Etre journaliste est dur, mais être journaliste dans un pays comme le Mali c’est franchement le fin fond de la dureté. Mais que faire lorsque les personnes censées vous défendre vous enfoncent, on ne peut alors que prendre son mal en patience. Le temps passe et à l’occasion de chaque 3 mai, on prône de meilleures conditions de vie pour la presse. Que nenni ! Rien ne s’améliore.
Pis, les conditions des travailleurs se détériorent. La convention collective devient une utopie. Les journaux se créent et meurent comme beurre au soleil. L’indexation de l’aide à la presse au budget d’Etat reste un défi.
Et pourtant ce ne sont pas les discours flatteurs de la presse qui manquent. Ils se tiennent tous les ans par les politiques pour l’amélioration des conditions de travail des hommes de médias. L’ancien ministre de la Communication Mountaga Tall disait lors d’une rencontre avec la presse que les difficultés de la presse sont réelles sans pour autant dire ce qu’il allait faire pour y remédier.
Aujourd’hui, avouons-le sans ambages, la presse malienne se trouve confrontée à trois défis : politique d’abord, la liberté d’expression n’est pas complète ; économique ensuite, la rentabilité n’est pas au rendez-vous ; enfin, la professionnalisation des rédactions est encore incertaine.
La presse privée est quasiment tenue à l’écart de la publicité. Il n’est pas rare de voir des opérateurs économiques ou des structures de l’Etat refuser de communiquer à travers tel ou tel organe de presse à cause d’une ligne éditoriale qu’ils jugent inacceptable. Cette dépendance à l’information commerciale tend à devenir un carcan qui rend la liberté de plus en plus illusoire.
D’ailleurs, les lecteurs ne sont pas dupes de la collusion des journalistes avec les puissances d’argent et préfèrent à juste titre se tourner vers d’autres sources d’information. Avec des organes de presse qui ont tant de mal à résister aux dures lois d’un marché de plus en plus concurrentiel, on devine aisément ce que peut être le statut du journaliste.
Le constat général est que la précarité se conjugue avec un déficit de formation pour faire du journaliste un écrivaillon à gage, plus enclin à arrondir ses fins de mois que d’informer le citoyen. C’est dans ce contexte que la presse malienne fête le 3 mai, une fête qui leur est dédiée malgré le fait qu’elle vivote !