NOUAKCHOTT - La France a annoncé dimanche la mort de
son cinquième soldat depuis le début de son intervention armée au Mali, au
moment où se tenait à Nouakchott une réunion internationale sur la sécurité
dans la bande sahélo-saharienne qui inclut le Mali en guerre.
Le cinquième soldat français est mort au combat dans le nord du Mali, a
annoncé le président François Hollande dans un communiqué.
Trois autres soldats français ont été blessés dans l’explosion de leur
véhicule "sur un engin ennemi", dont "deux assez sérieusement" lors d’une
opération au sud de Tessalit, près de la frontière algérienne, a précisé le
ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian.
C’est dans cette région, plus particulièrement le massif des Ifoghas, que
les soldats français et tchadiens mènent depuis plusieurs semaines la traque
aux islamistes liés à Al-Qaïda qu’y s’y sont retranchés avec leurs armes
depuis leur fuite, fin janvier, des grandes villes du nord du Mali qu’ils
occupaient, Gao, Tombouctou et Kidal, reprises par les armées française et
africaines.
Le président Hollande a salué "avec émotion la détermination et le courage
des forces françaises au Mali dans l’ultime phase, la plus délicate, de leur
mission", exprimant sa "grande tristesse" après la mort de ce caporal
d’infanterie, Alexandre Van Dooren. Le président a adressé "à sa famille et à
ses proches ses plus sincères condoléances et le respect de toute la Nation".
Plus au sud des Ifoghas, près de Gao, la plus grande ville du nord du Mali
qui a subi en février les violences provoquées par les islamistes armés, cinq
obus ou roquettes ont explosé dans la nuit de samedi à dimanche, sans faire de
victimes, a-t-on appris de sources militaires française et malienne.
Quelque 4.000 militaires français sont actuellement déployés au Mali, où de
violents combats les opposent aux islamistes armés dans le nord-est du pays,
près de la frontière algérienne.
Le président français avait annoncé le 6 mars "une diminution du nombre de
soldats" français déployés au Mali "à partir du mois d’avril".
"Arrangements opérationnels"
C’est dans ce contexte qu’une réunion internationale sur la sécurité dans
la bande sahélo-saharienne entre représentants des pays voisins du Mali en
guerre, de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE) et de l’ONU,
s’est ouverte au niveau ministériel dimanche à Nouakchott.
Ses objectifs sont "de faciliter l’accomplissement de son mandat par la
Misma", la force armée africaine présente au Mali, de "renforcer l’efficacité
de la lutte contre le terrorisme à travers des mesures appropriées de
surveillance des frontières et l’échange de renseignements", et "d’unifier une
réflexion sur des arrangements opérationnels de sécurité".
"Les progrès réalisés sur le terrain doivent être renforcés par une
contribution accrue des voisins du Mali pour le renforcement de la capacité de
la Misma", a déclaré lors de cette réunion Saïd Djinnit, représentant de l’ONU
en Afrique de l’Ouest.
Parallèlement au début du retrait des troupes françaises intervenues pour
mettre hors d’état de nuire les islamistes qui occupaient le nord du Mali
depuis des mois et menaçaient d’avancer vers le Sud, la Misma doit être
remplacée à court terme par une force de stabilisation de l’ONU.
La Misma déploie actuellement au Mali environ 6.300 soldats d’Afrique de
l’Ouest et du Tchad.
La force de stabilisation de l’ONU pourrait mobiliser au total jusqu’à
10.000 hommes. Aux forces essentiellement ouest-africaines déjà présentes au
sein de la Misma qui inclut depuis peu le contingent de 2.000 Tchadiens,
pourraient s’ajouter d’autres unités, notamment burundaises et mauritaniennes.
L’ONU table sur la "présence complète" de sa "mission de stabilisation" en
juillet pour remplacer la Misma et le gros de l’armée française, a déclaré
samedi à Bamako Edmond Mulet, sous-secrétaire général aux opérations de
maintien de la paix de l’ONU.
Le ministre français des Affaires étrangères, Laurent Fabius, avait évoqué
un vote au Conseil de sécurité en avril pour un déploiement de la force de
l’ONU en juin.