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Entre revendications et grèves : La grogne des travailleurs maliens
Publié le jeudi 4 mai 2017  |  L’aube
L`UNTM
© aBamako.com par A S
L`UNTM célèbre le 1er Ma
L`Union Nationale des Travailleurs du Mali a célébré le 1er Mai sur le boulevard de l`Indépendance à Bamako
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Le 1er mai est la journée internationale du travail. Une occasion de réjouissance. Mais au Mali, l’heure n’est pas à la fête pour les travailleurs qui sont plus que jamais révoltés contre un Etat laxiste. En effet, les quatre premiers mois de cette année 2017 ont été marqués par une succession de préavis de grèves et de grèves qui touchent pratiquement tous les secteurs : justice, éducation, santé, mines, affaires étrangères, commerce… Tous exigent de meilleures conditions de vie et de travail.

Tout a commencé avec les deux syndicats des magistrats (SAM et Sylima) qui ont observé à partir du 9 janvier dernier 7 jours d’arrêts de travail avant de se lancer sur une grève illimitée. Après un mois de grève, les magistrats maliens ont décidé de reprendre le travail, après que le gouvernement ait accédé à certaines de leurs revendications. Les négociations avaient abouti à un accord sur les points suivants: augmentation des salaires de 40.000 FCFA; augmentation de l’indemnité de judicature de 50%; augmentation de l’indemnité de logement 60.000, ce qui porte le montant de 50.000 à 110.000 FCFA avec la promesse d’y ajouter 15 000 FCFA en janvier 2018.

Et au sujet des questions d’ordre institutionnel, tous les points de revendication avaient fait l’objet d’accord entre le gouvernement et les magistrats. Il s’agit de l’adoption du décret d’application de la Loi sur la Cour Suprême au plus tard le 30 mars 2017; la prise, avant le 30 avril 2017, d’un décret pour étendre aux magistrats les primes et indemnités octroyés aux autres agents de l’Etat; la relecture du statut de la magistrature ainsi que de la grille indiciaire ; l’adoption d’un nouveau programme de formation de l’Institut de Formation Judiciaire …

Dans le même secteur, la justice, le Syndicat national des greffiers, secrétaires de greffes et parquets avait choisi les 15, 16 et 17 février 2017 pour débrayer. Les greffiers revendiquaient un salaire décent et des équipements de qualité pour mieux répondre aux besoins de la population.

Education : vers une année blanche ?

Ils ont été suivis par les enseignants. A ce niveau, les différents syndicats se sont manifestés l’un après l’autre pour demander l’adoption d’un statut autonome de l’enseignement malien et l’harmonisation de leurs salaires avec ceux des enseignants de la sous-région entre autres. Le Collectif de sept syndicats de l’éducation a battu le pavé le 27 avril dernier et ils ont lancé un nouveau préavis. En effet, selon le secrétaire général du Syneb, le collectif prévoit de partir en grève à partir du 2 mai prochain. Pour Amadou Coulibaly « l’éventualité d’une année blanche n’est pas à exclure si leurs doléances ne sont pas satisfaites ».

Les points de revendications des syndicats sont au nombre de cinq. Il y a tout d’abord le problème du statut autonome, l’harmonisation des salaires avec ceux de la sous régions, l’augmentation des primes et indemnités. « Tout cela est lié au statut que nous demandons. On est très claire, si le gouvernement ne satisfait pas nos revendications, on risquera d’aller vers une année blanche. Nous prévoyons une grève qui va commencer le 02 mai prochain pour s’étendre jusqu’au 23 juin. Nous avons décidé également de prendre en otage tous les examens au niveau national que ça soit au niveau secondaire et au niveau fondamental », a déclaré M Coulibaly.

De leur côté, après deux grèves de 48 heures et 72 heures, les professeurs de l’enseignement supérieur sont entrés en grève illimitée mardi 4 avril. Leurs revendications portent sur sept points qui n’ont pas été satisfaits lors des dernières négociations du 30 mars dernier. Leur exigence première, c’est l’application de ce qu’ils appellent « la grille plafond 3000 » qui a été élaborée pour que leurs salaires soient alignés sur leurs homologues des pays voisins. Cette nouvelle grille salariale avait d’ailleurs fait l’objet d’un protocole d’accord signé le 13 mai 2016. Mais, elle n’a jamais été appliquée. Et c’est ce qui justifie le mouvement, confient Moussa Sangaré et Salif Diop, deux enseignants grévistes. « L’enseignant-chercheur au Burkina Faso est mieux rémunéré que l’enseignant-chercheur au Mali. Voilà donc les raisons pour lesquelles nous avons demandé à rehausser la grille salariale », explique le premier.

« Quand on fait une comparaison avec le Niger, le salaire de l’enseignant-chercheur nigérien est deux fois plus élevé que celui de l’enseignant-chercheur malien », renchérit le second.

Les grévistes réclament aussi l’adoption du nouveau statut d’enseignant-chercheur, et l’intégration dans la fonction publique des contractuels qui sont aujourd’hui payés sur les budgets autonomes des universités.

Les négociations sont aujourd’hui au point mort et ont même reculé sur certaines revendications, avait déploré récemment le Snesup. D’où cette décision de lancer un mouvement illimité après deux précédentes grèves de 48 heures et 72 heures qui n’ont pas permis de débloquer la situation.

Ainsi, les enseignants du supérieur rejoignaient les agents de la santé qui avaient déjà déclenché une grève illimitée.

Incapacité du régime…

Après un mois et une semaine de grève dans les hôpitaux et les centres publics de santé, le conflit avait pris fin. A l’issue des négociations avec le gouvernement, les grévistes ont obtenu satisfaction le dimanche 16 avril 2017. Issouf Maïga, secrétaire général adjoint du Syndicat national de la santé, de l’action et de la promotion de la famille (SNS-AS-PF) avait confirmé qu’ils ont obtenu, sur neuf points, huit points d’accord et un point d’accord partiel. En effet, les grévistes qui avaient demandé une augmentation de la prime de fonction spéciale, ont reçu 100% de l’existant. Ils ont reçu une application sur l’étendue du territoire de la prime de garde, par rapport au taux de 2007. Ensuite, sur la prime de monture, ils ont également eu satisfaction. Et concernant l’intégration des contractuels, le principe a été acquis.

Cette grève a été la plus longue des trente dernières années dans le secteur de la santé au Mali. Et durant celle-ci, beaucoup de patients, n’ayant pas les moyens de se faire soigner dans les cabinets médicaux privés sont passés à trépas.

Auparavant, du 22 au 24 février, un arrêt de travail a été observé par les travailleurs du ministère des Affaires étrangères. Aussi, courant mois de mars, les travailleurs des collectivités territoriales ont également observé une grève de 72 heures (22 au 24 mars). A ceux-là, s’ajoutent les commerçants détaillants et les pompistes qui avaient annoncé des journées sans commerce, avant de les suspendre pour mener des négociations avec les autorités.

Pour des observateurs, cette agitation sur le front social est due au fait que toutes les catégories sociales ont des problèmes financiers par apport à la baisse du pouvoir d’achat. Et face à cette forte demande sociale, les autorités semblent incapables d’instaurer au moins le dialogue avec ses partenaires. Ce sentiment est partagé par bon nombre de Maliens, écœurés surtout par l’incapacité du régime en place à circonscrire « l’épidémie ».

La multiplication des grèves, dans tous les corps socio-professionnels, témoigne véritablement de la fragilisation de l’Etat et l’incapacité du pouvoir à répondre aux préoccupations essentielles des populations.

IBD
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