La célébration du 24ème anniversaire du quotidien » Les Echos » a été marquée, le samedi 16 mars 2013, par une table-ronde sur le thème : « Quel Mali après les élections de juillet 2013 ? ». Cette rencontre, qui s’est déroulée en présence du représentant du président Younoussi Touré de l’Assemblée nationale, l’ancien ministre Salikou Sanogo, a été animée par des acteurs politiques comme Tiébilé Dramé du Parena, Mme Konté Fatoumata Doumbia de l’Adéma, Bréhima Kaména du CNID et des personnalités de la société civile comme Sékou Diarra de CAD-Mali. Son modérateur était Dr Naffet Kéita.
Après le directeur de la coopérative culturelle Jamana, Amidou Konaté qui a planté le décor, c’est le leader du Parena, Tiébilé Dramé qui a pris la parole pour faire son exposé. » Au vu du tremblement de terre que nous avons connu en 2012 (rébellion, effondrement de l’armée, coup d’Etat, effondrement de l’État, occupation des 3/4 du territoire national), le prochain président de la République, quel qu’il soit, doit se concevoir et doit être perçu comme un président de transition qui doit inaugurer un quinquennat de réformes après avoir tiré les leçons, toutes les leçons des crises que le Mali a connues « , a-t-il déclaré.
Pour le président du parti du bélier blanc, il est plus que souhaitable que les élections se tiennent le plus rapidement possible afin de permettre au pays de tourner la page du coup d’Etat du 22 mars 2012.
En effet, le contexte mi-coup d’Etat, mi-ordre constitutionnel ne favorise en rien le retour à un Etat normal. C’est pourquoi les partenaires du Mali, dont les USA, la France et les autres pays de l’UE tiennent à la tenue rapide des élections pour permettre au nouveau président élu de mettre sa légitimité à profit pour mener des réformes d’envergure.
Il s’agit de faire la paix au Nord en scellant un nouveau pacte national de paix et de réconciliation qui devra être adopté, selon le conférencier, par des assisses nationales après la tenue de rencontres inter-communautaires et l’organisation d’un congrès pour la paix et l’unité auquel participeront les représentants de toutes les communautés du Nord et ceux des groupes armés maliens qui accepteront de renoncer à la violence et réaffirmeront leur adhésion aux principes d’un Mali un et indivisible, démocratique et républicain. Redonner un nouveau souffle à la décentralisation par l’élection des gouverneurs de région et un transfert effectif de ressources et de compétences. Ce nouveau pacte consacrera la commune volonté de vivre ensemble et de maintenir ensemble notre vieux pays dans le respect de toutes ses communautés. « Il y a urgence à engager un processus politique car ni Serval ni la MISMA ni la future opération de stabilisation de l’ONU ne suffiront à restaurer une paix durable au Nord « , a souligné Tiébilé Dramé.
Refonder les forces de défense et de sécurité
Il sera aussi question de « refonder une nouvelle armée nationale professionnelle, républicaine, bien formée, bien équipée et dont les membres observeront scrupuleusement le principe républicain de soumission du militaire au pouvoir politique civil « . S’y ajoutent la professionnalisation de la police, la gendarmerie et des services de sécurité afin de les adapter aux exigences des temps modernes.
« De mon point de vue, le prochain quinquennat sera un quinquennat de Transition, de réformes qui mobiliseront la Nation tout entière déterminée à tourner la page de l’année horribilis 2012.
Pour qu’il y ait un nouveau président et un nouveau quinquennat de réformes tant souhaitées, il faut qu’il y ait des élections. Or à 112 jours de la date annoncée pour le 1er tour il y a plus de questions que de certitudes sur la tenue du scrutin, le 7 juillet 2013 « , a-t-il ajouté.
Le vote aura lieu sur la base de quel fichier électoral? Où voteront les réfugiés et les déplacés internes? Dans leurs résidences originelles ou sur les sites actuels? Quid de l’Administration? Quand sera-t-elle déployée dans les régions libérées? Existe t- il un dialogue avec la classe politique sur ces questions?
Cohabitation coup d’Etat-Constitution
Pour le conférencier, la caractéristique principale de la transition actuelle est la cohabitation entre la Constitution et le coup d’Etat. En observant les événements des dernières semaines, on ne peut que faire le constat que le coup d’Etat, loin d’être r?sorbé est en train de prendre le dessus sur la Constitution. Cette réalité, source de confusion et d’immobilisme, entrave l’action des pouvoirs publics ternit considérablement l’image du pays au moment où nous sommes l’objet d’une attention internationale accrue.
« Les interpellations des parlementaires, des hommes et des femmes politiques, la détention illégale du journaliste Boukari Daou ont fait de la Sécurité d’Etat un immense commissariat de police politique détourné des missions fondamentales d’un service qui doit plutôt veiller sur la sécurité du pays « , a-t-il souligné.
Les autres conférenciers, Mme Konté Fatoumata Doumbia, Bréhima Kamena, Sékou Diarra ont présenté à l’assistance leur analyse sur ce que doit être le Mali d’après -juillet 2013.