Le président du Parti pour la renaissance nationale (Parena), Tiébilé Dramé, ancien ministre du Mali a animé, le samedi 13 mai 2017 à l’espace culturel Fan-Fan les Hirondelles de Kita, une conférence sur « les enjeux du développement de la région de Kayes ». Dans son exposé, Tiébilé Dramé a fait savoir que la région de Kayes détient le record malien des morts en Méditerranée et des prisonniers en Libye. «Depuis le début de l'année 2017, plus d'un millier de clandestins ont disparu en cherchant à rejoindre l'Europe », a-t-il dit.
Aux dires du conférencier, malgré d'importantes ressources naturelles et humaines, la région de Kayes reste sous-développée et sous industrialisée. Depuis belle lurette, les activités du chemin de fer au Mali sont aux arrêts, face à cette situation chaotique, le président du Parena a fait appel à la sagesse des pouvoirs publics pour la réouverture du trafic voyageur et pour la réhabilitation du rail. Cette conférence a regroupé une foule nombreuse dont les militants et sympathisants du parti du Bélier blanc.
C’est aux environs de 10 heures que la délégation conduite par le président du Parena, Tiébilé Dramé a été triomphalement accueillie à l’entrée de la ville de Kita. Parmi les membres de la délégation, on notait la présence des responsables du parti comme Me Amidou Diabaté, Mamadou Maïga, Amadine Dicko, Mamadou Sidibé, Ibrahima Diakité dit Métiou et bien d’autres. Un bain de foule a accompagné la délégation jusqu’à la salle de conférence pleine à craquer.
Après l’exécution de l’hymne du parti, le vice-président de la section Parena de Kita, Moustapha Siby a souhaité la bienvenue à la délégation. Il s’est réjouit de cette visite de Tiébilé Dramé qui permettra d’agrandir le parti dans le cercle de Kita. A sa suite, le représentant du chef de village, Paul Keïta, tout comme le chef des griots de Kita, Mafodé Diabaté ont souhaité la bienvenue à la délégation. La représentante de la majorité présidentielle, Kadia Cissé du Rpm et celui de l’opposition, Mamadou Sangaré de l’URD ont tous apprécié cette conférence sur les enjeux du développement de la région de Kayes.
Devant un public acquis à sa cause, le conférencier Tiébilé Dramé a fait un long exposé sur la thématique. Selon lui, la région d Kayes détient le record malien des morts en Méditerranée et des prisonniers en Libye. « Au moins 300 ressortissants du cercle de Bafoulabé sont morts en mer pendant les sept premiers mois de 2016. En 2014, ce sont 70 jeunes de Sélinkégny et environs (Bafoulabé) qui sont morts aux larges de la Libye dans le naufrage de leur embarcation. Plus de 5000 migrants irréguliers ont péri en 2016 en tentant de traverser la Méditerranée. Depuis le début de l'année, plus d'un millier de clandestins ont disparu en cherchant à rejoindre l'Europe. Parmi eux de nombreux jeunes de la région de Kayes », a-t-il dit.
A cet effet, il a invité le Gouvernement à ériger un monument à Kayes dédié à nos jeunes morts en mer en tentant d'émigrer en Europe. « Nous ne devons pas être des spectateurs impuissants de ces hécatombes dont les jeunes de nos contrées sont victimes. Nous devons nous mobiliser pour décourager les départs, pour arrêter l'émigration clandestine.
C'est la responsabilité des familles, des chefs coutumiers, des leaders d'opinion, des sociétés civiles, des politiques, des élus, des autorités locales, régionales et nationales, et de la diaspora d'agir dans un mouvement d'ensemble pour mettre fin à la tragédie. C'est notre responsabilité de conjuguer nos efforts pour mettre en valeur les riches potentialités de la région afin de combattre la pauvreté et fixer la jeunesse de la région qui ne sera plus tentée de partir pour vivre mieux », a déclaré Tiébilé Dramé.
A l’en croire, la région regorge d'importantes ressources naturelles: à commencer par l'eau: six fleuves et deux grands lacs: le Baoulé, le Bakoye, le Bafing, le Sénégal, la Kolembinné, la Falenmé, les lacs Magui et Doro. Elle regorge de ressources colossales du sous-sol, notamment l'or, le diamant, le fer, la bauxite, le calcaire et les carrières. Le cheptel y est abondant. De vastes plaines sont propices à l'agriculture. S'y ajoute une diaspora dynamique et entreprenante profondément attachée au terroir et à la mère patrie. Selon Tiébilé Dramé, en 2015, les Maliens de l'extérieur ont transféré au pays au moins 460 milliards 238 millions de FCFA dont 132 milliards de la zone UEMOA et 187 milliards 329 millions de la zone Euro.
« Bien qu'étant considérée comme le premier partenaire financier de la région de Kayes avant l'État et la coopération bilatérale et internationale, l'action de la diaspora sera limitée et insuffisante si le Gouvernement, la coopération décentralisée et les partenaires techniques et financiers n'intensifient pas les efforts pour étendre et renforcer les infrastructures, l'électrification, les nouvelles technologies. C'est à cette condition que l'épargne de la diaspora puisse servir la région », a-t-il dit. A ses dires, une demi-douzaine de mines d'or sont exploitées par des compagnies minières internationales dans les cercles de Kayes et de Kéniéba. « Malgré d'importantes ressources naturelles et humaines, la région de Kayes reste sous-développée et sous industrialisée. Une vingtaine de manufactures constituent le parc industriel de la région. Près d'un million d'habitants sur les 2 millions 604 mille que compte la région vivent en dessous du seuil de pauvreté.
La plupart des routes réalisées pendant les 20 dernières années dans le cadre du désenclavement intérieur et extérieur sont dégradées. Elles doivent être réhabilitées au plus tôt. Plusieurs autres routes doivent être construites. Kita-Diéma, Yélimané-Nioro, Sandaré-Nioro, Nara-Nioro. Construire un pont à Bafoulabé et un pont sur la Falémé. Transformer Dag-Dag en un aéroport international sous - régional que pourront utiliser les habitants de Bakel, Tambacounda, Selibaby », a souhaité le leader du Parena. Comme perspective en matière de développement de la région de Kayes, le conférencier a souhaité la protection de l'environnement, l'assainissement des villages et des villes, la promotion des énergies propres et la promotion de l'intégration régionale.
S’agissant de la gouvernance, il a fait savoir qu’une bonne gestion des ressources allouées au développement s'impose à tous les échelons: la commune, le cercle et la région. Comme elle s'impose au plan national. « La région doit s'engager à renforcer le dialogue démocratique et les espaces de liberté. L'évaluation de la politique de décentralisation et de la coopération décentralisée aiderait à mieux aborder le tournant de la régionalisation. L’évaluation des actions issues de la Table Ronde organisée à Kayes en 1997 permettrait de dégager de nouvelles perspectives », a-t-il dit. Le président du Parena a souligné que le développement de la région nécessite la mobilisation des Kayesiens de l'intérieur et de l'extérieur. Par ailleurs, dit-il, il faut rendre opérationnelles et effectives les nouvelles régions de Kita et de Nioro.
Tiébilé Dramé invite les décideurs à la réouverture du trafic voyageur
Au cours des débats, les intervenants se sont beaucoup appesantis sur la construction des nouvelles routes dans la région de Kayes, la création des usines et surtout le redémarrage des activités du chemin de fer qui est aux arrêts depuis belle lurette. Selon Abdoul Kouyaté, ressortissant de Kita, il y a trois usines à Kita qui n’on rien servi. Il a souhaité à ce que Cepama redevient Huicoma. « Nous sommes également confrontés aux problèmes de route notamment celle de Kita-Dièma et Kita-Bafoulabé qui a d’ailleurs été totalement financée », a-t-il dit.
Quant à Amadou Kamissoko du même cercle, il a cité certains facteurs comme la route, l’école, la santé, l’usine, qui, selon lui, sont indéniables pour le développement de Kayes. Kadia Cissé, conseillère à la mairie de Kita a non seulement souhaité la reprise des activités du chemin de fer mais aussi le lancement des projets de développement de la région de Kayes.
Lors de ses témoignages, Me Amidou Diabaté du Parena a invité les uns et les autres à se lever pour le développement de la région. Dans ses éléments de réponse, le conférencier Tiébilé Dramé a fait savoir que des dispositions doivent être prises pour la reprise du trafic sur les rails. « Pour que cette reprise des activités du chemin de fer soit effective, il faudra associer les riverains des chemins de fer. Ceux qui vivent dans les villes et villages discutent avec le chemin de fer Dakar-Bamako, avec les autorités compétentes du Mali.
Il faut au moins reprendre le trafic voyageur pour que les populations puissent circuler facilement et librement. A long terme, il va falloir songer à la réhabilitation du chemin de fer ne serait ce que de Bamako jusqu’à la frontière malienne. Il n’y a pas de raison que dans le cadre de dialogue avec les autorités sénégalaises, avec les syndicats des chemins de fer au Sénégal, que les nôtres, nos autorités et syndicats ne trouvent pas un modus vivendi qui pourrait permettre de reprendre l’activité ferroviaire au Mali. Je crois que ça serait de la sagesse de la part de nos pouvoirs publics de songer très sérieusement à la réhabilitation du rail », a conclu Tiébilé Dramé. A la fin des travaux, la délégation a rendu une visite de courtoisie aux notabilités.