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Agriculture malienne : « Les subventions doivent être renforcées »
Publié le mardi 9 mai 2017  |  ideas4development.org
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© aBamako.com par Momo
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Bamako, le 28 mars 2017 le Mali a célébré à travers une conference débat la Journée mondiale des droits des consommateurs a l`AGETIC
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L’agriculture malienne est activement soutenue par l’État, notamment via la Banque nationale de développement agricole du Mali. Son PDG, Moussa Alassane Diallo, appelle à une collaboration gagnant-gagnant avec les bailleurs de fonds.

Le Mali, à la suite d’une production record de 9 millions de tonnes en 2015-2016, est devenu le deuxième producteur de céréales en Afrique de l’Ouest après le Nigeria. L’agriculture malienne est activement soutenue par l’État, notamment par le biais de la Banque nationale de développement agricole du Mali (BNDA), une société d’économie mixte créée en 1981, qui compte parmi ses actionnaires l’Agence française de développement (AFD) et la Société allemande d’investissement et de développement (DGE). Au départ, son objectif était de financer uniquement les projets agricoles. Mais à la suite de la crise du coton dans les années 1990, elle est devenue une banque commerciale généraliste, à l’instar du Crédit agricole français, afin d’assurer sa rentabilité. Entretien avec son PDG, Moussa Alassane Diallo.



Comment soutenez-vous l’agriculture malienne ?

Nous travaillons sur la base de plans de développement à moyen terme conçus sur cinq ans, de 2016 à 2020 pour la période en cours. Nous soutenons le secteur primaire au sens large, sous toutes ses formes : agriculture, élevage, pêche, pisciculture, foresterie et artisanat rural.

La Banque nationale de développement agricole du Mali accorde en premier lieu des crédits à court terme, essentiellement à des coopératives, pour l’achat d’intrants agricoles (engrais, insecticides, herbicides, etc.) ou pour le développement de leur secteur commercial. La BNDA accorde également des crédits à moyen terme, pour financer l’achat d’équipements agricoles (charrues, tracteurs, etc.) ou la construction d’infrastructures rurales (magasins de stockage, centres d’alphabétisation ou de santé, pistes rurales, etc.).

Ce sont les deux principaux pôles de financement de la banque. La moyenne du montant d’un prêt tourne entre 5 et 6 millions de francs CFA par dossier, entre 7 500 et 9 000 euros. Le crédit s’échelonne sur une durée de douze mois s’il s’agit d’intrants et de quatre à cinq ans pour des équipements agricoles.



Quelles sont les perspectives ?

Excellentes, puisque l’agriculture malienne a fait des progrès énormes ces dernières années, suite à la bonne pluviométrie des trois dernières campagnes. Grâce à l’amélioration des intrants agricoles, le Mali a connu une production record de 552 000 tonnes de coton pour la saison 2014-2015, contre 440 000 tonnes la saison précédente et 513 000 tonnes en 2015-2016. Les prévisions s’avèrent encore meilleures, avec une récolte attendue de 650 000 tonnes en 2016-2017, une hausse qui s’explique par l’augmentation de 14 % des surfaces semées.

L’autosuffisance alimentaire a par ailleurs été atteinte avec plus de 9 millions de tonnes de céréales produites en 2016, en hausse de 11 %, et qui se décompose essentiellement comme suit : 3 millions de tonnes de riz, 2,5 millions de tonnes de maïs, 2 millions de tonnes de mil et 1,5 million de tonnes de sorgho. Ces progrès posent les jalons d’un développement que nous espérons durable, car l’agriculture malienne emploie les deux tiers des actifs et représente 40 % du PIB.

Pour la BNDA, les perspectives sont également bonnes, grâce à la reprise économique au Mali. Nous réalisons un chiffre d’affaires d’environ 150 milliards de francs CFA par an, avec un résultat net de 9 milliards de francs CFA en 2014 et 8 milliards en 2015. Nous avons injecté 216 milliards dans l’économie malienne en 2014.



Quels sont les principaux enjeux auxquels vous êtes confrontés ?

Les aléas climatiques représentent notre principal défi, avec leur lot de sécheresses, d’inondations et d’invasions de criquets. Nos plus importants enjeux concernent donc la maîtrise de l’eau, dans les zones irriguées par le fleuve Niger, ainsi que l’investissement dans les aménagements agricoles, qui commencent par l’électrification des zones rurales. Sur ce sujet, un vaste programme dénommé Système hybride d’électrification rurale (SHER), soutenu par la Banque mondiale, est mené par l’Agence malienne pour le développement de l’énergie domestique et de l’électrification rurale (Amader). Il reste cependant insuffisant pour couvrir les besoins énergétiques du pays. La Banque nationale de développement agricole du Mali, en rapport avec le ministère de l’Énergie et de l’Eau, souhaite donc développer un programme d’électrification via l’énergie solaire, très important pour la promotion du développement rural. L’électricité dans les villages est essentielle. Elle représente une véritable révolution économique, en permettant l’apparition de petites entreprises de transformation des matières premières agricoles.





Autre enjeu : passer d’une agriculture vivrière et de subsistance dominée par les petites exploitations familiales à une activité de marché plus intensive. Nous suivons deux orientations. La première consiste à accompagner ces exploitations familiales pour augmenter les superficies cultivées et améliorer leur accès aux marchés. Ensuite, nous voulons inciter les grands commerçants à investir dans des exploitations plus industrielles, plus vastes, de l’ordre de 50 à plus de 100 hectares. Il s’agit de les aménager de façon à assurer des productions susceptibles d’être transformées sur place, notamment le blé, ce qui permettrait de réduire les importations de farine. L’objectif est aussi de rendre le Mali autosuffisant dans certaines cultures comme la pomme de terre, par exemple.




Faut-il mieux subventionner l’agriculture au Mali ?

Oui, je le pense. Chaque année, environ 30 à 40 milliards de francs CFA sont mobilisés sous forme de subventions pour l’agriculture, dans un contexte qui voit plus de 15 % du budget de l’État consacré au secteur primaire.

Les subventions sont essentielles pour appuyer la soutenabilité de notre système et alléger les charges qui pèsent sur les exploitants agricoles maliens. Elles doivent faire l’objet d’un meilleur suivi, d’un meilleur contrôle, de manière que nous puissions en faire un usage efficace.



Quel pays représente à votre avis un modèle de développement rural en Afrique ?

Le plan « Maroc vert » me paraît exemplaire. Le royaume chérifien a fait des prouesses en matière de développement agricole, à force de volonté politique et d’investissements à long terme. La grande leçon à en tirer est que les infrastructures en milieu rural doivent être financées sur des périodes de vingt à trente ans. Cette vision de long terme s’avère fondamentale, de même que la mobilisation de tous les acteurs de la filière.






La Banque nationale de développement agricole du Mali fait-elle face à des injonctions parfois contradictoires des bailleurs de fonds ?

Non, la BNDA est maîtresse de son destin. Les cadres maliens qui dirigent la Banque le font sur la base de la connaissance de l’environnement, du milieu rural et des opportunités qui existent pour notre agriculture. Nous n’avons aucune leçon à recevoir dans ces domaines. Il ne saurait être question d’une quelconque injonction ou d’un rapport de force, parce que nous savons ce que nous voulons. Nous cherchons des financements pour nos priorités, sans qu’aucune stratégie ne soit dictée de l’extérieur – ce qui serait totalement inacceptable.

Nous sommes par exemple le principal financier du coton. Nous travaillons avec les cotonculteurs à la base, pour financer les intrants agricoles et les équipements en amont, ainsi que la commercialisation du coton en aval, avec la Compagnie malienne pour le développement du textile (CMDT).



Qu’attendez-vous des bailleurs de fonds ?

Une collaboration sur la base d’un partenariat gagnant-gagnant. Le Mali a des potentialités agricoles énormes : nous disposons d’un million d’hectares de terres arables et aménageables dans la zone de l’Office du Niger, soit le tiers de la surface cultivée au Mali.

L’Office du Niger, un établissement public à caractère industriel et commercial (Epic), gère le plus grand projet d’aménagement hydroagricole de l’Afrique de l’Ouet, situé dans la quatrième région administrative du Mali, au centre et au nord du pays. L’eau quitte directement le fleuve pour aller dans les champs, grâce au système gravitaire – un atout supplémentaire pour nous. Ce projet est crucial, non seulement pour notre économie, mais aussi pour le développement des régions du Nord, un enjeu essentiel pour assurer la stabilité du pays.

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