Accueil    Shopping    Sports    Business    News    Femmes    Pratique    Le Mali    Publicité
NEWS


Accueil
News
Politique
Article



Dernières dépêches


Comment

Politique

Le dernier plan machiavélique de ATT contre les populations noires du nord : «Le coup d’Etat a empêché un projet de loi suicidaire sur le nord-Mali de passer», dixit Alhassane Abba, député Codem de Goundam
Publié le jeudi 31 mai 2012   |  Le Matin


Amadou
© Autre presse
Amadou Toumani Toure
Le président déchu du mali


Vos outils
height=28

PARTAGEZ


Il s’agit du projet de loi fixant le nombre de députés des cercles du nord du Mali, une émanation du Ministère de l’Administration, donnait 30 députés pour les 5 régions qu’ATT a prévues dans son nouveau découpage administratif du territoire. Sur les 30 députés, le projet de loi accorde 22 députés issus des communautés touarègues et arabes et seulement 8 pour les communautés noires, dont les bellas. En clair, l’Etat avait prévu qu’une minorité de 5% de la population gouvernerait une majorité de 95%. C’est pourquoi l’adoption du projet de loi, qui ne faisait pas l’unanimité, avait maintes fois été remise à plus tard avant que le coup d’Etat du 22 mars ne vienne, en messie, y mettre un coup de frein magistral, a révélé le député Codem de Goundam, Alhassane Abba que nous avons rencontré.

« Accorder une autonomie au nord-Mali est une folie… »

Pour Alhassane Abba, député de Goundam à l’Assemblée nationale, les revendications du Mnla et de ses alliés sont utopiques et irréalisables. Il ne veut même pas entendre parler d’ « autonomie » ; une option qu’évoquent certains comme solution définitive à la crise récurrente au nord de notre pays. Toute chose qu’il considère comme une « folie ». En effet, pour lui, « accorder l’autonomie à ces…bandits armés, c’est déjà leur accorder l’indépendance qu’ils revendiquent. Et quand ils l’obtiendront, ils vont demander plus. C’est les placer au-dessus des autres citoyens ; c’est commettre une injustice vis-à-vis des autres composantes de la société malienne. ». En clair selon lui, « il ne faut pas aller contre le schéma actuel d’un Etat unitaire. Il faut les mêmes droits pour tous les fils du pays», avertit-il.

« On a dansé du balani durant 50 ans ! »

Alhassane Abba n’épargne personne. Même pas l’Etat qu’il pointe du doigt pour avoir mal géré la question du nord depuis l’indépendance à nos jours. L’armée malienne n’est pas non plus épargnée. Pour lui, « l’Etat a graduellement préparé le terrain aux rebelles. Ces gens disent lutter pour la libération des populations du nord mais quand les dividendes tombent, n’y a plus que les touaregs. Aujourd’hui, sur les 7000 hommes que compterait l’armée malienne, il y a au moins 3000 touaregs intégrés au nom de la discrimination positive. Et tenez-vous prêts : il n’y a pas plus de 200 songhoys dans l’armée. Mais de quelles revendications, au nom de quelles populations du nord se battent-ils ? », s’interroge Alhassane Abba. « Depuis 1992, on intégrait qui on veut dans l’armée. Le résultat aujourd’hui est là : nous n’avons pas d’armée. Tout comme une femme ne peut refuser de donner la vie, une armée doit être prête à mourir pour la défense de l’intégrité de son territoire. L’armée malienne n’a pas joué son rôle. Si elle avait été à la hauteur, nous n’en serions pas à ce stade. La plus grande démocratie du monde doit son rang à son armée, la plus puissante du monde. Mais au lieu de ça, pendant 50 ans, on a dansé du balafon », constate, amer, le secrétaire général de la Codem.

« L’option diplomatique a montré ses limites…. »

Pour le député de Goundam, l’unique solution à la résolution du problème du nord réside dans la force. Il faut selon Alhassane Abba une offensive militaire pour mettre un terme au rêve utopique d’une minorité minoritaire et animée d’esprit revanchard. Il pense que l’option diplomatique a démontré ses limites : « pendant 50 ans, on a négocié. Et toujours, on repart à zéro. Vous savez que l’Etat a tout donné à ces gens. Il avait même été déposé un projet de loi sur la table des députés pour adoption rien que pour faire plaisir aux touaregs. Après l’annonce du projet du nouveau découpage administratif qu’il a proposé sur une base ethnique, ATT a jugé bon d’accorder aux touaregs et aux arabes 22 sièges de députés sur les 30 que comptera l’ensemble des cinq régions qu’il a prévues : Tombouctou (5 cercles), Gao (5 cercles) Kidal (4 cercles), Ménaka (4 cercles) et Taoudeni (5 cercles) et chacun des cercles donnera au moins un député. Par exemple, Taoudeni comptera cinq cercles et autant de députés (tous arabes), Ménaka 4 députés en plus de l’existant (tous touaregs), de même qu’à Kidal, les régions de Gao et Tombouctou, au nom de la parité et de l’équilibre doivent mettre sur leurs listes des touaregs (pour les cercles de Diré, Rharous, Ansongo, Bourem et Gao-ville). En bref, ce sont au total, 16 députés touaregs et 6 députés arabes qui vont siéger à l’Assemblée nationale au nom de l’ensemble des 5 futures régions du nord dont la population est constituée à 95% de Noirs. Population noire qui n’aura donc que 8 représentants dont un député bella. Les sonrhaïs, les peuls et les autres se partageant les 7 sièges restants. Mais heureusement aucun député n’était d’accord avec le projet. Parce que c’était, en plus de la victoire militaire, une victoire politique qu’on leur concédait. C’est le coup d’Etat qui a empêché surtout son adoption…. Donc, tout était bien préparé pour qu’une minorité de 5% gouverne à une majorité de 95%. »

Pour ce qui est de l’occupation du nord du pays, Alhassane Abba est sans ambages : « la reconquête est possible. Un Etat peut occuper un autre et en être chassé après. La France l’avait été par l’Allemagne, le Koweït par l’Irak. Mais il y a un préalable : il faut taire les tergiversations politiciennes à Bamako, il faut cesser de prendre les demi-mesures », conclut-il.

Propos recueillis par Amadou Salif Guindo

LIENS PROMOTIONNELS