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Contribution : L’Afrique francophone, la négation de l’Afrique subsaharienne
Publié le vendredi 5 mai 2017  |  Le Reflet
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La colonisation a été un bienfait pour l’Afrique, c’est la thèse des thuriféraires de la colonisation française en Afrique. Cette thèse négationniste efface toutes les valeurs africaines existantes avant la colonisation. Le courage, l’honnêteté, le travail, le patriotisme étaient des valeurs africaines qui ont été balayées par le colonialisme pour asseoir sa domination. Le colonisateur français a inculqué dans la mentalité africaine que seules les valeurs occidentales sont positives.

C’est ainsi qu’après les indépendances et après la courte période des pères de des indépendances et la période de Thomas Sankara, l’Afrique a perdu toutes ses racines. Les dirigeants et les cadres qui ont pris la relève des pères des indépendances ont mis l’Afrique au bas de l’échelle mondiale, particulièrement l’Afrique francophone. Les valeurs morales qui grandissaient l’homme africain, à savoir, le courage, l’honnêteté, la dignité et le respect du bien commun ont disparu dans la société africaine.

La démocratie à ”l’Occidentale” n’a fait qu’empirer cette situation sociale particulièrement dans les pays francophones. Le Parti unique qui brimait les libertés individuelles a laissé la place à la pseudo-démocratie qui a engendré la malhonnêteté intellectuelle, la corruption, le gaspillage et le détournement des fonds publics. L’intérêt général a été relégué au second plan.

Sous couvert de cette fausse démocratie, les cadres médiocres se sont accaparés de tous les leviers de l’Etat. Ne dit-on pas ”qu’il y a que des médiocres qui font carrière en politique”. Le dicton se vérifie en Afrique particulièrement en Afrique francophone. On rencontre dans cette partie de l’Afrique peu de cadres compétents et honnêtes. Le peuple étant muselé, la situation reste figée.

Les conséquences de cet état de fait empêchent l’Afrique francophone d’émerger. L’Afrique francophone est restée liée à la France qui est loin d’être un exemple au plan politique, économique et social.

Au plan politique, la plupart des cadres français accumulent tous les maux : mensonges, malhonnêteté intellectuelle, absence de courage et de dignité, tous les maux qui avilissent l’homme. Ces affirmations sont corroborées par la présidentielle française actuelle. Malgré les preuves accablantes d’enrichissement familial sur fonds publics, l’un des candidats s’accroche à sa candidature. Il se trouve des Français pour lui accorder un crédit. Ne dit-on pas ”qui se ressemble s’assemble”.

Dans les pays anglo-saxons, ce candidat ne tiendrait pas un jour. La plupart des Présidents des pays francophones sont dans la même lignée que ce candidat, à savoir s’accrocher au pouvoir contre vents et marées, l’honneur de l’homme et l’intérêt général passent au second plan.

Au plan économique, l’Afrique francophone s’est donnée corps et âme au néocolonialisme français. Le franc CFA en est l’illustration. Ceux qui prétendent que le F CFA a été positif pour l’Afrique sont ou apatrides ou ignorants. Sans souveraineté monétaire, pas de souveraineté économique. La monnaie est un instrument incontournable dans les relations économiques internationales. La monnaie a un impact important sur les déficits et excédents des balances de paiements. L’absence de mesures monétaires adéquates peut avoir des conséquences négatives sur le commerce extérieur.

De ces faits, les pays de la zone franc ont une faible capacité de se doter d’équipements industriels indispensables à l’industrialisation du pays et sont ainsi cantonnés au stade de fournisseur de matières premières peu pourvoyeuses de valeurs ajoutées et l’emploi. Le monde est divisé en deux entités, celle qui s’enrichit à savoir les pays occidentaux et asiatiques et celle qui reste au stade primaire à savoir l’Afrique subsaharienne particulièrement l’Afrique francophone.

L’évolution décrite par l’économiste américain W. W. Rostov, l’évolution du secteur primaire vers le secteur tertiaire, en passant par le secteur secondaire, est loin de se vérifier, s’agissant de l’Afrique subsaharienne.

Le secteur primaire (agriculture, mines) continue à s’étendre sans aucune évolution vers le secteur secondaire.

Après le secteur primaire, on constate l’existence d’un secteur tertiaire hypertrophié sans relation avec le secteur secondaire conséquence de l’existence des services et établissements publics qui absorbent la quasi-totalité des fonds publics destinés aux investissements publics dans la santé et l’enseignement.

Les services et établissements administratifs et publics servent essentiellement à couvrir les gaspillages et les détournements de fonds publics. Ce sont là les causes du retard économique de l’Afrique subsaharienne particulièrement de sa partie francophone et non l’absence de démocratie réelle.

L’Afrique est entrée dans la démocratie par le mauvais côté. Au lieu que cette démocratie soit au service de l’intérêt général, elle sert les intérêts d’un clan et de l’Occident. C’est pourquoi la situation économique et sociale ne cesse d’empirer. Aucun système politique ne peut ipso facto amorcer le développement économique et social. Ne dit-on pas ”qu’il n’y a de richesses que d’hommes”. Ce sont les ressources humaines de qualité qui sont au début et à la fin du processus du développement économique et social. Ces ressources de qualité manquent en Afrique francophone, ceci est dû à la mauvaise qualité de la formation et de l’enseignement.

L’Afrique francophone, possède des juristes, des économistes, des comptables et des ingénieurs diplômés mais qui manquent d’esprit créatif et de personnalité, en outre incultes. Les cadres intellectuels africains francophones accumulent plusieurs tares, à savoir inculture, malhonnêteté intellectuelle, manque de courage, absence d’esprit créatif et manque de personnalité.

Ces maux sont dus à la mauvaise qualité de l’enseignement et de l’éducation. L’enseignement et la formation dans les pays francophones laissent à désirer. La plupart des enseignants sont incompétents et corrompus. Leur seul objectif est de s’enrichir sur le dos des élèves. L’enseignement public a été négligé au profit de l’enseignement privé qui recrute des professeurs au rabais. Ceux-ci organisent les cours à domicile uniquement dans le but d’arrondir les fins de mois mais pas pour être utiles aux élèves et étudiants.

Ce système donne naissance à des cadres quasi ignorants contrairement aux pays anglophones qui ont su créer des établissements, centres d’enseignement et de formation de qualité, qui forment des cadres de classe internationale. (La plupart des fonctionnaires internationaux africains sont de formations anglophones). Le seul Prix Nobel intellectuel africain est un africain subsaharien anglophone (Wole Soyinka du Nigeria). Un cadre bien formé et éduqué est à l’abri des perversions. Ne dit-on que ”science sans conscience n’est que ruine de l’âme”.

L’avance des pays anglophones sur les pays francophones s’expliquent par la bonne qualité des ressources dans les domaines politique et économique. Ces pays connaissent moins de gaspillages et de détournements de fonds publics et enregistrent une meilleure gouvernance que dans les pays francophones.

Par l’accumulation des maux décrits ci-dessus l’Afrique francophone ne fait pas honneur au continent africain.

Tiécoro DIAKITE

Docteur en Economie du Développement (Paris I)

Ancien Ministre

Ancien Expert Principal BIT
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