Le réseau d’Ong d’appui au processus électoral au Mali (Réseau-APEM) n’est pas certain de la volonté des autorités de Transition d’organiser des élections régulières en juillet prochain. Le réseau critique à ce propos ce qu’il appelle la « conspiration silencieuse des acteurs étatiques et politiques ». C’est pour signifier ses convictions que le réseau a tenu une conférence de presse samedi à son siège. Dans une déclaration liminaire, son président a souligné la nécessité pour notre pays de se doter d’institutions légitimes à travers l’organisation d’élections transparentes et crédibles. Le réseau APEM soupçonne une certaine volonté de prolonger les dates de la transition jusqu’en 2014. Ibrahima Sangho met en garde contre les risques d’affaissement de l’autorité de l’Etat, l’instabilité et les éventuels troubles qui en découleraient. C’est pourquoi le réseau s’élève contre ce qu’il considère comme le peu d’empressement des pouvoirs publics à se mettre en branle pour l’organisation des élections.
Le réseau APEM qui a près de 20 ans d’expérience, estime que notre processus électoral a des faiblesses. Il connaît des menaces et risques majeurs, mais possède aussi quelques forces sur lesquelles s’appuyer.
Dans le domaine des faiblesses, le réseau pointe avant tout l’absence d’un chronogramme édicté par le ministère de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Cette lacune étaye ses doutes sur la réelle volonté d’organiser les élections en juillet. Le fichier Nina n’est pas été finalisé à ce jour, souligne l’APEM en notant que la loi électorale doit être relue compte tenu du contexte nouveau et que les conditions du vote des déplacés et des réfugiés doivent être définies. Le réseau décèle une faiblesse des partis politiques dans leur capacité à jouer pleinement leur rôle. Une faiblesse qui se retrouve également du côté des organisations de la société civile.
Si la transition devait être prolongée, avertit le réseau, le risque de troubles augmenterait et le non-respect de la Constitution créerait un vide. Il faudra alors craindre une mise au ban de notre pays par la Communauté internationale avec toutes ses conséquences.
Ces difficultés et menaces ne doivent pas faire oublier que notre processus électoral a des atouts. Au nombre de ceux-ci, il y a des dispositions constitutionnelles claires pour ce qui est notamment des mandats électifs du président de la République et des députés. Autre avantage : le choix définitif du fichier électoral issu du recensement administratif à vocation d’Etat civil (RAVEC).
Notre pays a régulièrement tenu les élections depuis 1992. Il a donc l’expérience de l’organisation matérielle des scrutins. Depuis le début du processus actuel, il n’y a pas eu de contestations majeures et l’on peut compter sur un appui de la Communauté internationale. Enfin il faut dire enfin qu’il existe une expertise avérée de certaines organisations de la société civile.
Le réseau APEM recommande par conséquent aux autorités d’élaborer un chronogramme, de respecter les dates de la transition, de s’en tenir aux dispositions constitutionnelles et de consolider le cadre de discussion entre le département et les partis politiques. Il suggère de relire la loi électorale, d’impliquer un peu plus la société civile et d’impliquer les observateurs. Les dernières recommandations sont relatives à la formation des agents électoraux et délégués des partis politiques et la formation, le suivi et l’appui des femmes candidates.