Le peuple français vient d’élire Emmanuel Macron à la magistrature suprême avec 66% des voix contre 34% à Marine Le Pen. Ce n’est qu’une demi-surprise dans la mesure où les partis de la droite et la gauche rejetant en bloc l’extrême droite, ont soutenu le premier alors même qu’il n’est pas certain que la majorité des Français soient prêts à installer une dame à l’Elysée. Macron, c’est surtout le choix du changement, de la jeunesse et du talent.
Arrivé en politique seulement en 2012 comme secrétaire général adjoint de l’Elysée, Emmanuel Macron est nommé ministre de l’économie, de l’industrie et du numérique en 2014. Il quitte le gouvernement au mois d’Août 2016, crée un mouvement politique dénommé « En marche » et se tient à l’affût devant la montée croissante de l’impopularité du président de la république. Sa déclaration de candidature mettra François Hollande dans un inconfort tel que celui-ci finit par renoncer à un second mandat. En effet, si l’on n’est pas certain de gagner une course, pourquoi prendre le risque de se retrouver sur la même ligne de départ que son ancien ministre, un homme à la fois neuf, jeune et brillant ?
Le choix de Macron qui ressemble à un véritable saut dans l’inconnu permet de faire trois constats :
– Cette élection consacre l’échec et le rejet des responsables politiques de la droite et de la gauche traditionnelles, notamment Nicholas Sarkozy et François Hollande ;
– Les 66% de voix obtenues par Macron se justifient davantage par le rejet de l’extrême droite que par une adhésion à la personne ou à la ligne de Macron ;
– Les 34% de voix obtenues par Marine Le Pen font du Front National (FN) la première ou tout au moins la seconde force politique de France.
Les résultats de l’élection présidentielle faisant du FN la seule force d’opposition et donc l’alternative au nouveau regroupement autour de Macron, les élections législatives de juin 2017 auront une importance toute particulière. En effet, certains soutiens actuels de Macron à droite comme à gauche, chercheront à n’en pas douter à contrarier les ambitions de l’extrême droite. Voilà qui promet une nouvelle forme de cohabitation politique qui, si elle ne permettait pas la constitution d’une majorité nette à droite ou à gauche, pourrait bien faire l’affaire de Macron dont la marge de manœuvre s’en trouverait agrandie.
Il faut souhaiter que le nouveau président français dont l’ascension politique a été fulgurante et qui semble avoir tout réussi dans sa vie, continue sur sa trajectoire de succès, non seulement pour le rayonnement de la France, mais aussi pour que se tissent de meilleures relations avec l’Afrique et les Africains. Jamais un président français n’a été élu avec autant de confort, tout en présentant autant de signes de fragilité.
Mahamadou CAMARA
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