C’est sans doute la plus grosse flétrissure essuyée par IBK et sa suite de l’Arabie Saoudite où le locataire de Koulouba a séjourné avec une délégation à peine moins enviable que celle de son ancêtre Kankou Moussa. À la différence de ce dernier, IBK n’a pas laissé de la richesse. Il est plutôt retourné de sa visite la besace pleine de promesses, une moisson impressionnante au point de lui faire oublier ses centaines de compatriotes restés à la Mecque suite à une certaine bousculade meurtrière au pèlerinage de 2015. Comme pour éviter de heurter ses très généreux hôtes, la mémoire de près de 300 pauvres Maliens a été ainsi foulée aux pieds et sacrifiée sur l’hôtel des courtoisies diplomatiques, quand bien même les circonstances du drame demeurent floues sur la responsabilité des autorités saoudiennes. Certains pays plus respectueux des vies de leurs ressortissants avaient même donné de la voix en son temps et réclamé des clarifications aux organisateurs du hadj. Pour ce qui est du Mali, on voit bien que le slogan l’Honneur du Mali peut s’arrêter là où commencent les manœuvres pour affronter les contraintes financières de la réélection de son auteur. A coups de promesses mirobolantes pour arrondir un bilan quelque peu catastrophique.
L’otage des religieux
On le croyait homme à poigne, mais il donne l’air plutôt d’un homme-lige, tant il éprouve de la peine à se défaire d’une certaine punaise religieuse. Il vient d’en administrer la preuve par son séjour en Arabie Saoudite pour lequel IBK s’est senti obligé de drainer ce que le pays compte de plus visible en notoriété musulmane. On en dénombre au moins une centaine selon les descripteurs les plus facétieux. Pour sûr, le religieux l’emporte largement sur le politique comme par devoir d’afficher une préférence pour le confessionnel que le président de la République n’a du reste jamais dissimulée, quoiqu’il s’échine théoriquement à défendre un attachement à la laïcité sur le bout des lèvres. IBK avouait du reste ouvertement être plus redevable au monde musulman qu’au politique ou encore aux chrétiens qu’il a sortis sans ménagement de son Gouvernement. Comme pour dire qu’il compte plus sur le monde musulman que sur n’importe quelle autre force pour sa réélection. En tout cas, l’appel du pied de Koulouba ne date pas d’aujourd’hui. Le président de la République en est devenu depuis longtemps l’otage et ne rate la moindre occasion de se référer à leur expertise pour toutes les équations sociales qui se pose à lui dans l’exercice de ses fonctions.
Le temps des doubles financements
Les moissons sont impressionnantes au fil des visites d’Etat du président de la République. Celle de l’Arabie saoudite présente toutefois des similitudes avec celle de Chine. À un point tel qu’on retrouve de part et d’autre les mêmes projets qui font rêver les Maliens. C’est le cas du 4ème Pont de Bamako dont la nécessité se fait de plus en plus pressante avec l’urbanisation galopante. La construction de cet ouvrage très prisé – et fortement attendu par les Bamakois – a mobilisé en son temps le ban et l’arrière-ban chinois. On les a tous vus en compagnie d’agents du département de l’équipement sur le terrain en train d’examiner les meilleurs schémas pour l’exécution du projet. Le hic est que le même projet figure également dans le merveilleux paquet ramené d’Arabie saoudite. Que le même ouvrage soit à la fois financé par les Chinois et les Saoudiens tient d’un talent de prestidigitateur et illusionniste sur lequel l’opinion et les contribuables méritent d’être mieux édifiés. À moins qu’il s’agisse d’une supercherie inspirée par les équations de financement de campagne électorale par des prêts contractés sur leur dos.
Tel début, telle fin
Le mandat d’IBK va-t-il s’achever comme il a commencé ? Malin qui pourra en tout cas distinguer la fin et le commencement du quinquennat finissant. En mal d’amitié à ses débuts, le président de la République en exercice, sous la pression des grands espoirs ayant présidé à son avènement, n’a eu d’autres choix que de se rabattre sur la République Populaire de Chine, d’où il est revenu avec une chimère qui pesait à l’époque pas moins de 5000 milliards de nos francs. Près de cinq années après, il parait évident que la moisson aura été à peine plus importante que le coût du voyage présidentiel ponctué de signatures de partenariat tous azimuts. Et alors qu’Ibk n’a pas rendu compte au peuple de cette mythique grossièreté, voilà qu’il tente d’abuser de la candeur de ses concitoyens par d’autres promesses de fin de mandat, qui sonnent comme un appât électoraliste. La source chinoise ayant tari avant même d’être exploitée, le président de la République a ciblé cette fois l’Arabie Saoudite d’où il est revenu avec tout ce qu’il n’a pas réussi à mobiliser auprès de l’Union Européenne, en dépit des milliards promis à l’issue d’une certaine conférence des donateurs à Paris : des routes, des goudrons, des Aéroports, des ponts, des digues, etc. Bref, des promesses mirifiques à la douzaine.