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Afrique : le Sahel toujours dans l’insécurité
Publié le mercredi 10 mai 2017  |  liberation.fr
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© AFP par Sebastien RIEUSSEC
Les ministres français et allemand des Affaires étrangères ont rencontré des soldats allemands de la Minusma à Gao, le 7 avril 2017.
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Comme il avait l’air heureux, François Hollande, en ce mois de janvier 2017 à Bamako ! Si loin de la France et de sa courbe de popularité en berne, le président français se sentait visiblement en terrain ami lors de son ultime sommet «Afrique-France» dans la capitale malienne. Tout sourire et plaisantant avec les journalistes, il rappelle à plusieurs reprises, «combien il était fier de ce qui avait été accompli ici» : sa guerre contre le jihadisme, celle entamée en janvier 2013, et qui lui permettra d’endosser le costume de chef de guerre. Visiblement, ce rôle inattendu le galvanisera jusqu’au bout de son quinquennat.

En Afrique, Hollande n’aura pas tenu sa promesse de début de mandat de «rompre avec la Françafrique» et avec les régimes dictatoriaux. Comme ses prédécesseurs : mêmes promesses, même renoncement. Mais à l’heure du bilan, ses thuriféraires mettent souvent en avant les opérations militaires en Afrique : celle au Mali, bien plus d’ailleurs que celle en Centrafrique (décembre 2013-octobre 2016) d’où les soldats français sont repartis sans avoir résorbé le chaos d’un pays toujours aussi incontrôlable. Reste le Mali, où Hollande déploie l’opération Serval en janvier 2013 pour stopper la progression jihadiste vers la capitale : son meilleur storytelling. En théorie, car sur le terrain, la réalité est moins reluisante. «En tant qu’opération de com, c’est certes une réussite, d’autant que les médias sont peu curieux. Mais pour le reste, l’échec est patent : ni au Mali ni en Centrafrique, les objectifs n’ont été atteints, souligne ainsi Laurent Bigot, ex-diplomate. Non seulement le Mali, mais le Sahel tout entier est désormais en pleine implosion, le nombre d’attaques et de morts sont en hausse exponentielle.»

En 2016, le nord du Mali a ainsi subi plus de 385 attaques, soit une hausse de 92 % par rapport à 2015. Et non seulement la zone septentrionale, en principe «libérée» depuis quatre ans, reste une zone interdite, car périlleuse, mais l’insécurité tend à se rapprocher de la capitale en gangrenant le centre du pays. Dans ce vaste no man’s land, l’information est la première victime d’une guerre qui s’éternise. «Les communiqués de l’armée française évoquent des "terroristes morts ou capturés". Comme si c’était la même chose ! On est dans une situation de non-droit total, qui nous aliène de plus en plus les populations locales», s’indigne l’ex-diplomate. Le 18 janvier, un attentat, le plus grave depuis 2013, faisait 60 morts à Gao, là où l’armée française a installé sa plus grande base. Comme un démenti cinglant au discours optimiste de Hollande, trois jours auparavant, dans la capitale malienne.

Maria Malagardis
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