La France a annoncé dimanche la mort de son cinquième soldat depuis le début de son intervention armée au Mali. Sur le terrain, les jihadistes s’accrochent à la zone de Gao. Le décryptage de notre spécialiste en géopolitique.
Alors qu’une cinquième soldat est mort dimanche au Mali, un troisième front va s’ouvrir dans le pays, à l’Ouest de l’Adrar des Ifoghas, après le front de Gao plus au Sud.
En effet, le Mujao (Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique Occidentale) ne veut pas quitter la zone de Gao et s’accroche à la campagne avec d’autant plus d’ardeur qu’il est composé essentiellement de natifs de la région, et notamment des Toubous, ethnie non-apparentée aux Touaregs.
A Gao, l’armée française recherche les jihadistes, et jouit de l’aide de l’armée malienne, qui se bat pour peu qu’on l’arme correctement. L’armement des jihadistes surclasse, en effet, celui des militaires maliens, et les Français sont là pour faire la différence jusqu’à ce que les Maliens – rééquipés et réentraînés – puissent reprendre la situation en main sans l’aide permanente des Français.
Puis, dans la partie entre Gao et Tombouctou, les militaires nigériens tiennent la zone, sans avoir eu à se battre vraiment. A la très nette différence des 1.500 Tchadiens dans les Ifoghas qui frôlent la trentaine de morts, sous le commandement du fils du président tchadien.
Bataille des Ifoghas
Cette bataille des Ifoghas a réussi grâce aux Français qui ont secrètement parachuté des éléments à l’extrême nord de la zone, pour ensuite les introduire vers le sud à l’insu de l’ennemi.
Comme d’autres Français remontaient vers le Nord depuis Kidal, accompagnés en parallèle par les Tchadiens, en colonnes bien visibles, les jihadistes d’Aqmi qui faisaient face à la colonne se sont retrouvés surpris et compressés par les parachutistes venus du Nord. Après des affrontements sanglants depuis la mi-février, Aqmi, bien affaibli par des sérieuses pertes, semble en passe de quitter la zone.
Aqmi pousse vers l’ouest: le Massif de Timétrine
Le front se déplace désormais vers Timétrine. Timétrine encore un nom que l’on apprend à connaître. Car c’est vers là que se dirigent les yeux de l’État-major français, sans doute pour y débusquer les éléments d’Aqmi en repli depuis les Ifoghas. Les jihadistes ne peuvent que pousser en ce sens, car la frontière algérienne est gardée par 37.000 militaires algériens bien décidés à leur barrer la route.
Donc les prochains affrontements auront probablement lieu dans le Timétrine. Lorsque la chose sera réglée là, alors restera le cas du grand Nord de ce vaste Mali, appelé « Azawad » pour les miliciens du MNLA Mouvement national de libération de l’Azawad, les seuls non-jihadistes de cette rébellion du nord et également nommé État islamique du Nord-Mali par les jihadistes.
Au final, avec cette opération Serval, la stratégie française aura donc été de garder un pas de chasse. A tout instant. La France a, en quelque sorte, lancé Serval en mode « surge » comme diraient les Américains. Reste aux stratèges français de réussir ce « surge » franco-tchadien, pour l’inscrire dans l’histoire militaire de la lutte contre le jihadisme.