Situé seulement à 60 km de la capitale malienne, la ville de Koulikoro jadis, lieu privilégié de retraite pour beaucoup de bamakois, est en passe de devenir une banlieue de Bamako. Tout le long de la ville où on pouvait voir des champs de manguiers et bien d’autres arbres fruitiers, est envahi par des constructions rurales et des immeubles. Qui sont responsables de cette prédation foncière ?
Depuis l’annonce de la construction du pont reliant la route de Ségou à celle de Koulikoro et la construction du tronçon Bamako-Koulikoro en 2×2 voies aller-retour, les prédateurs fonciers, comme des vautours affamés, font la ruée vers cet axe. En complicité avec des maires insouciants de l’avenir des générations futures, ces prédateurs ravagent les champs, les forêts, l’emprise des rails et du fleuve. Rien n’est épargné sur leur passage. La forêt classée de Tienfala, située à seulement 30 km de Bamako, ne représente plus que quelques pieds d’arbres en souffrance au milieu des bâtiments.
Dans ces zones, les paysans n’ont plus de terres cultivables, les jeunes cherchent désespérément des espaces de récréation et les femmes ne font plus le maraîchage au bord du fleuve. L’avenir de la jeunesse est hypothéqué par la gourmandise foncière de leurs propres élus en complicité avec certains chefs traditionnels qui se partagent cette manne foncière.
Un cadre de la mairie nous confie que l’ancien gouverneur de Koulikoro, Allaye Tessougué, devenu Secrétaire général du Ministère de l’administration territoriale, s’est octroyé des centaines d’hectares sur le dos des pauvres citoyens de Koulikoro.
Il en est de même pour son ancien Chef de cabinet et d’autres cadres du gouvernorat qui ont bradé les terres avant de jouer aux saints à Koulikoro, trompant la vigilance des populations.
Le paradoxe est que les leaders de cette région qui doivent dénoncer cette pratique sont tous muselés, car eux aussi ont eu leur part du gâteau. Un urbaniste nous confie que « dans cinq ans seulement Koulikoro fera face à de sérieux problèmes, car le plan d’aménagement qui prévoit la construction d’équipements publics (espace de recréation, école, marché, espaces verts, mosquée et église), a été floué aux pieds par les maires insouciants en complicité avec l’administration ».
Source : Le Challenger