C’est le grand remue-ménage au sein de la Police nationale suite au décret accordant des grades supérieurs à des policiers dont la plupart sont pour des syndicalistes avec des niveaux d’études assez bas. Le Président de la République, Chef suprême des Armées et président du Conseil national de la sécurité (CNS) aurait-il ainsi décidé de cautionner le désordre au sein de la Police nationale ? Toujours est-il que face à cette situation qui n’honore pas la corporation, le Syndicat national des Commissaires de police (SYNACOMPOL) a décidé de porter plainte auprès de la Cour suprême pour annuler cette décision.
Selon nos sources, bien avant le coup d’Etat du 22 mars, au temps de l’ancien ministre Sadio Gassama, tous les agents de police qui possédaient une Maîtrise sortait Commissaires, et ceux qui étaient titulaires d’un DEUG devenaient Inspecteurs, et cela, depuis 2006.
Pourquoi alors mettre de côté toutes ces dispositions qui cadraient pourtant bien avec le corps au lieu de se livrer à des promotions de récompense ? C’est que les nouveaux promus sont des éléments de l’ex-junte dont beaucoup ne possèdent aucun niveau. A cela s’ajoute le fait que la formation de ces derniers aura un coût. Mais le plus grave, c’est que depuis que ces promus ont osé violer la hiérarchie en arrêtant des Commissaires qu’ils ont ensuite bastonnés, cela a créé un climat de tension entre ces éléments et les officiers. Les Commissaires qui doivent normalement dispenser des cours à ces derniers refusent de le faire. C’est dire que la hache de guerre n’est pas encore enterrée au sein de la Police nationale.
Que retenir de ce décret aux allures de récompense ?
Le Capitaine Sanogo veut remercier les éléments de la Police qui l’ont beaucoup soutenu lors de son coup d’Etat. En fait, son message est assez clair car, tout comme le philosophe Rousseau, il sait que «le plus fort n’est jamais assez fort pour être toujours le maître s’il ne transforme sa force en droit et l’obéissance en devoir». S’il est vrai que la sécurité d’un État est importante, il est tout aussi vrai que la construction d’un État moderne se base sur le respect des droits humains. Sur cette question, le Président de la République transige et cela est dommage pour le Mali. Et face à cette crise, le SYNACOMOPOL, à l’issue de sa rencontre du 8 mars dernier, a décidé de porter plainte au niveau de la Cour suprême pour faire annuler la promotion à titre exceptionnel à la police nationale. Nous y reviendrons.