Ce chiffre a été donné par Mme Dembélé Bintou Keita, directrice d’Arcad-Sida à la faveur d’une conférence-débats sur la problématique de la prise en charge pédiatrique de l’infection à VIH au Mali. C’était le vendredi 12 mai dernier à l’hôtel Columbus en présence de Dr Diallo Anta Keita, une autre responsable d’Arcad-Sida.
Selon Mme Dembélé Bintou Keita, la prise en charge pédiatrique de l’infection à VIH constitue un défi majeur au Mali. Et l’insuffisance de couverture des services de prévention pour les femmes enceintes vivant avec le VIH constitue un des facteurs les plus déterminants dans la transmission mère-enfant de l’infection.
« Selon le rapport mondial de l’ONUSIDA sur le VIH, on estime à 260.000 les nouvelles infections chez les enfants et 210.000 cas de décès », a-t-elle révélé. Avant de poursuivre qu’au Mali, le taux de mortalité infantile est passé de 113 pour 1000 en 2001 à 96 pour 1000 en 2006 et à 58 pour 1000 en 2012. D’après elle, sur 15543 enfants infectés, 2359 sont sous traitement. Ce qui laisse 13184 enfants non pris en charge dans un besoin de traitement au Mali.
« La moitié des enfants infectés par le VIH meurent avant deux ans », a affirmé la directrice d’Arcad-Sida. Qui dira plus loin qu’au-delà des avancées notables dans la Prévention de la Transmission Mère-Enfant (PTME) et la prise en charge pédiatrique au Mali, il existe des problèmes qui entravent l’atteinte des objectifs fixés par le pays à savoir l’accès universel au traitement.
Il s’agit entre autres du faible taux de dépistage chez les femmes en Consultation Prénatale, les difficultés dans l’acheminement des échantillons de DBS des régions vers l’INRSP (Institut National de Recherche en Santé Publique) et des résultats vers les sites (problème de coordination et de réseautage entre les différents intervenants), la faible implication communautaire, notamment l’accompagnement du conjoint pour le suivi de la grossesse, de l’accouchement et de l’enfant. S’y ajoutent la question de la malnutrition qui reste fortement liée au décès chez les enfants infectés, la stigmatisation et la discrimination qui constituent un frein énorme dans l’accès et l’utilisation continue et correcte des services par les populations.
S’agissant de la politique en la matière, Mme Dembélé Bintou Keita propose de mettre en place des politiques pour que les enfants exposés ou infectés par le VIH bénéficient de mesures de prévention et de traitement, d’impliquer les politiques dans la prise en charge pédiatrique afin de contribuer de manière adaptée à éviter les conséquences à long terme.
Mais aussi, d’obtenir l’accès au traitement le plus efficace pour les enfants infectés et affectés, de favoriser une prise en charge pédiatrique où l’enfant a tout son droit à la santé, d’alimenter les infectés suivis par les sites et de faciliter l’acheminement des échantillons de DBS des régions vers l’INRSP et des résultats vers les sites, etc.
Fily Sissoko