Dans un entretien accordé à nos confrères de JA, l’ex-rebelle et surtout président des autorités intérimaires de la région de Kidal, Hassan Ag Fagaga, accuse littéralement le gouvernement d’être à l’origine du blocage de l’application de l’accord de paix signé il y a deux ans, jour pour jour. Morceaux choisis !
L’accord pour la paix et la réconciliation issu du Processus d’Alger a été signé le 15 mai 2015. Deux ans après sa signature, la paix et la réconciliation nationale demeurent des chimères. Et la ville de Kidal est toujours hors du giron national. Et pour l’ancien ex-rebelle et surtout président des autorités intérimaires de la région de Kidal, Hassan Ag Fagaga, toute la faute est celle du gouvernement. Il justifie le non fonctionnellement de sa structure « d’abord, parce que nous n’avons pas encore fait la passation de service avec l’ancien bureau. Le gouvernement n’a envoyé ni le gouverneur ni le ministre de la Décentralisation pour que cela se fasse. C’est un blocage qui vient du gouvernement malien comme c’est le cas avec beaucoup d’autres structures prévues par l’accord de paix ». Il renchérit que « le problème vient du gouvernement malien qui ne veut pas revenir à Kidal selon la voie tracée par l’accord de paix et qui brûle les étapes. C’est pour cela qu’aujourd’hui toutes les structures instituées par l’accord de paix ne sont encore que des coquilles vides. La médiation internationale doit faire en sorte que toutes les parties signataires repartent rapidement vers l’application concrète de l’accord avant que la situation sécuritaire n’échappe à tout le monde ».
Evoquant le vol des véhicules du Moc par des ex-rebelles de la CMA, Hassan Ag Fagaga, explique qu’ « on s’est rendu compte que ces vols sont le fait de soldats de la CMA en complicité avec ceux de la Plate-forme. Les soldats voleurs se dirigent vers les zones contrôlées par la Plate-forme, car c’est là qu’ils ont des facilités pour se cacher. Et c’est aussi là qu’en général les véhicule volés disparaissent ou sont récupérés ».
Justifiant ces incidents, l’ex-rebelle critique les forces onusiennes et françaises. « Vous savez, Barkhane et la Minusma pensaient qu’il fallait mettre les combattants ensemble pour les former militairement afin de faire des patrouilles, mais je leur avais dit qu’il fallait aussi établir un programme d’éducation morale pour que ces jeunes changent de mentalité. Ils doivent savoir que les choses ont changé. Cela va prendre plus de temps certes, mais c’est nécessaire pour qu’ils puissent comprendre leur mission », déclare-t-il.
Il finit par faire une mise en garde. « On voit que les mouvements non signataires de l’accord de paix se sont mieux restructurés et ils multiplient les attaques. C’est une nouveauté. La situation sécuritaire demande une véritable union entre les parties signataires de l’accord de paix. Si les forces armées ne s’unissent pas pour sécuriser le pays, il risque d’y avoir des zones tampons au centre mais aussi au nord du pays, contrôlées par les jihadistes, et dont le but est d’empêcher la circulation de personnes entre deux zones du même pays », prévient-il.