Notre pays, à l’instar de la communauté internationale, a célébré le 3 mai 2017 la journée internationale de la liberté de la presse. À cette occasion, la Maison de la presse a organisé une semaine nationale de la liberté de la presse sous le thème «journalisme et homme de médias : devoirs et responsabilités en période de crise».
La cérémonie de lancement de la semaine nationale de la liberté de la presse a été présidée par le ministre de l’Economie numérique et de la Communication, Harouna Touré, en présence de la marraine de la semaine, Aïssata Cissé.
Il y a 24 ans, jour pour jour, le 3 mai a été proclamé Journée mondiale de la liberté de la presse par l’assemblée générale des Nations-Unies suivant une recommandation adoptée par la conférence générale de l’Unesco en 1991. Cette journée mondiale de la liberté de la presse permet de célébrer les principes fondamentaux de la liberté de la presse, d’évaluer la liberté de la presse à travers le monde, de défendre l’indépendance des médias et de rendre hommage aux journalistes qui ont perdu la vie dans l’exercice de leur profession.
Selon le ministre de l’Economie numérique et de la Communication, Harouna Touré, le thème retenu cette année, «devoirs et responsabilités du journaliste en période de crise», est d’autant plus d’actualité que notre pays sort lentement mais sûrement d’une crise politico-sécuritaire qui a menacé ses fondements. À l’en croire, grâce à la volonté politique des plus hautes autorités, au sens de responsabilité et surtout à l’accompagnement des journalistes, la crise née en 2012 tend vers sa fin.
Le ministre Touré a rappelé que les commentaires, les critiques et les analyses des journalistes ont permis de faire comprendre et accepter par bon nombre de nos concitoyens le sens et la portée de l’accord pour la paix et la réconciliation issu du processus d’Alger signé le 15 mai et le 20 juin 2015. «Vous leur avez expliqué les étapes de la crise tout en invitant le gouvernement à ne pas observer une omerta qui ne pourrait qu’alimenter la rumeur et semer la confusion dans l’esprit de nos concitoyens. Vous avez ainsi joué votre rôle d’éveilleur de conscience. Vous avez su anticiper sur la crise. Vous avez su prévenir la haine, l’exclusion, deux phénomènes qui corrodent la démocratie, les liens ancestraux et les rapports sociaux», a-t-il déclaré.
Par ailleurs, Harouna Touré a rappelé que de 1991 à ce jour, la presse malienne a fait un bond quantitatif remarquable où le pays compte aujourd’hui plus de 120 titres, une cinquantaine de journaux en ligne, plus de 400 radios de proximité et près d’une vingtaine de télévisions privées qui attendent d’être autorisées par la Haute autorité de la communication (Hac). Toute chose, selon lui, qui constitue une preuve du dynamisme du secteur.
Cependant, dit-il, ce dynamisme et cette réalité ne doivent pas cacher une autre réalité. Aux dires de M. Touré, «ce bond quantitatif n’a pas toujours été suivi de la qualité que notre lectorat, nos auditeurs et téléspectateurs attendent de nous». Ce constat a amené le département, expliquera-t-il, à entreprendre un vaste chantier de relecture des textes qui régissent la presse suite à l’exercice collectif de clarification, d’analyse et de synthèse mené avec les hommes de médias.
M. Touré a fait savoir que la relecture de la loi sur le régime de la presse et le délit de presse vient de prendre fin au niveau de son cabinet et se trouve à la Hac et au ministère de la Justice pour avis. Cette nouvelle loi sur le régime de la presse et le délit de presse, ajoutera-t-il, une fois adoptée, va consacrer la dépénalisation des délits de presse où aucun journaliste ne devra plus se retrouver en prison pour ses opinions. Par contre, il dira que cette nouvelle mouture, tout en ne prévoyant pas des sanctions pénales, a consacré un renforcement des sanctions pécuniaires pour ceux qui s’aventureront à porter atteinte à l’honorabilité et à la dignité des personnes humaines, et à faire de la rumeur, des contrevérités et des attaques gratuites leur fonds de commerce.
Marraine de la semaine nationale de la liberté de la presse, Aïssata Cissé a remercié le comité de pilotage de la Maison de la presse pour le choix porté sur elle, tout en rappelant que malgré l’accord pour la paix et la réconciliation nationale qui, en principe, devrait mettre fin à la rébellion, l’insécurité persiste avec des attaques fréquentes.
Selon elle, les revendications incessantes des travailleurs et le difficile accès des citoyens aux services sociaux de base font sortir les populations de leur patience. Face à cette situation, Aïssata Cissé dira que la responsabilité du journaliste devient grande et lourde. Il faut noter que la semaine a été marquée par plusieurs communications sur le thème.