La liberté d’expression est un principe absolu au Mali, consacré par plusieurs textes fondamentaux. “La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l’homme : tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement ; sauf à répondre à l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi”, énonce l’article 11 de la Déclaration des droits de l’Homme de 1789.
En 1993, les Nations Unies ont consacré le 3 mai Journée mondiale de la liberté de la presse à la suite d’une recommandation adoptée en 1991 à la conférence générale de l’Unesco. Inspirée par la Déclaration de Windhoek, la journée est adoptée en 1991 lors d’un séminaire de l’Unesco en Namibie.
La déclaration promeut une presse indépendante et pluraliste en Afrique en réaction à des années de violences politiques et d’autoritarisme sur le continent. Cette déclaration est considérée comme ayant exercée une forte influence, pour avoir été la première d’une série de déclaration du même genre dans le monde.
La liberté de la presse est considérée comme une pierre angulaire des droits de la personne et comme une assurance que les autres droits seront respectés. Elle favorise la transparence et une bonne gouvernance et représente pour la société, la garantie que régnera une véritable justice. La liberté de la presse est le pont qui relie la compréhension et le savoir. Elle est essentielle à l’échange d’idée entre les nations et les cultures.
“La liberté de la presse est plus un mythe qu’une réalité. La presse appartient à des hommes riches ou des grands groupes lobbyistes. Qui roule pour leur intérêt. On a vu le cas de Bolloré, Patrick Dahi et tant d’autres qui censurent les informations en fonction de ce qui les arrangent ou non”, témoigne Alioune Badra Ly, professeur de droit.
Cependant, l’exercice de ces libertés comportant des devoirs et des responsabilités peut être soumis à certaines formalités, conditions, restrictions ou sanctions prévues par la loi, qui constituent des mesures nécessaires, dans une société démocratique, à la sécurité nationale, à l’intégrité territoriale ou à la sureté publique, à la défense de l’ordre et de la prévention du crime, à la protection de la réputation ou des droits d’autrui, pour empêcher la divulgation d’informations confidentielles ou pour garantir l’autorité et l’impartialité du pouvoir judiciaire.
Et pour Halachi Maïga, jeune leader, “il y a la liberté de la presse mais dans la dépendance parce que les medias ont tendance à être partisan au Mali à travers des articles ou des émissions qui défendent l’opposition ou la majorité sans une analyse objective de la situation en question… Nous avons l’impression que les médias communiquent pour défendre des positions que de donner la bonne information au citoyen… Les informations ne sont pas fiables et encore moins vérifiables. Souvent nous assistons à une bataille inter media sans déontologie et sans professionnalisme”.
La liberté d’expression n’est donc pas totale et illimitée, elle peut être encadrée par la loi. Les principales limites de la liberté d’expression au Mali relèvent de deux catégories : la diffamation et l’injure, d’une part, les propos appelant à la haine, qui rassemblent notamment l’apologie de crime contre l’humanité, les propos antisémites, racistes ou homophobes, d’autre part.
Ainsi, selon Alioune Badra Ly, “nous devons éviter que la presse soit à la merci de ces puissants capitalistes qui ont pris la presse en otage pour leur propre intérêt. Il faut agir sur le recrutement et la formation des professionnels de l’information en termes de déontologie, de liberté, d’indépendance et d’éthique. Dégager tout esprit lobbyistes. Epurer la presse de ses mauvaises graines”.
Depuis quelques années nous notons avec préoccupation un net recul de la liberté de la presse dans certaines parties du monde notamment dans l’espace francophone où les journalistes rencontrent de plus en plus de difficultés à exercer librement leur métier.
Au-delà de toutes les réactions partisanes, de tous les préjugés, il convient de faire une lecture lucide avec un regard critique qui permet de rappeler succinctement les acquis et les défis à relever par le Mali dans le domaine de la presse.
Depuis les années 1990, le Mali, à l’instar de nombreux pays francophones de l’Afrique noire, a opté pour la gestion démocratique. Un choix matérialisé par l’organisation d’une conférence nationale qui a conduit à la libéralisation de la parole et donc de la démocratie, synonyme de liberté de la presse. Une vingtaine d’années s’est écoulée depuis et il est indéniable que le secteur médiatique au Mali dispose de nombreux atouts.
Malgré ceci, le pays à de nombreux défi à relever afin de respecter et de consolider la liberté de la presse. A commencer par l’adoption d’une loi qui garantit l’accès à l’information dans les administrations publiques et privées, l’acquisition de statut particulier adapté aux journalistes qui assurera leur protection dans l’exercice de leur métier.