour cause. Un commerçant, gros bonnet du quartier, s’est engagé le 23 avril dernier à payer les arriérés de location de S.B. et même une avance de 4 mois de frais de location.

La remise de la jambe a été ainsi effectuée le 26 avril en présence du commerçant que l’on soupçonne d’être en fait le vrai propriétaire de la concession.

Les mauvaises langues racontent que le ‘’gentil’’ homme aurait arrangé l’ébéniste parce qu’un juriste au parfum de l’affaire lui aurait expliqué que l’acte qui a consisté à prendre en ‘’otage’’ la “jambe’’ du malheureux ébéniste, constituait un acte puni par la loi et pourrait être considéré comme… une mutilation. Pas ça tout de même ! Une prothèse est une…prothèse.

Boubacar Sankaré
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